Wormwood, autopsies d’un meurtre

Wormwood, si vous prenez la lecture en route, est un film documentaire d’un nouveau genre.

TITRES DES CHAPITRES

  1. Suicide élucidé
  2. Une terrible erreur
  3. Seuil critique
  4. L’ouverture du cercueil
  5. Des hommes honorables
  6. Souviens-toi de moi

Errol Morris signe le portrait d’un fils en quête de vérité quant à la disparition dans des circonstances, pour le moins particulières, de son père alors agent de la CIA.

•J’ai décomposé, mon approche de Wormwood, pluri portraits d’une durée globale de 4h 30 séquencé en chapitre, en trois articles.

•La restitution, avec respect, de cette forme nouvelle qui même fiction et archives, témoignages présent et d’hier, est un exercice complexe, toutefois cette trame est un exemple narratif.

★Le 1er article, au sein duquel j’ai tenté d’établir un schéma de lecture, est à recevoir comme une carte restitutrice des périodes, personnages, années, contextes: Wormwood-un-documentaire-du-21-eme-siecle

▵Je reprendrai, pour ce 2ème article, « les règles du jeu« , à savoir, les personnages, les lieux, les années ainsi que les actions/rapports.

▵Nous diviserons la narration en deux points, d’un côté, le documentaire témoignage (aujourd’hui) et de l’autre, l’histoire passée – à partir d’archives et appuyée par le récit fictionnel.

DOCUMENTAIRE TÉMOIGNAGE

➤Narrateur : Eric Olson (fils de Frank Olson)/ 1972: étudiant en 3ème cycle à Harvard, en 1976: il publie une thèse sur le collage.

➺Avocats : David Rudowski & David Kayris

Philosophe : Richard Boothby

➼Interviewer : Errol Morris

HISTOIRE PASSÉE (Archives – fiction)

Famille Olson: Alice (mère), Nils (frère) et Lisa (sœur)

Frank Olson

  1. Personnage principal,
  2. Biochimiste, à l’origine chercheur dans un laboratoire puis se tourne vers la guerre bactériologique et la mort.
  3. C’est la victime.
  4. Cause de sa mort: Chute ? Suicide ? Assassinat ?  

Vincent Ruwet

  • Patron et ami de Frank Olson
  • Directeur des opérations spéciales
  • Remplaçant de Frank Olson sur ce poste
  • Il est militaire :Colonel

Robert Lashbrook

  1. Chimiste qui faisait la liaison entre la CIA et Fort Detrick, c’est l’assistant de Gottlieb
  2. Garde qui garantit les détails de sécurité
  3. Personnage clé, la seule personne à être là lorsque meurt Frank Olson

Sidney Gottlieb

  1. Homme de l’ombre « auréolé de mystère »
  2. Il serait impliqué dans l’assassinat de Patrice Lumumba [un homme d’État congolais, premier Premier ministre de la République démocratique du Congo (République du Congo de 1960 à 1964) de juin à septembre 1960].
  3. Impliqué, également, dans les tentatives d’assassinat contre Castro
  4. Et, peut-être, celui de Frank Olson.  

Docteur Harold Abramson (allergologue) N.Y – Il a travaillé pour la CIA, notamment, au sujet de l’usage des drogues.

William Colby (directeur de la CIA)

Mitch Rogovin (avocat de Colby)

Seymour Hersh – journaliste d’investigation/ Washington Post – Spécialisé dans les affaires militaires et les services secrets (N.Y Times – New Yorker). Il est le journaliste qui a révélé le massacre de Mỹ Lai (crime de guerre américain durant la guerre du Vietnam, qui a fait entre 347 et 504 morts civils le 16 mars 1968).

Gerald Ford – Président des États-Unis du 9 août 1974 au 20 janvier 1977

Armond Pastore : Responsable de nuit de l’hôtel Statler à N.Y

*James (Jim) Staars: Ami des Olson, professeur de droit par le passé, qui travaille, ensuite, pour la police scientifique spécialisé dans l’exhumation des corps et dans la résolution de crimes historiques.

*Harry Huge (avocat bureau de Washington), Stephen Saracco ( Nouveau procureur adjoint) et Bibb – 1996, ils sont concernés par la réouverture de l’enquête classée Frank Olson- au pénal.

