Matrimoines

Depuis 2015, les journées du Matrimoine se déroulent en même temps que les journées du Patrimoine pour mettre en lumière des créatrices majeures du passé.

Volonté inclusive

◤ C’est à l’initiative d’une association mobilisée contre les discriminations et pour la parité, HF (Hommes – Femmes) Île-de France, que les journées du Matrimoine font écho désormais chaque année aux journées du Patrimoine. Dans le cadre d’un mouvement national lancé en 2009 qui préconise l’égalité des droits entre les hommes et les femmes dans les arts et la culture. Source FC

⊿ Avec cette démarche, le matrimoine culturel peut s’enorgueillir de prendre des couleurs au niveau national, toutefois, impulsé en Ile De France, il peine à « toucher » et à être relayé par les collectivités locales pour les territoires périurbains et ruraux.

Touche Bleue, IPL

► Trop marginal ou encore impulsé avec, beaucoup d’énergie, par quelques paroles expertes, ce mouvement maintient encore une distance trop grande entre habitantes. citoyennes des villes et des banlieues, des populations issues du concentrique pôle métropolitain et celles de sa lointaine couronne. Une situation qui tient, certainement, davantage à un défaut de mobilisation locale mais peut-être aussi à un manque de visibilité pour les initiatives existantes.

◔ En outre, l’impératif d’apporter de la visibilité à des femmes illustres parait ne pas aller sans la création ou le maintien de hiérarchie, qui se voit doublée entre territoires et disciplines.

◓ L’excellence des parcours hors normes des grandes oubliées de l’histoire pourraient, enfin, nous être donnés à entendre. Elles seraient des modèles, les nôtres? Les vôtres ?  Et qu’entendons-nous par modèles ? Les arts qu’elles incarnent, en quelque sorte, reprennent leur dû, en distillant une supériorité de classement.

◑ Les actions en faveur du matrimoine peuvent être perçues comme des éléments soulevés par la ville qui pourraient ne pas entrer en résonance avec les problématiques de la campagne, installant, encore, une forme de hiérarchie, quasi systématique, cette fois. Maintenant, toujours, les parages seraient maintenus dans l’ombre des pôles.

◒ Comme si cette idée de réhabilitation, de restitution, cette volonté de signaler un oubli et d’y remédier trouvait ses limites à plus d’un titre. Pourtant, le matrimoine plutôt les matrimoines, puissent qu’ils concernent d’autres domaines et mondes tels que la science, le sport, l’entreprenariat, l’artisanat, les histoires locales, les actions citoyennes, politiques, solidaires…Représentent un immense chantier dont chacun.e devrait pouvoir s’emparer.

//// Avec Les parages du pôle, je me suis, donc, placée du côté des publics. Ce sont eux, elles, qu’il s’agit d’atteindre. Les évolutions de mentalités peuvent émerger à des échelles très petites, j’en reste convaincue, voir le jour au cœur de microcosmes sociétaux tel qu’un quartier, un village

▾ Plus le sujet semble à portée de main, dans le sens proche de nous, de nos histoires, plus le rôle prend sens. L’humilité voire la timidité sont des freins, la non valorisation répétée est, elle, une entrave réelle à l’épanouissement.

▴L’écoute, l’encouragement et le soutien sont indispensables au caractère inclusif de cette approche. N’ayons pas recours à cette notion de légitimité de la parole pour donner de la voix à ces processus.

❒ Des interventions très concrètes doivent voir le jour pour créer, le plus possible, les conditions du dialogue, de l’échange, du partage: Émission de radio, atelier, cycles de rencontres, débat, projection, captation audiovisuel, réalisation de documentaire/Court-métrage, micros-trottoirs, groupes exploratoires par quartiers, communes, rues et à l’école bien sûr….Parce que la question des matrimoines est sociétale et quotidienne!

Affiche pour #sitespecific et ses rencontres autour de la perception des territoires par les femmes.

