▲ Avant-hier, 14 février 2021, visionnage de Mulholland Drive.
⊿ Cette rencontre cinématographique ne doit rien au hasard, vous l’aurez compris, il s’agit du 2ème article consacré à ce film, depuis ce blog.
▾ Le 1er proposait une petite restitution à partir des abords à savoir sa réception traduite grâce à des expériences de spectateurs. Mulholland Drive, en réception
Pourquoi On Air ?
▾Cette lecture, c’est comme cela que j’aborde un film, va produire des annotations (notes de lecture), des mots, des objets qui vont tenter de dire des choses, de manière schématique.
▾ Cet article est donc un schéma. Le premier.
▾On Air précise l’action, le « ça tourne », le « en ce moment même » il se passe donc cette lecture- « silence »-
◑ Les pistes que j’ai aperçu, les voies qui se sont dessinées ne seront pas explorées dans le détail. L’idée n’étant pas d’imposer une compréhension, mais bien de rester sur la perception d’un film depuis ma cinéphilie, ma culture, à partir d’un 1er déchiffrage.
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◓ Je démarre avec les quelques mots qu’ajoute Netflix (il est disponible depuis cette plateforme et c’est de là que je vais le regarder) pour définir, préciser ce film: » Conte surréaliste et complexe ».
◌ CONTE: le mot désigne à la fois un récit de faits ou d’aventures imaginaires et le genre littéraire (avant tout oral) qui relate les dits récits.
▵ Je m’attends donc à trouver des références littéraires lisibles, visibles, facilement décodables sinon le mot ne servirait pas de description première.
⊙ Surréaliste, j’imagine l’avant-garde, le collage, le style narratif un peu baroque, avec des ellipses.
-Complexe, libre à chacun de saisir ce qu’il souhaite avec cet adjectif mais cela n’aide pas le film en tant qu’invitation pure à le découvrir. Pour une première en présence, je ne pense pas que cela serve sa cause.
ENTRÉES EN SCÈNES
▕ Encore une fois, pas de détail sur les différences de traitement comme ce séquençage particulier qui fait office de scène d’ouverture. (J’y reviendrai, demain, plus en détail)
- Attention lecture subjective première
▢Je remarque une différence d’époque depuis les vêtements. Cela ma donne des indications dont je ne sais pas quoi faire pour l’instant mais que je garde à l’esprit: flics, taxi, tante, le couple qui rit la nuit, la tante, les jeunes en voiture avec ceux du personnage féminin brun victime de l’accident.
Les enquêteurs: j’en reconnais un qui s’est illustré dans la saison 3 de Twin Peaks, ici Detective H.McKnight – Robert Forster
▔ Le rêve et tout ce qui se rapporte au sommeil est souvent cité à comparaître et toutes les invitations à dormir qui vont avec + La séquence cauchemar du flic.
❐ Faisons un petit détour par la case rêve de Blow Up
▒ Le Téléphone, repère, son, couleur, objet, rupture narrative, même la cabine téléphonique entre en scène. Il faudrait faire un Blow Up spécial le téléphone chez David Lynch tant cet objet et « personnage » symbolique est omniprésent dans sa filmographie.
◘ Vous aurez un Blow Up spécial téléphone au cinéma tout court – A parier Lost Highway ?
Les deux personnages : Coco Lenoix (Ann Miller, danseuse, la faute au danseur du début ? Elle me fait penser à Fred Astaire- Gene Kelly et Sinatra).
Et sa comparse, Louise Bonner (Lee Grant) me dit quelque chose. D’un coup, je reconnais son visage, je l’ai photographiée pour un projet sur Columbo (1971). Le titre de l’épisode Ransom for a Dead man !
◍J’extrais quelques scènes
▻ L’apparition de l’amnésique, dans la douche: Psychose (1960) et la scène de la douche. Hitchcock est-il partout au cinéma ?
▻ Puis je retiens le prénom Rita suite à la lecture de cette affiche. Nous sommes plongés dans les heures de gloires passées et révolues de l’âge d’or du cinéma. Rita n’est pas le vrai prénom de l’amnésique. Je me demande, alors, si Betty c’est pour Bette Davis, figure de l’âge d’or d’ Hollywood, elle aussi.
▾Gilda…Actrice mythique, sex symbol, apogée de carrière – L’affiche originale du film portait le slogan « There NEVER was a woman like Gilda! » (littéralement « Il n’y a jamais eu une femme comme Gilda ! »)
▾Scène d’anthologie, couleur noire du gant, 1946…
⊿ Dans le même temps, cette figure de la brune est présente dans la filmographie de Lynch, Twin Peaks – Donna & Audrey mais c’est davantage vers Audrey que je pencherai car la comédienne (Sherilyn Fenn) fait, aussi, une apparition (accidentée) dans Sailor & Lula.
