De Chair et de Sans

⇛De chair, humain, ne veut dire pas « humanisé », respecté, à de très nombreuses reprises. La prise en compte de ces paroles d’êtres humains qui se trouvent « sans » est peu répandue.

▿Narrés, utilisés, détournés, les récits se substituent aux panels, enquêtes mais sans restituer la perception de celle, de celui qui vit « sans ». Nous éviterons les « sans culotte » et les « sans dent », se retrouver « sans » engendre des souffrances plurielles, des humiliations gratuites, un respect de bord de route…

▴L’indécence est légion, restons solidaires et conscients.

▿La parole est difficile à prononcer: la crainte des jugements, la honte, les discriminations, l’hostilité, les logiques de domination, la lourdeur de la tache, le poids des représailles, l’habitude de ne pas être entendu…

⊿ »Toujours concernés par le remplissage de leur bourse, mais jamais de leur tête, pour lesquels leur richesse même devient une punition, les livrant aux mains d’un ennui torturant. Pour y échapper, ils s’agitent en tous sens, et voyagent ici, là, et partout. Pas plus tôt arrivés quelque part, ils s’enquièrent tout de suite avec inquiétude des amusements et des clubs, comme un pauvre s’enquiert des possibilités d’assistance ; car le besoin et l’ennui sont les deux pôles de la vie humaine. » Schopenhauer

Ces « sans » qui vont apparaître peuvent relever d’une catégorie à l’aune des classifications: celle des publics -dits éloignés de la culture. Réfléchissons, un instant, à cela.

Se taire est ordinaire

IPL

◐Ce qui nous intéressera, sans misérabilisme aucun, ce n’est pas la question de l’accès, tout en gardant à l’esprit que même si les volontés des politiques culturelles peuvent aller, plus ou moins, dans cette direction, l’intérêt des structures elles-mêmes, des porteurs de projet n’est pas, toujours, là.

Les publics dits éloignés et parfois même les publics de la culture tout court, on s’en moque un peu.

Publics de la culture trop abscons, complexes à définir, trop difficiles à toucher, trop d’efforts à fournir, nous n’en dirons mot, tout en étant au clair avec l’humeur de la dénomination.

Indépendamment des choses culturelles qui nous sont proposées -de quelle culture parlons-nous – nous regarderons, ces « publics » depuis leur humanité.

En dehors des catégorisations habituelles aussi étranges que le sont les labels, nous partirons de situations, de quotidiens « sans ». Certains ne vous sembleront, peut-être pas admissibles d’entrée, comme celui d’être sans famille, en revanche, beaucoup sont cumulables.

  • Pourtant, derrière cette injonction sociétale se cache, d’une part, une intense pression traduite en exclusion qui tient au caractère normé de la conception du couple et des enfants, et d’autre part, les propositions de programmation s’enlisent dans le « tout public« , ou le à voir en famille » qui nuit, sciemment, aux publics et à la créativité.

△NOUS NE rentrerons pas dans la matière culture, bien trop délicate à définir, toutefois, nous n’ignorons pas qu’il existe des logiques de domination entre pratiques culturelles, pro et amateur, par exemple, entre les lieux, à titre d’illustration, ceux qui sont à la recherche d’une visibilité territoriale voire nationale et ceux qui essaient de survivre.

↳A la manière de ce que peuvent vivre les être, c’est ça, depuis celles et ceux qui se voient confiés à des espaces protégés et celles et ceux qui sont les tripes à l’air.

La concurrence exacerbée entre les structures pour des motifs composites impose une très grande difficulté pour créer des réseaux, les hiérarchies des formes, les questions d’intérêt personnel l’emporte, bien plus: rayonnement quand tu nous tiens, mais pas que, la faute, aux courses folles que se livrent les collectivités elles-mêmes, les territoires eux-mêmes ? Possible.

▻Je privilégierai les territoires à l’aune de leurs formes de résistance, à même d’apporter davantage d’éclat et d’intégrité face à la parure fictive objectivée des images voulues.