  • Richard Helms : ancien directeur de la CIA de 1966 à 1973.

Les LIEUX

Frederick (se situe dans l’État du Maryland)

  • Maison de la famille Olson.
  • Cinéma TIVOLI (projection d’un biopic sur Martin Luther)

FORT Detrick, US Army

  1. Centre médical militaire américain du United States Army Medical Command situé au nord de la ville de Frederick au Maryland. Historiquement, c’était une base du programme d’armes biologiques américains jusqu’en 1969.
  2. Six cent personnes de la recherche (civils comme militaires) y ont travaillé.

Deep Creek Lake

  1. Réunion
  2. Expérience

CIA – QG

  • Elle a son quartier général, depuis 1961, sur le site de Langley, dans la ville de McLean en Virginie, aux États-Unis, à environ 40 kms de Washington.

Washington D.C

  • La Maison-Blanche (résidence officielle et le bureau du président des États-Unis. Elle se situe au 1600, Pennsylvanie Avenue NW à Washington D.C.)
  • Bureau Ovale du président (Ford)

New York City (1953 et 1984)

  • Hotel Statler, sur la 7ème avenue, chambre 1018 A, 13 ème étage et Hall de l’hôtel.
  • La chambre apparait en 1953 et 1984 (location d’Eric Olson)
  • Majestic (spectacle Me & Juliet)

Les ANNÉES

  • 1953: Contexte de l’expérience, de surveillance et de disparition de Frank Olson
  • 1975: Révélation dans la presse de l’affaire du suicide élucidé, (rapport Rockfeller), la famille veut intenter un procès, excuses de La Maison Blanche, mise à disposition de documents officiels sans trame narrative cohérente, la famille se replie sur le Congrès…
  • 1976: La famille Olson se voit attribuée une somme suite aux auditions du Congrès de 750 000 dollars alors qu’il était convenu, entre les parties, qu’ils perçoivent la somme de 1, 25 millions de dollars. 
  • 1978: La soeur d’Eric, Lisa enceinte, meurt, avec son mari et son fils dans un accident d’avion.
  • 1984: Visite avec la mère et les deux fils Olson à Armond Pastore, Robert Lashbrook, Vincent Ruwet, Sy Hersh, Sidney Gottlieb et location de la chambre 1018 A par Eric Olson.
  • 1993: Date de la disparition d’Alice Oslon (femme de la victime et mère du narrateur principal)*
  • 2 juin 1994: Exhumation du corps et 1ère autopsie depuis 1953 de Frank Olson. *
  • 28 novembre 1994: déclaration de Jim Staars suite à l’autopsie de F. Olson, celui-ci ayant été poussé.*
  • 1996: Réouverture de l’affaire classée F. Olson. *
  • 27 Avril 1996: Décès « accidentel » de William Colby (ancien directeur de la CIA, concerné par l’affaire Olson, notamment la réouverture de son procès au pénal la même année. la thèse du suicide a été avancée).*
  • 1997: Le manuel d’assassinat de la CIA est déclassifié. *

Les Rapports, opérations, projets & Techniques

  • Rapport Rockfeller ( 299 pages, activités illégales CIA, espionnage de civils américains, écoutes illégales, courriers interceptés, expériences LSD sur des personnes sans leur accord) 
  • Opération Chaos
  • Guerre de Corée- 1950/53  (mise en doute d’aveux de militaires (pilotes) américains- par un lavage de cerveau et modelage idéologique -qui ont témoigné avoir utilisé des armes chimiques en Corée, avoir largué des bombes bactériologiques. )
  • MK- Ultra (LSD)
  • Projet Phoenix (20000 civils vietnamiens tués)

NB/ Les nouveaux éléments sont associés à * ( les deux chapitres qui suivent la période temporelle de 1993 à 1997, avec des allers et retours fictionnels situé en 1953)

-Chapitre III, Le seuil interdit

◤Scène d’ouverture identique à la scène finale du chapitre précédent.  » Nuit, chambre d’hôtel 1018A, hôtel Statler, N.Y, le colonel Ruwet vient de se faire réveiller par l’hôtel, il s’habille »- prend son manteau et quitte la chambre.

///La phrase finale de Ruwet: « Il semble qu’il y ait un problème« .