Le Noir
◂Sa présence est doublée, triplée, suramplifiée… La voiture, la nuit, la robe, la couleur de cheveux de RITA-la référence à Gilda (gant)...
◂Il me semblait que Blow Up avait déjà fait les couleurs au cinéma, le noir, le bleu…Je ne les retrouve plus, dommage.
La Voiture
▵ Je relève la plaque d’immatriculation / 2 GATI 23/ du véhicule du générique et imagine que si le plan sur le numéro est là c’est pour qu’on s’en souvienne. D’ailleurs l’image du plan possède un grain très particulier. Je pense que ce trajet va réapparaitre comme un phénomène de boucle, un « sample » – un instant vers lequel nous reviendrons.
▵La limousine semble être le moyen de locomotion privilégié du film de par le fait que c’est par elle que s’introduit le récit. Je pense à cette histoire de passage, de travestissement, de loge de l’acteur, coulisse omniprésent dans le film Holy Motors et me dis….
- Cette voiture a transporté qui ? Les deux personnages âgées, la brune (Rita), pour le moment, mais c’est déjà beaucoup.
▏ Hollywood– m’amène vers les livres de James Ellroy// L.A Confidential et le Dahlia Noir.
- Pourquoi ? Parce que Los Angeles est un personnage du film et que, dans le Dahlia Noir, c’est son personnage principal. La ville est littéralement révélée dans cette œuvre et se montre sous un jour noir, surtout lorsque le racisme oublié des années 50 refait surface. James Ellroy c’est l’auteur d’un quatuor de L.A :Le Dahlia Noir, Le Grand Nulle part, L.A. Confidential et White Jazz.
//// L. A Confidential plante son décor autour d’une enquête qui met à jour une vaste organisation criminelle dont les activités illicites ont des ramifications jusqu’à Hollywood. Il y sera question de la corruption politique au trafic de l’héroïne, en passant par la pornographie, la prostitution et le racisme institutionnel.
⌑ Porte d’entrée également pour Hollywood: Theroux aka Adam Kesher (réalisateur), c’est le double ou l’extension de Lynch : Sa profession (réalisateur), ce qu’il subit, sa marge de négociation très faible, la question de l’argent et aussi parce que son visage, la couleur de ses cheveux me font penser à Dale Cooper (Twin Peaks).
• Adam est dans l’obligation d’embaucher une inconnue nommée Camilla Rhodes: « La fille »
PHRASES
▪ Je note les phrases qui me semblent trop étranges pour ne pas être relevées, peu importe qui les prononce.
« Qu’on arrête tout »- « Je réfléchis » « La fille »
- Je reviendrai, peut-être, sur les personnages et cette salle étrange où se trouve Mr Roque.
AUTRES NOTES dans le désordre
▵ Je vois dans une séquence très drôle d’un meurtre qui deviendra double et triple, un transfert entre le spectateur et l’homme de ménage. Inactif, il ne bouge pas, reste sans rien faire puis fini par être victime à son tour.
▁ Le cinéma est mis à l’honneur au regard de ses anciennes stars, notamment la logeuse, et depuis ses spécificités de personnages comme celui de la sorcière (déjà présent dans Sailor et Lula – référence au film, Le Magicien d’Oz – 1939)
RESSENTIS
◅ Je reste perplexe quant à la rapidité des évènements. Tout semble aller « trop » bien pour cette actrice blonde. J’y décèle une forme de frustration, celle de quelqu’un qui existe dans un monde mais qui aimerait être vue davantage. Une vie réelle ? Un rêve hollywoodien idyllique.
▾ Je remarque que Rita vient noircir le tableau de sa brunerie et avec, peut-être, son son argent sale.
// Mais je reste perplexe dans la manière dont RITA est intégrée au décor, acceptée, elle semble captive.
▻ Puis la serveuse: Diane – et le même Winkie’s du début (scène entre les deux hommes et narration du cauchemar). C’est ce prénom qui va déclencher le souvenir, chez Rita, du nom: Diane Selwyn.(Coïncidence ou le prénom est à prendre comme fil conducteur ?).
⌘ Je me demande pourquoi la blonde insiste autant pour savoir ce que traverse l’amnésique et qui est Rita ? (Cette question de la dualité – Madeleine & Judy et de la mémoire me renvoie illico vers Vertigo (1958) d’Hitchcock. Tout en sachant que cela finit mal pour la blonde ).
▾ D’ailleurs, sans vouloir être pénible, Holy Motors, déjà cité, cite à son tour Vertigo avec l’Hôtel Empire…(Là ou Judy devient Madeleine.)
CHIFFRES
▤ Après la plaque d’immatriculation, l’adresse communiquée, voici le numéro d’appartement et l’échange.( Je garde ce mot – échange à l’esprit)
◃ 12 – 17 s’installent. Je mets de côté le 3 ème personnage, celle concernée par cette permutation, mais observe ses regards et ses attitudes, du coin de l’œil.