◘Dans cette volonté d’investissement social étudié lors d’un séminaire, il faudrait créer un « GIEC » de la pauvreté comme le soulignait Olivier Noblecourt en février dernier lors d’un entretien

☉ »Réussir à démontrer le coût de l’inaction contre la pauvreté pour l’ensemble des acteurs d’un territoire. On ne construit pas de dynamique de croissance dans un espace ségrégué où le creusement des inégalités déséquilibre le corps social. Donc les entreprises ont leur part dans l’intérêt partagé à agir contre la pauvreté. »

  • Nouveau modèle de résilience : « Le sujet ne porte plus uniquement sur la relation descendante État-société civile, mais plutôt sur le partage d’une responsabilité par l’ensemble des acteurs… et au premier rang les personnes concernées. Cette question est fondamentale:

Comment le corps social crée-t-il les moyens de sa résilience en partant des besoins des personnes et plus en décidant à leur place?

Humains & Résistants

◍Nous pouvons ou avons pu être, sans argent (tout en sachant que nous parlerons ici de l’argent comme moyen de subsistance vitale), nous avons connu le fait d’être sans toit, nous avons eu à entendre des personnes sans papier, tout au long de notre vie, nous sommes, à certains instants, sans repère. Le fait d’être sans enfant, sans parent mais aussi sans travail a eu un impact déterminant.

▵Les « sans » peuvent se doubler, tripler et les complications, autres dommages collatéraux, nous explosent au visage au moindre pas.

▵Mettez-vous dans la peau de quelqu’un qui est étrillé, jugé, passé sous les rouleaux compresseurs multiples des injustices.

◃Mesurez-vous, un peu mieux, vos cruautés de traitement alors que vous les regardiez avec condescendance ? Estimez-vous l’allure indécente de vos pensées ?

↠Non, les « sans » ne possèdent pas un problème d’éducation mais c’est bien du côté du votre que les choses se gâtent.

△Nous tenterons de pointer les faits, les dysfonctionnements que ces états soulignent et véhiculent.

➞Pas d’ordre croissant au générique, ni d’ordre de grandeur ou de gravité, les « sans » ne respectent, qu’usuellement, l’ordre des choses.

➥Vous arrivés, suite à des voyages entrepris pour de bonnes raisons, vous êtes légitimes dans ce déplacement; vous quittez un pays en guerre, une zone de conflit, une ruralité opaque et sans avenir, une famille épuisée, une banlieue obscure et sans demain, une région sinistrée que vos parents subissent depuis trente ans, une commune réduite à peau de chagrin où les questions de mobilité relèvent du rocambolesque….

▔Tous ces motifs sont recevables, encore faut-il pouvoir partir.

Vouloir ne sera jamais pouvoir

☳L’arrogance de ceux qui n’ont pas lutté, qui ne sont pas fait insultés, qui ne reçoivent pas de gifles quotidiennes ne peut rivaliser avec tous les process d’exclusion, sciemment pensés, comme élément de destruction massive de nos sociétés contemporaines.

▚Non, on ne vous souhaite pas là, oui vos différences sont des plaies, ouvertes, parfois béantes, non, vos plafonds ne sont pas de verres mais de marbre. Vous êtes inhumés dans votre existence, enterré vivants, gaspillés et pire on crache sur la tombe des sacrifices de vos parents et de vos familles.

▫Parce que vous êtes vivant, vous vous retournez dans vos fosses et parvenez à vous extraire de ces territoires, véritable zones de non droit.

░Autour de vous, les autres semblent affairés et non que faire de vous, de vos tenailles récemment arrachées, de vos entrailles à l’air libre, de tout ce que vous avez perdu, sacrifié, de cette lamentable gageure au sein de laquelle vous étiez, sur le point, de vous noyer.

▕Dans un dénouement tragique, vous sortez, tout juste, de ce coma, pour vous rendre en direction d’un endroit où le coeur a toute sa raison, pensez-vous.

❑Déjà vous êtes arrivé sur un sol ferme, une terre non humide, vous pensez que l’hostilité était le masque horrifique que vous venez de quitter mais d’ici à ce que vous soyez vu, là, comme un être humain, il se peut qu’il y ait du chemin, voire une route encore plus longue et périlleuse que celle que vous avez déjà entrepris.

▾Vous êtes là mais sans toit. Dormir à la belle étoile c’est omettre la dangerosité de la nuit, l’inhospitalité possède bien des visages.

Être sans toit c’est aussi être livré à toutes les épreuves, tous les abîmes

➤De quelle décence pouvons-nous parler alors même que les cruautés se gravent dès le nom de famille, l’origine, et que les discriminations, pourtant condamnables par la loi, sont monnaie courante à l’école, dans la vie professionnelle, dans les relations interpersonnelles ?

