¡ Depuis cette page, deux écrits comme deux tentatives de portrait vous seront donnés à lire sous forme de déclinaisons.
- Une consacrée à la photographie de Bruce Gilden, la rue comme biotope
- l’autre depuis mon expérience faite avec Harry Gruyaert, Baie des Anges
➳Avant cela, vous avez pu, peut-être, explorer mes trois Brèves histoires de la Photographie
▻Apportons toutefois, encore un peu de précisions, faisons, davantage, connaissance.
Perceptions photographiques
Passionnée d’histoires et très curieuse des pratiques photographiques sociales et documentaires, j’ai pu étudié une grande partie des travaux d’artistes, d’auteurs et de professionnels de la photographie du siècle dernier à nos jours.
▵ L’histoire de la photographie s’illustre par la difficulté de la considérer sans parti-pris, sans jugement c’est-à-dire sans hiérarchie. Sa place fut disputée et l’est encore par d’autres disciplines, elle est, tour à tour, instrument, moyen, objet, oscillant du mineur au majeur, passant de la science, à l’art, tout en étant populaire, documentaire. Mais cette Photographie là n’existe pas.
Étiquetée, cloisonnée, elle est souvent réduite, remisée, puis retrouvée, gage de paix, de succès publics, inclusive, pièce maitresse de certaines temporalités humaines, elle ne fait pas, pourtant, l’unanimité.
Elle a survécu, a muté, s’est transformée depuis ses utilisateurs, ses publics, ses outils, argentiques, numériques jusqu’à ses médias de diffusion tels que les réseaux sociaux. Changement de siècle, de traitement, rupture voire paradigme, la photographie ou plutôt les photographies traversent, bel et bien, deux siècles d’histoires, non sans tumulte ni disgrâce.
C’est dans cet acharnement à la défendre, à la souhaiter intime et plurielle, qu’elle est passionnante.
Justes impressions
◖L’œuvre chorus qui m’a le plus touchée est celle de Josef Koudelka avec ses explorations humaines, exils, ses manière de restituer l’invisibilité, la trace, les mémoires et les ruines.
Selon moi, elle est d’une justesse contemporaine si puissante que son humanité supprime toute forme d’arrogance et de démonstrations.
◔ Ce n’est pourtant pas le 1er photographe dont j’ai découvert les clichés. Mes premières rencontres physiques avec cette forme, cette plastique et ce langage se sont déroulées depuis des ouvrages, des magazines, 25 ans plus tôt. Je me souviens combien j’étais médusée, happée par les couvertures du regretté
« Photographies magazine », mensuel fondé et dirigé par Jacques Ascher (de 1987- 97). Il avait pour rédaction Gabriel Bauret, Louis Mesplé, Nicole Neltner et Paul Khayat. 90 numéros ont été publiés. Le N° 73 avec une œuvre de Serge Lutens me revient, souvent, en mémoire.
◓ Un temps professionnel plus loin, j’évoluais dans un secteur dit de la Beauté, digression naturelle, fille dérivée de la Mode, j’ai eu pour mentor, Yves Saint Laurent et Alexander Mc Queen.
Dans ce contexte sensible, j’ai vécu un face à face photographique inoubliable. Ces deux monstres aux citations, intertextualités littéraires et références artistiques riches et très nombreuses ont eu, sur moi, un écho phénoménal.
Justes résonances
∞ Dans le même temps, une expérience majeure avec la photographie eu lieu à Londres, lors d’une exposition où je rencontra Erwin Blumenfeld, au Tate Modern. Le prolongement du fil de la découverte se dessina, ensuite, avec des lieux: la Maison Européenne de la Photographie, des galeries, des musées, des centres photographiques, FRAC, des supports, magazines…
◑ Sans le saisir, tout à fait, au début de ma carrière de spectatrice, la photographie se révèle être indissociable du cinéma. Elle a éclairé mes yeux, étoffé ma culture avec des esthétiques abondantes déposées très tôt dans ma jeunesse.