Il se place dans le couloir, attend, son collège, Lashbrook, sort de sa chambre.

Ils prennent l’ascenseur:

« il faut régler ça, il peut être n’importe où. « 

C’est par la fiction que nous entrons dans le récit, tout en gardant à l’esprit que celle-ci peut avoir une longueur d’avance sur le sujet lui-même:

Que s’est-il passé dans cette chambre 1018 A dans la nuit du 28 novembre 1953?

C’est la 1ère fois que nous reprenons là où nous sommes restés, manière circulaire et habile de nous inviter à comprendre que c’est de cette chambre dont il sera question. Le seuil interdit du titre renvoyant à ce franchissement de porte.

Entre en scène le générique vortex en noir et blanc, signature du passage d’un chapitre à un autre.

Étonnement, Lashbrook et Ruwet retrouvent Frank Olson, très rapidement, dans le hall de l’hôtel Statler. Ce dernier est vêtu pour aller dehors, avec son chapeau: « Je n’arrivais pas à dormir ».

C’est avec la scène suivante, fictionnelle elle aussi, que nous saisissons la possible imposture du parti paris du début.

Frank Olson, dans son lit, se gratte, une image de champignon atomique, des archives. Cependant, après le couloir, il est habillé pour sortir, entend des voix, il quitte l’hôtel, vide son portefeuille et son contenu à la poubelle, le jette à terre.

« J’ai tout jeté comme vous me l’aviez demandé.  » Sa parole est mise en doute, il rêve.

-Nous sommes, désormais, en compagnie du fils, Eric Olson, aujourd’hui. Il nous présente Lashbrook, chimiste qui faisait la liaison entre la CIA et Fort Detrick, par ailleurs, assistant de Gottlieb (celui que nous avons découvert à Deep Creek Lake lors de l’expérience – LSD).

Gottlieb est impliqué dans de multiples tentatives d’assassinat de Castro, dans l’assassinat de Lumumba ( homme d’État congolais, premier Premier ministre de la République démocratique du Congo -République du Congo de 1960 à 1964- de juin à septembre 1960) et dans, peut-être, celui de Frank Olson.

1984

La mère, Alice et le frère, Nils, accompagnent Eric Olson alors qu’il décide de rendre visite aux différents protagonistes de cette sombre affaire. L’idée étant de rencontrer les personnages clés. Ces derniers apparaitront dans l’ordre.

  1. Armond Pastore ( Responsable de nuit de l’hôtel Statler de N.Y) se souvenait de tout.
  2. En Californie- Robert Lashbrook – Qui prétend que durant tout le séjour à N.Y en 1953, Gottlieb était là. Sa parole est différente des documents, il dit enfin vrai.
  3. Invitation chez la famille Oslon de Vin Ruwet, et lui pose cette question sur la menace de sécurité que pouvait représenter son père en 1953 alors drogué au LSD – Pas de réponse.
  4. Ils retrouvent Sy Hersh en lui demandant si l’hypothèse d’un meurtre est possible. Il passe une série de coups de fil puis a dit: »De l’avis général; en 1953, la CIA n’aurait pas tué un collègue.  » Et leur conseille de  » laisser tomber cette piste. « 
  5. Se rendent en Virginie chez Gottlieb. Il leur avouera qu’il avait rêvé d’eux la veille et qu’il savait qu’ils viendraient, il les accueille le fusil à la main. « J’ai changé' ».

« Pourquoi n’aurions-nous pas une réunion à Deep Creek Lake pour se repencher sur les évènements de 1953 avec le recul d’aujourd’hui ?  » Eric Olson, demande, alors à Gottlieb

Ce à quoi répondra Gottlieb: je n’y tiens pas.

Ces situations de face à face ont provoqué, du moins, à ce que nous pouvons en déduire, une déclaration de la part de Gottlieb sur le programme de manipulation mentale qu’il menait pour la CIA où tout commence avec le suicide d’un employé drogué à son insu.

De plus, suite à cela, Alice Olson a perçu une pension de l’armée.