▻Interrogez-votre propre regard, comment vous êtes-vous illustrés récemment, demandez-vous ce qui vous fait encore ciller ?

▢Honte à celui ou celle qui rejette l’autre en prétextant une faute personnelle dans la gestion de son parcours, un manque d’ambition, une défaillance éducative, une incapacité à gérer sa propre vie.

Le mal logement en France en 2021

▵Pour la 25e année consécutive, la Fondation Abbé Pierre dresse un état des lieux du mal-logement qui touche près de 15 millions de personnes en France.

▵Les personnes seules sont de plus en plus nombreuses à en être victimes.

▵Le 31 janvier 2020, la Fondation Abbé Pierre a remis au ministre du logement son 25e rapport sur l’état du mal-logement en France(nouvelle fenêtre)

▵La fondation a souligné les atteintes croissantes au droit au logement et a dénoncé les coupes budgétaires inédites dans le domaine du logement.

▵Le ministre a annoncé l’agrément de près de 110 000 logements sociaux en 2019.

4 millions de personnes mal-logées ne disposent pas de logement personnel ou sont mal logés:

[Je me souviens, à la perfection, de ces deux années et demi où je me suis trouvée « chez » en colocation, sous location, hébergée à titre gratuit, dehors…Où mon nom n’apparaissait sur aucun contrat de bail, avalé, effacé, masqué par défaut de toit.]

  • 902 000 ne disposent pas d’un vrai logement personnel : elles sont sans domicile fixe (SDF), vivent dans des habitats de fortune, ou sont hébergées par des tiers (amis, famille…) ; 
  • 934 000 vivent en situation de surpeuplement accentué (ménages auxquels il manque deux pièces par rapport à la norme de peuplement) ; 
  • 2,1 millions habitent des logements sans confort (pas de salle de bains, toilettes communes sur le palier, absence de chauffage).

➲Plus de 12 millions de personnes sont fragilisées par rapport au logement (en situation de surpeuplement modéré, impayés de loyers, copropriétés en difficulté).

▔Le rapport pointe par ailleurs :

  • un nombre record d’expulsions locatives avec 15 993 ménages expulsés avec le concours de la force publique en 2018 (3% de plus qu’en 2017) ;
  • un record de nuitées hôtelières : 49 733 personnes mal-logées sont hébergées chaque nuit à l’hôtel (+7 % par rapport à 2018), 
  • une augmentation des coupures d’énergie : 572 440 interventions pour impayés réalisées par les fournisseurs d’énergie en 2018 (+4,2% par rapport à 2017). Cette hausse s’accélère en 2019 (+20% pour le premier semestre).

▾Personnes âgées, jeunes en début de carrière, personnes migrantes, célibataires, couples séparés… 22% des personnes vivant seules sont mal-logées.

▾Elles représentent 65% des SDF.

▾En raison de leurs ressources moindres (la pauvreté affecte 20% des personnes seules, contre 14% de l’ensemble de la population), d’un accès limité au parc social (pas assez de petits logements) et du coût élevé des petits logements, les ménages isolés consacrent une part plus importante de leurs revenus à leur logement.

▾46% des personnes pauvres seules subissent un effort important pour se loger.

➼À l’approche des élections municipales et communautaires de mars 2020, le rapport interpelle les futurs élus sur la question du mal logement et souligne les marges de manœuvre dont ils disposent pour résorber la crise du logement :

  • Respect des droits des personnes sans-abri,
  • Mise en œuvre du Plan pour le logement d’abord(nouvelle fenêtre),
  • Réforme des attributions de logements HLM,
  • Respect des objectifs de la loi pour la solidarité et le renouvellement urbain (SRU),
  • Résorption de l’habitat indigne et de la précarité énergétique,
  • Rénovation urbaine…Source

▷De ce fait, 15 millions de personnes concernées par ces états chaotiques le sont pour des raisons politiques, à l’aune de manquements, d’irresponsabilité, de non respect de la loi.

◔A l’échelle citoyenne, cela devrait vous scandaliser, à la hauteur de vos fonctions, il devient urgent de vous repositionner.

◍L’endroit d’où vous vous exprimez vous semble comment, confortable ? Vos propos, vos outils, vos approches, vous paraissent, adaptés ? Votre degré de connaissance, votre expertise du mal logement se situe à quel endroit, vous êtes plutôt low level ?

