
•Ce billet s’inscrit dans une interrogation locale mais aussi globale quant à nos rapports à la flore à partir d’une situation très simple: la floraison des cimetières. Il trouvera son point de départ avec les deux cimetières de la commune de Vayres Les Roses.
▲Puis, dans un deuxième article, nous explorerons la place de la flore au coeur de cette commune, qui porte actuellement le nom de Vayres et souhaiterait être reconnue comme « Vayres Les Roses« .
-Nous prendrons appui sur ce qui existe et pourrait être amélioré pour participer à sa pleine valorisation en se tournant vers la biodiversité et la production locale.
Agir pour la biodiversité
Vayres se construit avec de nombreuses ressources, timidement, valorisées. Deux espaces ont retenu notre attention, les cimetières du bourg. Deux entités différentes, présentant des similitudes et de nombreuses connexions possibles à même de créer de la distinction.
➳Pour un cimetière naturel, paysager, plusieurs éléments sont à considérer, les contraintes techniques, la gestion différente, l’incompréhension des visiteurs…
-Toutefois, A Vayres, l’idée étant de proposer une végétalisation pour l’ancien cimetière et créer une connexion entre l’ancien et le nouveau.
•En effet, la fréquentation des cimetières souligne une évolution dans les modes de vie et les croyances.
La société change, en 2005, une étude du Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) montrait que 51 % des Français de plus de 40 ans se rendaient systématiquement au cimetière où reposent leurs proches pour la Toussaint.
•Quatorze ans plus tard, ils ne sont plus que 34 % à venir se recueillir au cimetière, pour le premier moment de l’année où on s’y rend systématiquement.
•Les plus jeunes (18-39 ans) ne seront quant à eux que 14 % à se promener le 1er novembre entre les stèles.
•Ce pourquoi, la végétalisation, peut être envisagée comme plus propice à la visite : » Dans ces cimetières naturels, très verts, les personnes sont plus enclines à venir se recueillir que dans des cimetières traditionnels et gris, ils sont davantage des endroits de vie que de mort « , explique également Manon Moncoq, doctorante en anthropologie à Tours, spécialiste du funéraire « vert ».
Ancien cimetière de Vayres Les Roses
⊿Son accès pourrait permettre de planter le long de ses beaux murs des espèces mellifères, vivaces et autres boutures issues des cultures en pot. On imagine aussi des cosmos, roses trémières, capucines, pois de senteur, tournesol…

▾Son entrée sur la gauche, se trouve ce petite espace de verdure (photographie ci-dessous) et sur la droite les deux bacs de tri pouvant accueillir une troisième proposition: le recyclage de fleurs!
- Dans ce bac, collecté chaque jour, des fleurs en pot pourraient être recueillies afin d’être protégées de l’hiver, bouturées puis redéposées l’année suivante au cimetière ou plantées en sol le long des murs du nouveau cimetière par exemple. L’idée étant de créer du lien entre les deux sites. Cette proposition fait partie des idées pour végétaliser ces cimetières et leur permettre d’être fleuris de manière pérenne, en faveur de la biodiversité.

C’est donc depuis un schéma de circulation assez simple à réaliser: accès au cimetière, entrée, bacs à déchets et exploration du lieu, que plusieurs remarques se sont présentées à nous.
- La forte présence de plantes en pot (en plastique) est réelle
- le peu de végétalisation naturel
- l’entretien des tombes avec de nombreuses altérations des caveaux et petits patrimoines funéraires
- de nombreuses fleurs artificielles
- la question du tri et de l’appellation « déchet »
La problématique des termes
▿Depuis leur signification, l’appellation « déchet » n’est pas adapté. Si nous tenons à appliquer une politique locale en faveur de la biodiversité, et nous inscrire dans le respect du cycle du vivant, nous ne pouvons, jeter, dans le bac « déchet végétaux » des fleurs sous prétexte qu’elles sont, seulement, défleuries.
▿Pourquoi faire d’elles une matière compostable alors même qu’elles sont, naturellement, soumises à leur cycle de vie normal. Nous jetons des plantes vivantes.