Retour sur la mystérieuse chambre 1018 A de l’hôtel Statler de N.Y – Son judas, son couloir, papier peint, verrou, fenêtre…

« J’ai loué cette chambre, pour franchir ce seuil interdit »

Sacraliser le lieu « Dès que je suis entré, j’ai eu envie de partir ». « Je tenais à y passer une nuit même si je n’ai pas dormi du tout. « 

La fenêtre, sauter n’est pas possible, on ne peut pas rester au bord du vide. Il ne pouvait que plonger.

Tomber ou plonger ? « Quelle chance pour eux étant donné qu’ils avaient un problème avec lui, sa mort a résolu le problème. »

INSERT CALENDAIRE- 26 novembre 1953 // Washington

Le chauffeur semble ramener Olson. Des images d’archives, de bombes, Olson demande à la voiture de s’arrêter. Il est avec Vin Ruwet et dit:

Je voudrais disparaitre

Vin téléphone d’une cabine. Lashbrook et Olson se rendent dans une maison tandis que Vin Ruwet est reconduit chez lui. Olson se sert un verre, met un disque et danse, il se met à faire le poirier.

  • Cette ajout d’informations, au regard de la personnalité et de ce que viens de dire Frank Oslon, provoquent une incohérence. Nous regardons cette scène sans lui accorder de crédit. La fiction, elle-même, ne serait-elle pas qu’une énième version de la vérité, un autre scénario.
  • Pourquoi deux voyages pour N.Y ?

Aujourd’hui

Le fils Olson témoigne: Olson (Frank) est parti pour N.Y avec Vin Ruwet et Lashbrook puis ils sont revenus pour ramener mon père à Frederick. Ce qui ne concorde pas avec le discours de Washington.

Ruwet est reparti pour Frederick pour dire à sa mère, Alice, que son mari allait bien, ce qui offre à Ruwet une porte de sortie. Il ne peut être incriminé de quoi que ce soit.

Car seuls Lashbrook et Olson repartent en direction de N.Y.

Ces informations viennent donc démentir le scénario de la fin du chapitre 2 et du début de celui-ci, alors que nous voyons le colonel Ruwet se faire réveiller par l’hôtel, partager sa chambre avec Frank Olson.

Dans quel monde cette chambre a existé ?

Nous apprenons que la Guerre de Corée suscitait chez Frank Olson une très forte contrariété. Les aveux de militaires furent mis en doute. Les États-Unis ont utilisé des armes chimiques, des bombes bactériologiques.

Frank Olson devait avoir très peur, en 1953, de par la dangerosité de sa situation.

L’avocat David Kayris s’exprime au sujet de la théorie de l’expérience à Deep Creek Lake ayant conduit au suicide. Il trouve ce postulat dérangeant.

 » S’il était suicidaire, pourquoi l’avoir installé au 13 ème étage sur la 7ème avenue ? « 

Après avoir eu un entretien avec le directeur de l’hôtel, ce dernier lui a confirmé que les personnes à risque sont logés à des niveaux inférieur, il ne savait quant à la « situation » de Frank Olson.

Lashbrook est là, personnage clé, le seul à être là quand Olson est mort.

INSERT CALENDAIRE – 27 Novembre 1953

Au bureau du docteur Abramson , Frank Olson demande: « je veux savoir ce que Lashbrook et Vin complotent. » Tous les passages chez ce docteur ont été enregistrés.

Le docteur lui répond, vous perdez le contrôle et c’est très important le contrôle.

  • Retour hôtel, F. Olson a bu, il téléphone à sa femme: « je vais être interné à la maison de repos Chesnut Lodge, près de Frederick. Dans cette chambre à lit doubles, Lashbrook est à côté, il lit son journal.

Olson allume la télévision. Puis surgit, un plan de réveil (à nouveau en pleine nuit)à 2h30. Lashbrook regarde si Olson dort, il se lève, met ses lunettes, sa montre, va dans la salle de bain, s’allume une cigarette.

Alors qu’il est assis sur le bord de la baignoire, on entend, de l’autre côté, dans la chambre du bruit, des pas, le bruit du verre qui éclate.

On toque à la porte.

FIN

◤De ce chapitre, nous sommes face à un étrange retournement de situation, preuve que l’affaire progresse, toutefois, alors que la piste de la présence de Ruwet, dans la chambre, avait été avancée dès la fin du dernier chapitre, il a disparu, pour céder la place à Lashbrook. Est-ce que la fiction nous présente une autre piste ou est-ce à partir de celle-ci que des éléments vont venir se greffer ?