▲ Sans volonté culpabilisation, reprenez en humilité, laissez-vous émouvoir, emporter par un peu de militantisme. La programmation culturelle à l’échelle des territoires va avec la prise en compte véritable de ces situations. Laisser tomber les êtres relève d’actes, de systèmes de pensées à bannir.

◌Une valorisation, fondée sur des valeurs solidaires, pourrait avoir de multiples effets. La culture comme fabrique de l’humanité pourrait être un relai actif à ces « sans » voix mais pas « sans » visages.

◁Vous pouvez être « sans toit » mais aussi avoir de quoi vous loger. Sauf que, la lente voire mortifère chaînes aux différents maillons pour accéder à un toit relève de la victoire de super héros.

◖Vous avez votre adresse, voilà une chose incroyable de faite, tandis que certain.e.s ont leur parent pour penser à tout cela, broutille, vous avez mis 2 ans, 5 ans pour y parvenir à gravir cette montagne incommensurable de l’accès à un simple droit!

Nous ne sommes pas égaux en droits

➢Vous êtes avec un salaire mais êtes sans argent.

▾Après avoir réduit drastiquement vos dépenses sans passer par la case infernale du crédit, du job au noir, des situations calamiteuses de l’uberisation… Mais comment avez-vous fait, quelle est votre conduite, votre pilotage ?

▾Alors même que votre vie ressemble à une route verglacée faite de lacets qui finira par épuiser vos nerfs en raison de la concentration maximale requise pour conduire sans sombrer dans les précipices tendus comme des mauvaises mains, vous re-déterminez vos besoins.

◢Deux ennemis au « sans argent », la faim et l’ennui:

L’ennui est un oiseau de rêve qui couve l’œuf de l’expérience, Walter Benjamin.

Il est un autre sentiment qui aide grandement à supporter la misère. […] c’est un sentiment de soulagement, presque de volupté, à l’idée qu’on a enfin touché le fond.

◐ »Vous découvrez l’ennui, compagnon obligé de la pauvreté – ces moments où, n’ayant rien à faire, vous vous sentez incapable de vous intéresser à autre chose qu’à votre estomac qui crie famine.

▾Vous passez la moitié de la journée allongé sur votre lit, dans l’état d’esprit du jeune squelette de Baudelaire. Seule la nourriture pourrait vous arracher à votre torpeur. Vous vous apercevez qu’un homme qui a passé ne serait-ce qu’une semaine au régime du pain et de la margarine n’est plus un homme mais uniquement un ventre, avec autour quelques organes annexes. »

Orwell a écrit de nombreux textes, dont son premier livre publié en 1933, Dans la dèche à Paris et Londres (Down and Out in Paris and London). Il écrivit ce livre après avoir partagé, volontairement, le sort de ces malheureux, dans les asiles de nuit, dans les champs de houblon du Kent, dans les arrière-cuisines de cafés et de restaurants parisiens.

Vous avez en même temps fait cette découverte capitale : savoir que la misère a la vertu de rejeter le futur dans le néant.

▵Sans argent, être précaire, de quoi sont fait vois jours et nuits ? A quoi ressemble vos To Do list ? Ne sont-elles pas pure provocation car comment programmer, planifier quoi que ce soit dans ce cas ?

—–

◁Vous avez de quoi payer votre adresse, vos factures mais votre frigo est vide, désespérément vide, presque encombrant de ces étagères vides, vos placards le sont aussi, vous ouvrez les portes de ces gueules béantes, ils vous hurlent dessus: VIDE!

◔Ce n’est pas léger comme état de vie, la faim, ce n’est pas futile, vague ou terne, c’est net comme une cavité monstrueuse.

La FAIM

➳Quel est le poids de l’insécurité alimentaire en France ? On ne dispose que de peu d’éléments pour répondre à la question.

▾Être pauvre, c’est se priver, d’autant que le taux de pauvreté ne baisse plus depuis le tournant des années 2000, en outre, nous avons conscience qu’il faut nous résoudre, en dehors de l’alimentation, à une liste de privations:

  • Retards de paiement pour 8,3% des Français (impossibilité de payer à temps à plusieurs reprises) 
  • Impossibilité de maintenir le logement à bonne température pour 5,7% des personnes ;
  • 24,1% qui ne peuvent payer une semaine de vacances par an ;
  • Acheter des vêtements neufs (13,6%) ;
  • Offrir des cadeaux (9%), etc. 