▿De plus, le terme « déchet »peut heurter la sensibilité. D’une part, parce que le fleurissement des tombes est un geste intime et d’autre part parce qu’il symbolise la binarité « objet-déchet » qui n’est ni adapté au lieu mais davantage à un lieu de consommation, ni adapté au don lui-même. La fleur incarne le vivant, elle symbolise la vie.
▿En ce qui concerne la question de la valeur, nous pouvons aborder le déchet à travers ses synonymes, selon CRISCO et son DES (Dictionnaire Électronique des Synonymes), dans l’ordre, apparaissent: rebut, résidu, débris.
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►Par extension à cela, j’ajouterai avec cette notion indissociable d’objet qui divise la communauté des juristes au regard de la dépouille du défunt. En effet, certains d’entre eux évoquent pour le cadavre la qualification de « chose » alors que d’autres lui reconnaissent une « personnalité » ou une « demi-personnalité ».Source 2015 Cairn
La problématique du geste
◖Ce que nous ne saisissons pas c’est pourquoi jeter, puisque c’est très souvent le cas, une plante en pot pour laquelle nous n’avons pas créer les conditions nécessaires à sa culture ? Une plante n’est pas là pour décorer, ce n’est pas un objet qui doit satisfaire des critères esthétiques seuls.
▵Un non respect de ses cycles va de pair avec un non respect des lieux. Je m’explique, un cimetière devrait être considéré comme un lieu où le respect de la nature fait loi.
▵C’est un espace communal où pourrait s’appliquer des règles en faveur de la biodiversité, ce cimetière pourrait être un jardin.
Je vous invite à prendre connaissance de biodiversité en Wallonie, cimetières natures en Belgique
▵Cette nouvelle gestion permet en Belgique comme en France le retour du vert et de la biodiversité dans les cimetières. À l’image des vieux cimetières paysagers comme le Père-Lachaise à Paris, le cimetière de l’Est à Lille ou du cimetière naturel de Souché à Niort.
Nouveau Cimetière de Vayres Les Roses
▵La question de son accès et de ses abords nous amènent à réfléchir à une valorisation particulière. Il est éloigné du centre bourg, entouré de forêt, de plus, tout près se trouvent des ruches…

▵En pot ou en pleine terre, au coeur des cimetières de Vayres Les Roses, des variétés sont résistantes, vivaces et d’autres sont périssables en proie au manque d’eau et à la non protection. C’est le cas des géraniums (lierre ou zonal) qui furent jetés dans les bacs le mois dernier. En plus d’être bouturables, nous pouvons leur offrir un hivernage réussi.
- Si l’on a pas eu le temps de faire des boutures de nos pélargoniums lierres, il faut conserver des pieds mères en les rentrant dans un local éclairé, non chauffé mais à l’abri du gel. Arroser très modérément, juste pour éviter le flétrissement. On prélève les boutures au mois de mars.
- Il est également possible de conserver les pieds de pélargoniums en les arrachant lorsqu’ils sont défleurir. Source
A partir de leur culture intensive et depuis leur commercialisation par des fleuristes, des espèces comme le dipladénia subissent un phénomène de mode, leur présence, dans le cimetière, est notable.
Les conditions nécessaires à la culture du dipladénia sont :
- les exposer en plein soleil,
- leur apporter de l’engrais (pour géranium ou dipladénia),
- les laisser sécher entre deux arrosages,
- les rentrer dans une pièce assez tiède à l’automne (Ils demandent 10/15 ° minimum pendant l’hiver). Source rustica.fr
Les chrysanthèmes
▵Les chrysanthèmes les plus populaires, les rois de l’automne, sont des vivaces caduques à croissance rapide présentant une grande diversité de formes et de coloris, fruits de travaux d’hybridation à partir de l’espèce chinoise Chrysanthemum indicum.
▵La disposition des pétales et la forme de la fleur permettent de classer les milliers de chrysanthèmes hybrides en dix types distincts dont le chrysanthème simple (capitule en marguerite), le chrysanthème pompon (capitule sphérique à fleurons tubulaires) et le chrysanthème-araignée (capitule double à rayons tubulaires à pointe enroulée ou torsadée).
▵Les chrysanthèmes ne craignent pas le froid automnal, mais leur rusticité est variable allant de très rustique à peu rustique selon la variété. De manière générale, les chrysanthèmes à petites fleurs sont plus rustiques que ceux à grosses fleurs.
▵Sa protection hivernale indique pour la culture en pot: Pour conserver le chrysanthème cultivé en pot, plus sensible au froid que celui cultivé en pleine terre, rapprochez la potée des murs protecteurs de la maison.
Bouturage
C’est la méthode la plus utilisée pour les hybrides à grandes fleurs à la souche souvent peu rustique. Cette dernière est abritée à l’abri du gel tout l’hiver. En fin d’hiver février à avril selon la région.
⇡Chrysanthèmes d’automne
▵Les plus connus des chrysanthèmes sont les chrysanthèmes d’automne, ou chrysanthèmes des fleuristes (pomponnettes), consacrés au fleurissement des tombes, pour la Commémoration des fidèles Défunts, ou Jour des Morts.
▵Dès le milieu du XIXe siècle apparaissent sur les tombes des défunts les chrysanthèmes qui remplacent la flamme des bougies. Mais cette tradition s’est surtout répandue en France comme en Belgique à l’Armistice de 1918. Clemenceau lors du premier anniversaire de cet armistice, le 11 novembre 1919, aurait appelé les Français à fleurir les tombes des soldats tombés au front.
➽Un poids lourds sur le marché de la fleur
A l’occasion de la Toussaint, 23 millions de pots de chrysanthèmes sont vendus chaque année en France en seulement trois semaines.
95 % des plantes produites sont destinées à fleurir les cimetières et les jardins du souvenir
Le chrysanthème est la plante la plus achetée durant les mois d’octobre et novembre. Son marché représente un chiffre d’affaires de 179 millions d’euros, réalisé par 200 producteurs qui génèrent 6 800 emplois (source FranceAgriMer).
Le Chrysanthème représente 32 % des plantes fleuries en pots achetées en France. C’est aussi la seconde fleur coupée (après la rose) avec 70 millions de tiges vendues.
Les Pays-de-la-Loire (surtout le Maine-et-Loire) produisent 12 % des chrysanthèmes en pots, ce qui en fait la deuxième région de production derrière le Nord-Pas-de-Calais.
…Ce qui nous amène à cette question: Quelle production locale en Haute-Vienne?
Cultiver des chrysanthèmes exige un savoir-faire spécifique et six mois de travail
➤Il est important de souligner que tous ces efforts, emplois, savoir-faire sont dévalorisés, d’une part, en raison de ce rapport consumériste au vivant, et d’autre part, parce que cela représente un profond gaspillage de ressources humaines.
▵En effet, dès les premières gelées voire même dès le début de la défloraison,les chrysanthèmes sont réduites à leur plus stricte utilité, à savoir l’ornement, elles sont donc condamnées à être jetées dans les bacs, considérées, à tort, comme des « déchets végétaux« .
-Une pédagogie s’impose afin d’être en phase avec la considération indispensable de la flore.
▵Responsabilisons nos actes et mettons, en chantier des actions pour lutter contre les formes plurielles du gaspillage: l’argent, la dévalorisation de la production et ses métiers, la flore elle-même.
Une fleur n’est pas un produit, elle relève du vivant.

