Spawn, le romantisme à l’état noir

➤ Une œuvre graphique sulfureuse, un univers au romantisme absolu, sans commune mesure, sans, noire, concession, et si Spawn, était ce bijou.

How indeed

◒Depuis ses formes, bande dessinée et série télévisée, la création de Todd Mc Farlane est à redécouvrir.

Nous nous arrêterons, ici, après un visionnage à chaud, sur la série d’animation sortie en 1997.

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▔Un jour de caprice, ce dernier de février, idéal pour se replonger dans le macrocosme Spawn…

△Après un visionnage, distancé d’un autre en 1997, je redécouvre, sur fond de grand écart, cette série, non sans étonnement!

Four hundred years…

▾On se laisse conter cette figure aux allures vampiriques, séduire par ses méthodes narratives, Spawn, des années plus tard, reste un modèle du genre.

◌Comment avais-je pu oublier cette ambiance… Toutefois l’immersion à Rat City, avec Al Simmons, Wanda, le Clown, Terry, Malebolgia, Cogliostro, se révèle être un impondérable!

• Spawn était autrefois Al Simmons, un soldat et un assassin du gouvernement des États-Unis. À sa mort, il a signé un pacte avec un des maîtres de l’Enfer nommé Malebolgia. Pour pouvoir revoir son épouse Wanda, il a accepté de devenir un Hellspawn – un commandant de l’armée infernal.

Earth is the Battlefield, Human souls, the price

❐Spawn intronise, grâce à des plans d’une grande inventivité, des symboles cinématographiques empruntés aux films noirs, comme la cigarette, les armes à feu, le briquet, la nuit.

Just find out, then, make the right choice

▻Enfer et Paradis, la lutte entre bien et mal que l’on pourrait penser révolue, éculée, on ne peut, cependant, omettre la subtilité et la dilatation narrative qui confèrent à Spawn, le statut d’œuvre baroque.

▾L’instinct, le passé, la surveillance, les meurtres, la guerre…Avec ses plans magnifiques, ses cadrages incroyables, son travail sur les ombres, Spawn c’est l’apogée du romantisme graphique.

Ici, à l’instar de l’histoire, tout est affaire de passage.

You see violence, you act

▵Un travail d’ensemble impressionnant, une réussite stylistique, une personnalité profondément ancrée dans toutes les références cinématographiques et picturales…Cette quête existentielle à la théâtralité sublime s’éprouve telle la lecture d’un mythe.

▵Éblouie par cette mélancolie visuelle, on ne se lasse pas de cette maîtrise du mouvement.

Spawn, c’est une œuvre chorale expressionniste.

►Vous pouvez emprunter le chemin de la saison une, attention pour publics avertis!

◔ Spawn déploie une succession de tableaux mystérieux qui apporte une certaine densité à la trame narrative.

▴Ses enchainements de séquences, d’une grande intelligence émotionnelle, nous emportent au coeur d’un voyage limbique.

▿Les Ombres, ténèbres et toute les déclinaisons symboliques sont produites avec efficacité et raffinement.

▕Ces personnages (interprétation et dialogues) participent à la préservation d’un espace clôt.

Tout semble faire corps autour de Spawn.

░La violence déferle, l’esthétisation de cette dernière pourrait être condamnée mais la multiplicité des propositions graphiques s’avancent avec, suffisamment, d’ingéniosité pour ne pas nous laisser dubitatif.

❏Œuvre hypnotique dont le souvenir m’avait profondément marquée, Spawn, propose, également, une critique très vive de l’Amérique, ses freaks, parias, sa politique, son rapport obsessionnel aux armes…

My boss is yours

▔C’est aussi le portrait cauchemardesque d’une ville, New York, dont la noirceur outrancière est gangrénée par la mafia.

⊿Les références immédiates qui me sont venues à l’esprit trouvent leur origine dans cette logique du mouvement et de la métamorphose à l’instar de Frankenstein.

⊙L’omniprésence du rouge électrique, sanglant et figure de style présente dans un fameux générique, celui de Vertigo d’Hitchcock, citée, ici, avec, en prime, un œil.

▾La symbolique du sang qui devient inscription et se fait cape nous renvoie à Dracula, à travers la relecture baroque à l’extrême de Coppola (1992)

▾Les « bad guys »/ Vilains – aux allures très soignées m’ont fait penser à ceux de Don Bluth, au même titre que la sophistication stylistique, toute en broderie, du personnage de Spawn.

▾Le conte populaire de Faust avec cette idée du pacte.- Spawn est un homme mort revenu à la vie par la puissance des forces infernales.

▾La question de la rédemption et le personnage du mage/ du guide invite à nous interroger sur la notion de rébellion de Spawn : »La rébellion sera ainsi toujours châtiée » (Henri IV Shakespeare)

▾L’architecture gothique des Églises, les sculptures notamment les gargouilles animales instruisent la mythification du personnage.

▾L’histoire légendaire de Spawn n’est pas sans nous rappeler les Goblins et les peuples malfaisants. Spawn est un guerrier démoniaque.

▾Autre point de repère essentiel en raison de l’importance des zones sombres (ombres) quasi bifides comme celles soulignées dans le Cabinet du docteur Caligari (Robert Wiene 1920).

▾De plus, l’expressionnisme est cité avec l’omniprésence de la nuit. Ses jeux d’ombres et lumières peuvent nous amener vers un travail d’estampe aux fortes compositions iconographiques tel que celui de Lynd Ward (God’s Man 1929)

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Isabelle Pompe L, Retour suite au visionnage Spawn saison 1, 28 février 2021.