David Kayris, l’avocat, a parlé de Lashbrook comme d’un personnage clé et comme le seul à être présent lors de la mort de Frank Olson. Cette fois-ci, le scénario colle aux paroles des protagonistes.

De cette toute dernière scène, nous pouvons déduire que Lashbrook ne devait pas être témoin et qu’à un horaire très précis, il a dû quitter la pièce concernée par le drame. Des hommes de mains se sont-ils chargés de faire « le sale boulot » ? Tout semble pencher vers la thèse d’un assassinat, la minutie, l’organisation vont dans ce sens et l’impossibilité, au regard de la fenêtre, elle-même, pour Frank Olson d’avoir sauté. Tomber ? Pousser ? Le mystère de la chute reste, encore, entier.

-Chapitre IV, L’ouverture du cercueil

◤Ouverture : séquence nuit, N.Y, un corps est allongé, celui de Frank Olson, le personnel de l’hôtel (le porteur et Armond Pastore) sont présents, ils regardent l’air, le rideau de la fenêtre flotte.

Retour sur plan salle de bain avec Lashbrook (le plan est identique à la dernière scène du chapitre précédent.) Il est assis sur le bord de la baignoire, se lève et ouvre la porte. Il regarde, sans précipitation, en direction de la fenêtre, avec calme regarde le lit.

Il reste debout prend le téléphone: « Passez-moi la Virginie, 15W4 »

Voilà, il n’est plus là

Il raccroche/ Plan sur la fenêtre/retour en bas avec le personnel de l’hôtel.

Flou, Olson apparaît. Des passants.

Gros plan sur l’œil, renvoie au judas et à toutes les séquences de la chambre. On entend, en arrière plan, les mêmes sirènes que celles durant le spectacle « Me and Juliet ».

Introduction, vortex noir et blanc.

Aujourd’hui, tel le fil narratif traditionnel de Wormwood, nous retrouvons le témoignage du fils.

Le faux scénario, il faut le tenir le dans le temps c’est très difficile

Le témoignage de Lashbrook quant à la fenêtre, du store, s’il dormait ou pas, s’il a vu F.Olson dans la chambre ? Toutes ces questions sont des versions, pas un seul scénario, le problème c’est le cafouillage entre ces histoires.

E.Olson reprend les paroles de Lashbrook en indiquant Frank et non mon père.

RETOUR 1953

Insert calendaire jours 10, 28 novembre 1953, hôtel Statler

Lashbrook est au téléphone: « Harold, Frank a sauté. » Il s’adresse au docteur Abramson.

La réponse du docteur: « Ce n’est pas mon problème ».

Retour salle de bains, flou, puis la Police entre dans la chambre, dans la salle de bain/ Lashbrook dit de suite »: pourquoi il a sauté, peut-être à cause de son ulcère? »

Le téléphone sonne mais il ne peut décrocher, il le fera après avoir été fouillé.

« Robert, j’ai parlé à Gottlieb, j’ai réfléchi. Mieux vaut être prudent, venez à mon bureau ce soir. « 

Entre le parfait timing de la salle de bain, les paroles de Lashbrook à la police et les messages au téléphone, notre attention est requise avec une certaine mise sous tension. Tout en gardant à l’esprit la pluralité des scenarii.

Un témoignage sur fond d’image d’archives prend place. C’est celui de Pastore, un des membres du personnel de l’hôtel Statler.

« Je savais qu’il y avait quelque chose de pourri à l’hôtel cette nuit là. »

La référence à Hamlet se veut récurrente.

Le 13 juillet 1975

Madame Olson reçoit une lettre rédigée par Armand Pastore, alors directeur de nuit adjoint à l’hôtel Statler de N.Y Il semble que le drame survenu la nuit du 28 novembre 1953 l’ait hanté toute sa vie. Il a demandé dès la découverte du corps s’il y avait eu des coups de fils passés depuis la chambre 1018A.

Oui, un appel si bref que je l’ai écouté lui sera répondu, l’émetteur de l’appel a dit:

Voilà, il n’est plus là.

Dommage fut la réponse de l’autre.