▁En 2016, l’insécurité alimentaire est de 3,9 millions de personnes, environ 6 % de la population totale, utilisent les services de l’aide alimentaire (banques alimentaires, restau du coeur, etc.), selon le ministère de l’Agriculture 1.

▾Ce chiffre ne rassemble pas l’ensemble de la population en situation d’insécurité alimentaire, il faudrait ajouter ceux qui ne recourent pas à ces services. [Pour celles et ceux qui connaissent ou ont fait l’expérience douloureuse des « colis », ou qui ont du narrer l’intégralité ou presque de leur vie, justificatifs à l’appui, face à un.e anonyme, souvenez-vous des effets multiples du malaise ]

▴Ce chiffre progresse, de manière redoutable, passant à 5, 5 millions de personnes aujourd’hui.

Aide alimentaire

Tu manges ce qu’on te donnes, tu ne choisis pas

▵ »En France, 5,5 millions de personnes bénéficient de l’aide alimentaire. Les effets du confinement et la crise économique à venir mettent au défi les associations.

▵15 millions de mal logés- 5,5 millions de personnes pour l’aide alimentaire, vous commencez à saisir l’enjeu ? Les chiffres ne sont pas dérisoires.

►De surcroît, observez votre propre attitude en lien avec la consommation et depuis vos lieux, vos réseaux, vos communautés, que pouvez-vous enclencher de manière sociétale ?

Gaspillage alimentaire

Un aliment produit sur trois termine encore à la poubelle

❏ »En France, les pertes et gaspillages alimentaires représentent 10 millions de tonnes de produits par an, soit une valeur commerciale estimée à 16 milliards d’euros, soit 20 à 30 kg d’aliments jetés par personne, selon l’Ademe (Agence de la transition écologique). Un non-sens aussi bien écologique qu’économique.

▴Toutes les étapes de la chaîne alimentaire, production, transformation, distribution et consommation, participent aux pertes et gaspillages alimentaires.

▾Les mesures sanitaires prises pour freiner la propagation du coronavirus perturbent les systèmes d’approvisionnement et accentuent le gaspillage.

Un tiers de l’ensemble du gaspillage alimentaire se fait à la maison. Or les dates limites de consommation représente près de 20% du gaspillage alimentaire des consommateurs.

Le monde

On estime qu’en 2018, 820 millions de personnes souffraient de faim, contre 811 millions l’année précédente, une augmentation pour la troisième année consécutive. Source

Réseau de don

Économie de don : nous faisons une confiance encore trop aveugle à l’argent, sans nous demander si le troc, le don n’est -il pas la manière la plus adaptée pour partager ?

 » En échange de quelques heures de bricolage et de maraîchage chaque jour, nous avions ce logement et la nourriture assurée. »Source

La valorisation culturelle pourrait parfaitement s’inscrire dans cette volonté inclusive de transition

▀Lutter contre le gaspillage, permettre à chacun.e de choisir ce dont il a besoin…La mise en réseau que peut représenter la culture (lieux, abonnés, acteurs, associations) pourrait s’illustrer dans cette direction. Responsabiliser d’un côté et deshumilier de l’autre en faisant respecter le droit à l’alimentation qui protège le droit de tous les êtres humains d’être à l’abri de la faim, de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition.

◌De plus, il serait plus que le moment de ne plus mettre sur le même niveau « sans emploi » et « RSA » au regard des grilles tarifaires d’accès aux structures culturelles. Les difficultés n’ont, le plus souvent, rien à voir.

-Pas de pied d’égalité de traitement, de ce fait pas de confusion, pas de même sac ni de même panier.

MESSAGES de la part des publics -dits éloignés de la culture

La CAF: merci de réaliser des documents qui ne font pas apparaitre, même pour vous socialiser devant quelconque billetterie, votre montant APL et vos ressources mensuelles. [Je vous mets au défi de rester tranquille et de sortir votre grand livre de la misère alors même que bien peu de discrétion et de confidentialité sévissent. Vous vous sentez à poil, où est le plaisir ? Est-ce bien nécessaire ?]

Les structures: Il serait mieux de pouvoir vous adresser par mail en PJ, via le net, depuis une appli, le dit-justif, histoire que vous puissiez accorder un peu de répit à celle ou celui qui, malgré sa vie scabreuse, parvient avec un courage, sans faille, à affronter vos guichets grand ouvert et le regard des autres.

Les publics dits éloignés de la culture aimeraient sincèrement que vous les souteniez!