◌ Partir à la rencontre des lieux, des moyens, de l’existant culturels ou non, fermés ou pas, privés ou publics, de tous ces possibles, en dormance, le plus souvent, sur ces questions de genre.

⊙ Aider à sortir de l’isolement, des freins aux déplacements, se tourner vers ces publics dits « éloignés de la culture », par exemple pour des raisons géographiques, sociales et personnelles.

⊗ Créer des instants de paroles, ouvrir les « portes » du sport, de l’environnement, des notions de territoires d’habitation, de générations…Par le prisme de nos interrogations sociétales légitimes.

Un besoin vital d’incarnation

▵ Parer le mieux possible, tel serait le vœu, à l’indigence et à la violence dont les femmes sont victimes et témoins.

◃ Sans misandrie, ni volonté excluante au regard des formes de féminisme, la notion de genre s’applique à toutes et tous, à nos histoires collectives, personnelles, à nos pratiques culturelles, à ce sentiment de privation que l’on peut ressentir lorsque là où l’on réside l’émancipation n’a guère de visage.

▵La frustration qui peut en découler est un gaspillage profond de ressources et d’énergies. Le sujet du matrimoine peut paraître actuel ou lointain, c’est à nous de nous responsabiliser pour cela.

▁ « Dès le plus jeune âge, les enfants sont confrontés aux stéréotypes qui ont une incidence dans toute leur scolarité. « Dès la naissance, on est orienté vers des images stéréotypées avec des jouets ‘pour filles’  ou ‘pour garçon’. Ce sont par exemple des poupées pour les filles, des Lego pour les garçons », note Nadine Halberstadt, présidente de l’association Femmes et Sciences qui a pour objectif de promouvoir les femmes dans le milieu scientifique et intervient également auprès des plus jeunes. » Source FC les femmes et la science

Savoir regarder les femmes

▢ Cette question est décisive car l’histoire des femmes, depuis leurs archives, souffre beaucoup d’invisibilités.

« Sur France Culture, Michelle Perrot a raconté sa rencontre avec Mona Ozouf et Nicole Le Douarin. D’abord enseignantes à Caen, en Normandie, aucune n’était initialement engagée dans des recherches sur les femmes – et la thèse que Michelle Perrot soutient en 1969 s’occupe d’abord des ouvriers. Un seul chapitre est consacré  aux ouvrières : ce sera le tout premier texte de l’historienne sur les femmes. Elle expliquera, plus tard, que « dans les années 1960, on voyait la classe ouvrière comme une formation sociale masculine et, plus encore, le mouvement ouvrier ».

 

⌑ De ce fait, aujourd’hui, l’absence de volonté locale et politique peut fragiliser ces nécessaires changement de regards . De surcroît, il est important de mesurer, à leur juste valeur, la résistance au changement et les différences de temporalités dans la considération de ces sujets par les femmes elles-mêmes. Cela ne peut, néanmoins, justifier une non prise en compte, un défaut de crédit voire un abandon.

▚ L’envie de parler, de se rencontrer peut être forte sans que l’existant, en termes de lieux et d’offres, ne parvienne à y répondre ou qu’il ne soit suffisamment multiplié et ouvert dans ses usages.

◎ La mise en concurrence déloyale et terrible qui sévi dans nos sociétés et a pu officier dans nos éducations, à l’école, au travail… A appauvri, larvé, parfois, les possibles de manière considérable.

Nous avons beaucoup de travail, de chemin à parcourir…

« ‘il est nécessaire d’offrir aux jeunes générations d’autres modèles d’identification, des modèles féminins, pour qu’elles puissent s’en inspirer et se projeter dans des carrières. »

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➽ A ce jour, en raison de la pandémie, la constitution de l’association des Parages du pôle n’est pas finalisée, du point de vue administratif, cependant, au fil des articles de ce site et depuis les actions #Sitespecific, les questions sur le genre et les matrimoines restent récurrentes.

 

Isabelle Pompe L, 10 février 2021

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