Eric Olson comprend cet appel comme un signal, il avait tout prévu, une façon de dire voilà c’est fait

HAMLET

Selon, lui Pastore ne croyait pas à la thèse du suicide, il ne cessait de répéter cette phrase (il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark) Hamlet.

La pièce nous amène vers Ophélie, le souvenir de cette femme qu’Olson fils a connu et avec laquelle il avait de se marier.

Hamlet avait des absences, il était déconnecté. Le scénario très complexe de cette histoire, avec beaucoup de mobiles, d’acteurs;

Hamlet s’est révélé être un guide pour moi.

1993

Alice Olson décède. Elle faisait et constituait un blocage. Eric Olson parle du vertige de liberté (Kierkegaard) en termes de sensation éprouvée alors.

Il peut faire examiner le corps de son père.

C’est alors, suite à un appel à son frère, Nils, qu’intervient le personnage de Jim Starrs (ami des Olson, professeur de droit, il travaille pour la police scientifique, spécialisé dans l’exhumation des corps, de la résolution des crimes historiques.)

Une coïncidence ?!

Richard Boothby (professeur de philosophie)le motif avancé fut : « déterrer le corps su père pour l’enterrer près du corps de sa mère. « 

Fallait-il encore se poser des questions ?

Cette quête pour Eric Olson est un gouffre, toute sa vie a été aspirée par cette tombe.

2 JUIN 1994

La 1ère autopsie de 1953 avait révélée, comme cause de la mort, « tombé » ou « avait sauté« . Ce qui a été interprété comme un suicide.

En 1975, le rapport fut révisé et on a conclu à un accident. Un des rapports évoquaient des lacérations.

Eric Olson ajoute, dans le cas de mon père, c’est le pire des scénario qui s’est produit. Starrs et son équipe ont trouvé des preuves déterminantes qu’il avait été assassiné.

1953

Lors de l’interrogatoire de Lashbrook, au commissariat de Police, on lui montrera un document avec une série de chiffres.

Un code ? La réponse de Lashbrook: sécurité nationale.

Des vérifications avec le FBI vont avoir lieu.

Lashbrook indique qu’Olson était une connaissance.

Vous deviez contacter le colonel Vincent Ruwet

Il sort libre, va téléphoner dans une cabine, il appelle Sidney Gottlieb, « je suis de retour à l’hôtel ». Un agent du bureau de la sécurité sera chargé de le suivre. « Faites attention ».

Il va au cinéma voir Cease Fire, film en lien avec la guerre de Corée. Il remarque qu’il est suivi jusqu’aux toilettes du cinéma.

1994

Retour en 1994- archives audiovisuelles.

La thèse de l’assassinat de Frank Olson est avancée grâce « aux technologies modernes et à la science. »

Aujourd’hui

Le seul moment de paix c’est ce laboratoire, sur cette table là où son corps reposait.

Il était bien préservé, il avait été embaumé. Il y avait indéniable de voir le corps, lui dire au-revoir, il devient réel, on peut, désormais, accepter la mort.

J’ai touché son crâne, dira Eric Olson.

Starrs a découvert deux choses:

  • Il n’a trouvé aucune preuve qu’il soit passé par la vitre. La vitre était brisée donc pas de lacération, ce qui vient contredire l’un des rapports précédents.
  • Ils ont remarqué un impact sur le crâne, un énorme hématome, qui provenait, forcément, d’un coup reçu dans la chambre 1018A.

28 NOVEMBRE 1994

Déclaration télévisée du docteur Starrs concernant les causes du décès de Frank Olson; ce dernier, aurait « été poussé« .

Le fils, Eric Olson, indique, à l’époque, qu’il fera une réponse officielle. En off, Starrs indique qu’il s’agit d’un meurtre infâme.

Eric Olson souligne, qu’à cette période, il a contacté les archives de la sécurité nationale à l’université George Washington afin d’avoir accès au manuel d’assassinat de la CIA.

On lui répondra: lequel voulez-vous consulter ? Celui de 1953 dira Eric Olson, il entendra: ah, le premier, alors.

Il découvre alors/ « Pour tuer quelqu’un à coup sûr une chute de 20 mètres, il faut pousser d’un toit ou d’une fenêtre d’un immeuble. S’il y a témoin, ce dernier est traumatisé ».