Diane Selwyn
▖Le cadavre de qui ? Dans cette scène troublante, ce sont les réactions de Rita qui sont les plus expressives, la blonde parait moins concernée, effrayée. Pourtant c’est elle qui est à l’initiative de cette situation…
☴ Forcé le pas ? C’est un peu ce qui se dégage de ses comportements, d’autant que depuis le début, elle est très, trop insistante à mon goût. Elle passe pour être la seule narratrice de cette histoire.
▟ Le cinéma en citations, encore, avec les accessoires, la perruque, le miroir.
⊗ Je trouve qu’il manque des étapes dans leur histoire d’amour, nous passons vite sur les « éléments narratifs », comme si nous étions conviés à aller au plan suivant pour satisfaire une urgence, un manque de temps dans la réalisation.
◎ L’emphase, la montée en puissance est là pour nous arrêter.
◉ SILENCIO va donner le ton.
⌑ Mouvement temporel ? Rupture narrative, il se passe quelque chose d’important, la voiture, le grain de l’image, le rythme s’accélère. L’extérieur est flou, lumière dans la ville, vitesse, un voyage pour aller où ?
▸ Je vois, tout de suite, dans ces deux protagonistes assises dans la voiture, une image de Nan Goldin.
Mysti & Jimmy, Taxi, 1991
On STAGE
┑ Tape recording, no Orchestra, It is an illusion- trucage, magie, bleu, les anges, Los Angeles, les larmes, cette chanteuse. Elle s’effondre mais la bande son continue. Impression de dénonciation d’un système « rouleau compresseur » au sein duquel les artistes sont poussés à bout.
▹Larmes, en effet.
INDICATIONS PAR OBJETS
▯ La Boite bleue, clé bleue, bleu encore et encore, vous l’avez saisi.
┮ Rupture temporelle lorsqu’il s’agit de prendre la clé dans le sac pour vérifier si elle correspond à la serrure de la boite. Betty (blonde) disparait!
▸ Hitchcock, navrée, mais the Lady Vanishes (1938) est là.
● La clé ouvre bien la boite.
NOIR.
⌑ Boite sur le sol, la tante apparait, la boite n’est plus. Deux instant se confondent, se frottent, deux moments différents.
NOIR
▵ Retour au numéro 17, sur la scène du cadavre, qui parait comporter beaucoup plus d’indications, en termes de lieu, qu’elle ne le disait au départ…
• Le Cow-Boy, personnage temporel, césure, « Il est temps de se réveiller« .
NOIR
★ La position du corps allongé est identique. C’est le même corps. C’est elle dont il est question. Mais Betty devient Diane, comme Diane Selwyn ? Elle dormait et se réveille et c’est la porte qui produit le changement. Sommes-nous dans l’appartement 17 ?
◖D’où vient ce prénom Betty ? (nous en parlerons demain)
//// Porte/ passage/ Chez Lynch, pareil la chambre, la pièce rouge, la porte sont des « classiques » si je puis me permettre.
∞ On peut regarder un « La porte au cinéma », à défaut de Mulholland Drive, il y aura sûrement Twin Peaks…Ces deux « objets » sont à rapprocher, nous l’avons déjà remarqué et puis le format de M.D, film ou série…
Séquences temporelles traduites par objets
➳ La clé bleue sur table basse mais aussi le mobilier de la cuisine qui fait davantage penser aux années 60. (La tasse c’est pour après).
☁ Apparait Camilla (Rita) en Star, à la Gilda. Ce prénom est déjà apparu, c’était lors d’un essai devant le réalisateur : Camilla Rhodes! (Pour le prénom, je pense à la photographe Camilla McGrath une comtesse italienne devenue la photographe officieuse du Tout-Hollywood Livre Face to Face)
☼ Le cendrier est là lui aussi, les deux femmes également, nous sommes dans le passé.
✞ La rupture amoureuse fait son apparition. Et, avec elle, le mot « LUI ».
/// Rue, décor, quelle époque ? Le réalisateur (lui ? ) semble arborer un autre look et avoir une autre attitude que précédemment. Est-ce bien le même ?
✄ On comprend que l’histoire d’amour se joue, désormais, entre Camilla et le réalisateur.
NOIR
★ Retour sur scènes entre les deux femmes, « Ce n’est pas facile pour moi » dira Diane. Larmes. séquence masturbation qui tourne à la souffrance.
• Le téléphone apporte sa rupture, un changement de tenue: une robe, la voiture: la limousine et l’adresse: 6980 Mulholland Drive.
▵La voiture du générique…On se refait la scène d’ouverture!
,➤ On va s’arrêter là, pour aujourd’hui…La suite, demain!
Isabelle Pompe L, On air et en route, 16 février 2021.
Une réflexion sur “Mulholland Drive, On Air”
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