▵En raison d’un assortiment qui s’élargit sans cesse, le chrysanthème mériterait une meilleure place pour fleurir les massifs et les jardinières d’automne.
On constate une progression sensible des variétés multiflores, mais il faudrait sans doute donner à la plante un autre nom (comme le ‘Tokyo’ des fleuristes qui est tout simplement un chrysanthème de type « Spider » ou le ‘Santini’ aux nombreuses petites fleurs formant des bouquets compacts sur des tiges ramifiées).Source
Les fleurs coupées
Le bouquet de fleurs représentent, pour les grossistes, un très important chiffre d’affaires:

Les bruyères
Elles sont présentent en pot (terre cuite), font leur apparition en pleine terre. La bruyère est une plante vivace qui présente de nombreux avantages, à utiliser en couvre-sol gai et coloré. Feuillage persistant, résistance à la sécheresse, à la pollution, au vent, aux embruns : que de qualités ! Et, en optant pour différentes espèces, il est facile d’avoir des fleurs toute l’année.
Restructurer l’existant
Le cas du cimetière de Durtal (49)
Face à un défi de traitement d’écoulement des eaux pluviales, de stabilisation des sols et de végétalisation d’un espace très largement minéralisé, le parti pris a été résolument tourné vers une forte dimension écologique du projet de restructuration du cimetière :
- collecte des eaux pluviales par des noues paysagères et une rivière d’infiltration,
- création de chaussées végétalisées à partir d’un procédé 100% écologique (chaussée végétale),
- végétalisation des espaces entre les tombes,
- plantations et semis de prairies sur l’ensemble du cimetière,
- plantations d’arbres ornementaux en alignement,
- installation de nichoirs en partenariat avec la LPO…
Le renforcement de la biodiversité dans ce nouvel espace paysager s’est traduit par la mise en place d’un plan de gestion adossée à un objectif « zéro photo ».
Le caractère austère et minéral cimetière originel a aujourd’hui laissé place à un véritable espace de nature où le fleurissement naturel agrémente le lieu et crée une ambiance sereine et apaisée.Source CAUE

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▵La commune, pour son lien tissé avec les roses, pourrait bénéficier de ces idées de végétalisation pour poursuivre cette démarche de revitalisation, par la flore, de son bourg, de son école…
•Afin, pourquoi pas, d’obtenir une labellisation de village fleuri à l’instar de l’exemple de Saint-Hilaire-Les-Places. Le village, riche de ses 884 habitants et situé à 40 kms de Vayres, obtient sa 4ème fleur en 1995! Une belle histoire qui a commencé par des bénévoles…
❏De manière concrète, à Vayres Les Roses, une association de passionnées de jardins est en cours de constitution, afin de proposer une planification d’actions comme soulignées en amont. La logique globale de cette initiative, pensée avec le souci de l’intérêt du « faire ensemble », vous sera, ici, relatée.
Isabelle Pompe L., florale, le 9 décembre 2021.
Une réflexion sur “Fleur Vs Déchet végétal”
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