Le terme est, enfin, apparu, pas tomber, sauter ni plonger mais ils disaient « laisser tomber ».

Avant de le laisser tomber, il faut le cogner à la tête pour l’assommer.

Nous sommes allés, avec cette nouvelle thèse, voir Harry Huge (avocat) à son bureau de Washington. Il était connu pour son travail à l’occasion du procès du barrage de Buffalo Creek en 1972.

Harry Huge était l’avocat, en 1975, de la CIA. Il avait rencontré Richard Helms (ancien directeur de la CIA de 1966 à 1973)et souligne que même en tant qu’avocats de la CIA, on nous cachait des choses sur le travail de Frank Olson, sur les activités de Fort Detrick.

Harry Huge, Stephen Saracco (nouveau procureur adjoint) aidé de Bibbs, ils réouvrent l’affaire avec une enquête pénale.

Elements à disposition:

  • Conclusions du docteur Starrs
  • Exhumation
  • Seconde autopsie
  • Manuel assassinat CIA

La 1ère chose faite: écrire une lettre à l’avocat conseil de la CIA. Cette dernière a déclaré qu’elle était prête à collaborer.

-Un élément troublant fait son apparition, William Colby (directeur de la CIA et témoin important de l’affaire) disparait!

En canoé, près de sa maison de vacances, le 27 avril 1996, on retrouvera son corps le 6 mai de la même année.

Le fils de Colby pense que son père s’est suicidé.

L’affaire Olson passe devant le Grand Jury, tout est désormais confidentiel

Il sera très difficile de récupérer le témoignage de Lashbrook, trop âgé, trop infirme, au bout d’une année, il comparait toutefois, son témoignage est soumis au secret.

Il pourrait connaitre le tueur.

Lashbrook s’adresse au docteur Abramson, ce dernier lui fait part de l’enregistrement problématique de Frank Olson. En conséquence Lashbrook dicte au docteur un mémo déclarant :

  • Dépression depuis mars 1953
  • Hallucinations
  • Paranoïa
  • Frank Olson se croyait persécuté
  • En conclusion: il devait être puni, désarroi intérieur, énormes culpabilité.

1953- Hôtel Statler

Il est 2h27, Lashbrook se lève (comme nous l’avons déjà vu lors du dernier chapitre). Il met sa montre, regarde Frank Olson dormir. (Séquence jusque là identique)

Il défait le loquet de la porte de la chambre, déverrouille la porte, va dans la salle de bain.

Deux hommes sont dans le couloir de l’hôtel, ils pénètrent dans la chambre. Olson se réveille et demande : Qui êtes -vous ?

« Il faut y aller ». Il va vers la porte de la salle de bain, elle est fermée à clé, de la lumière s’en échappe.

Frank Olson: « Robert, Robert, ouvrez la porte » sera prononcé plusieurs fois.

Il faut que je m’assoie.

Il allume la lumière.

Fin.

//////

◤Ce dernier chapitre apporte des éléments narratifs à la thèse de l’assassinat de Frank Olson, la fiction dit -elle vrai ?

Le suspens touche à son comble car nous ne pouvons que deviner la suite sans avoir les images correspondantes à disposition. La tension de ce chapitre vient créer un crescendo, redistribuer les cartes des personnages quant à leur rôle, leur responsabilité, Lashbrook prend en importance, il n’est plus seulement accompagnateur mais témoin et complice. Il se dévoile plus manipulateur également.

Les deux derniers chapitres ont apporté une hyper focalisation sur la chambre 1018A. Les thèses de la disparition dans des circonstances singulières volent en éclat, notamment avec la distillation, par ellipse, d’éléments qui se croisent, se sédimentent et s’alimentent les uns, les autres quasiment à la perfection.

(Fiction) L’impression d’une histoire qui prend sens et qui se dessine avec de plus en plus de précisions sur la psychologie des personnages.

La partie témoignage souligne l’obsession d’Eric Olson dans cette quête de vérité. La persistance va jusqu’au mimétisme avec ce franchissement de seuil, se trouver là où l’autre a été, et l’autopsie du corps de son père, toucher l’autre, faire corps.

A suivre,

Isabelle Pompe L, 28 février 2021

2 réflexions sur “Wormwood, autopsies d’un meurtre”

Les commentaires sont fermés.