▵Vous êtes perdu, géolocalisable à peine, dans un sibyllin brouillard, vous apercevez vos mouvements mais ne contrôlez pas grand chose. Votre machine corps-pensée ne sait plus trop quoi faire de vous, avec vous, encore moins.

L’absence de repère est jugé avec sévérité mais vous n’avez plus de guide, pas de modèle…

▾Les quêtes sont obsessionnelles, de sens, d’utilité, d’argent, de rencontre…Elles font office de protocole, de justification d’existence, « être sans » serait une insulte, être perdu, livré à vous-même n’est pas recevable…Ne bougez pas, on vous lance des cailloux.

▾L’ascension sociale est mince en France : l’OCDE a calculé qu’il fallait six générations pour que les descendants d’une famille en bas de l’échelle des revenus (les 10% les plus bas) se hissent au niveau du revenu moyen, soit 180 années…

▾L’essentiel (70%) des pauvres sont inactifs ou chômeurs.
▾Les immigrés sont beaucoup plus fragiles que les Français : en 2013, 37% des personnes vivant dans un ménage immigré étaient sous le seuil de pauvreté contre 14% pour l’ensemble de la population.

On vit plutôt dans une grande ville lorsque l’on est pauvre : près d’un tiers habitent les centres-villes et un autre tiers dans leurs banlieues. 2018 – Source

La non prise en compte de la violence des formes d’exclusion

➜Vous ne résidez pas dans une grotte et quand bien même, vous êtes en difficulté quant à vos secondes et minutes, à vos plannings morts nés, votre gestion du temps apparait hasardeuse, et alors ?

▴Le repère, le point fixe est un luxe. Les jours sont mêmes, les mauvaises nouvelles gangrènent vos idées, l’ennui, le tourner en rond, le y’a rien à voir, le circuit court du pareil ne vous donne plus la nausée mais vous fait toujours souffrir.

Imaginez cela.

Le passage pur du temps, le temps nu, réduit à une essence d’écoulement, sans la discontinuité des instantsCioran

▴Un petit guide, édité par la Cimade, contre les préjugés sur les migrants

Exclus et traumatisés

▭ »Les jeunes personnes mineures qui arrivent en France sont les rescapés d’un voyage extrêmement violent, que des politiques de dissuasion des migrations à tout prix rendent de plus en plus dangereux. Leur détresse est exacerbée par la maltraitance et l’exclusion institutionnelle organisée qu’ils rencontrent sur le territoire français.« 

▏Derrière le terme administratif de “mineurs non accompagnés” (MNA) se trouvent des adolescents de moins de 18 ans, originaires de pays étrangers et arrivant en France sans famille. Certains ont choisi de quitter leur pays, la plupart y ont été contraints.

▵Alors que les lois et les conventions internationales obligent la France à les protéger, très peu est mis en oeuvre pour les mettre enfin à l’abri et prendre soin d’eux.

▵Pire, l’administration française leur impose des démarches volontairement complexes et excluantes, basées sur une instruction à charge de leur dossier.

▵Ce système pousse ainsi les jeunes vers toujours plus d’errance et de précarité et permet aux autorités de se dédouaner de toute responsabilité.

➤L’année 2020 a été particulièrement marquée par la Covid-19 et par l’abandon total de ces jeunes face à la pandémie par les pouvoirs publics, qui les ont laissés à la rue alors que le pays entier était invité à se confiner.Source

Quelques organismes pour proposer, soutenir et agir à l’échelle locale, en région et au-delà…

UNIOPSS

▷L’Uniopss porte auprès des pouvoirs publics et de l’opinion la voix collective des associations de solidarité, engagés auprès des personnes vulnérables et fragiles.

▾Son ancrage territorial ainsi que son expertise dans l’ensemble des champs de l’action sanitaire et sociale (handicap, personnes âgées, santé, enfance, famille, jeunesse, lutte contre l’exclusion…) permet à l’Uniopss de porter une analyse transversale des problématiques.

▾Dans le cadre d’une véritable prospective, le réseau Uniopss affirme la volonté de construire l’avenir malgré les déterminismes et les contraintes invite, entre autres, à refonder les solidarités.