- De cette enfance marquée par une cinéphilie américaine, paternelle, d’un cinéma davantage « populaire », je me suis laissée glisser à l’adolescence vers des ports britanniques, européens de l’Est, africains avec ses classicismes, ses symbolistes et autres inventeurs.
- Je me souviens du medium télévisuel comme porte d’entrée, voie d’accès direct à des séries anglaises, des films en V.O, des œuvres discrètes, grand public, d’une grande diversité aux genres diversifiés. Je me rappelle de l’importance majeure de chaines telles que Canal +, TCM, Canal Jimmy, Ciné-cinémas, ce dédale incroyable d’œuvres monstrueuses aurait pu me perdre, me noyer.
- Ces moyens m’ont permis de forger un respect profond voire une dette pour cette matière vitale à ma compréhension du monde, à mon émancipation.
« Tu ne tueras point » – Krzysztof Kieslowski (1988).
★ Directeur de la photographie: Slawomir Idziak . Pour ce film, il avait forcé sur les tons. Pour « La double vie de Véronique » (1991) il dut lutter contre les laboratoires et la production pour imposer une couleur plutôt verdâtre, et non une nuance trop ambrée. Il allait ensuite pousser la pellicule dans ses dernières limites pour filmer certains bleus intenses de « Trois couleurs : Bleu », le film suivant de Krzysztof Kieslowski.
Justes places
- Films d’auteur, néoréalisme, social, science fiction, fantastique, d’anticipation, philosophique, mystique, expérimental, romantique noir, policier, film noir, néo-noir, thriller, horreur, aventure, western, comédie dramatique, comédies…J’ai n’aime pas avoir recours à ces classifications, préférant voir, là, un travail d’auteur, d’artiste, de visionnaire, une œuvre chorale au sens d’ensemble où toutes les techniques, les facettes, les regards et les arts se répondent.
▾ Vous pouvez lire, une tentative de critique d’un objet film d’Antonioni, à la surface d’une lettre, un certain Cinéma italien, Le Cri
➳ Je n’ai pas écrit sur les personnages principaux de mon histoire culturelle, par timidité. Optant, parfois, pour une approche plus brève, avec, par exemple, un travail allégorique sur « Marnie » d’Alfred Hitchcock, j’ai mené cette démarche comme si ce film représentait une source pour l’étude de la fictivité des portraits féminins et donc un premier pas vers le projet photographique TAPKU
Restitutions
◒ Par amour pour l’histoire de la photographie, notamment son récit cinématographique, j’ai abordé, par le prisme de propositions d’ateliers (mini-sessions), en premier lieu, la photographie de Rudolph Maté et son travail pour Dreyer.
Puis, je me suis intéressée à Robert Krasker, depuis son travail, comme directeur de la photographie avec Carol Reed (Huit heures de Sursis/ Odd Man Out- 1947 et Le Troisième Homme/ The Third Man – 1949)
Huit heures de sursis – Carol Reed
⊿ Il y aurait tant à faire pour ces photographies, tellement de films à projeter, d’autrices à découvrir, de cycles à réfléchir… Elles sont témoins du monde, posent beaucoup de questions, soulèvent des doutes, déposent des incertitudes et nous laissent garant.
Recevoir ces histoires photographiques revient à tendre les yeux vers des propositions qui ont, très souvent, agi, pour moi, comme des remèdes. Comme pour tant d’autres, elles m’ont sauvé la peau.
▵ Voilà, dans les grandes lignes, il est vrai, avec quelques frustrations, je vous l’accorde, je m’en tiendrai là, pour maintenant. Dans l’espoir qu’un jour, qui sait, je poursuivrai ces passions pour l’image fixe et mouvement via l’expression d’autres pratiques, usages et métiers…
Bien à vous!
Isabelle Pompe Lehrfeld, décembre 2020
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