PROTECTION DE L’ENFANCE

➪ »On comptait en France près de 306 800 mesures de protection de mineurs fin 2018, ce qui marque une hausse de 3% par rapport à 2017, due principalement à l’augmentation du nombre de mineurs non accompagnés (MNA). Il s’agissait, pour 53% d’entre elles, de mesures de placement et, pour 47%, d’actions éducatives (accompagnement matériel et éducatif du mineur et de sa famille ou du jeune majeur).

▾Le pacte pour l’enfance 2019-2022

« La Cour des comptes, dans un rapport de novembre 2020, estime que la politique de protection de l’enfance souffre de dysfonctionnements liés à :

  • une gouvernance nationale et locale trop complexe et défaillante ;
  • un manque de coordination entre les différents acteurs de la protection de l’enfance ;
  • la lenteur dans la mise en oeuvre des lois de 2007 et 2016, encore peu appliquées.

Pour sa part, le Défenseur des droits, dans son rapport de 2020 sur les droits de l’enfant, préconise de tenir compte davantage de la parole de l’enfant.

▾En matière de protection de l’enfance, il déplore la réticence de nombreux professionnels à faire participer les jeunes aux décisions les concernant.

▾Le PPE n’est pas réalisé systématiquement et, lorsqu’il l’est, l’enfant ne semble pas pleinement associé à sa construction.

Le Défenseur des droits recommande aux pouvoirs publics de:

  • Mieux prendre en compte la parole de l’enfant à chaque étape de sa prise en charge et au sein des établissements d’accueil.

Cette difficulté à pouvoir s’exprimer et faire entendre sa voix est accrue pour les mineurs non accompagnés.

  • Dans la procédure d’évaluation de leur minorité et de leur isolement, leur parole est souvent recueillie dans des conditions inadéquates par des professionnels peu formés, sans interprète.
  • Selon le Défenseur des droits, ils sont trop souvent considérés comme des étrangers en situation irrégulière plutôt que comme des mineurs à protéger.
  • Il conteste la légalité du fichier biométrique et s’oppose au recours aux tests d’âge osseux.

-En France, plus de 52 000 enfants ont subi en 2018 des violences, des mauvais traitements ou un abandon.

●La même année, 122 mineurs ont été victimes d’infanticide, dont 80 dans le cadre intrafamilial.

➝Plus de 23 500 plaintes ont été déposées pour violences sexuelles sur mineur dont 7 260 dans le cercle familial.

///Les traumatismes subis par ces enfants pèsent parfois gravement sur leur vie d’adulte

Le tabou de l’inceste : selon un sondage Ipsos, de novembre 2020:

  • 1 Français sur 10 affirme avoir été victime de violences sexuelles durant son enfance.
  • Bien qu’encore trop rares, les études sur le sujet montrent qu’entre 5 % et 10 % des Français ont été victimes de violences sexuelles durant leur enfance, qui se déroulent, dans 80 % des cas, au sein de la sphère familiale. Source

ORPHELINAGE

↳Le fait d’être sans parent ne permet pas d’avoir de modèle pour se construire ou d’évoluer depuis un socle. Le fait d’être orphelin est une situation largement méconnue.

▪La 1ère grande enquête date de 2011:

« Si vous demandez aux gens quelle définition ils donnent d’un orphelin, vous verrez toute la méconnaissance de la population envers ce sujet », regrette Emmanuelle Enfrein, responsable de la Fondation Ocirp

Depuis 2009, cette structure entend faire connaître et reconnaître socialement la situation des jeunes orphelins. Qui, pour rappel, le deviennent dès qu’ils ont perdu soit, leur père, soit, leur mère ou les deux.

➻Combien sont-ils ?

Selon la dernière enquête de l’Institut national d’études démographiques (Ined) réalisée en 2003, ils seraient 800 000 orphelins de moins de 25 ans.

Une nouvelle étude en cours tendrait à montrer, en 2016, un chiffre en baisse aux alentours de 650 000 enfants. « C’est, en moyenne, un enfant par classe.

Nous sommes donc tous touchés de près ou de loin par cette réalité », renchérit Emmanuelle Enfrein.

  • Sept fois sur dix, l’enfant est orphelin de père.

« Pourquoi aussi invisibles ? « La mort est taboue dans notre société et encore plus dans l’univers des enfants. D’ailleurs, à l’école, aucune case n’est prévue dans les fiches à remplir pour un parent décédé. »

« « Notre étude sur la scolarité des orphelins, lieu de socialisation par excellence, est un des leviers de notre action pour, très tôt, repérer et aider l’enfant ».

Quelques chiffres montrent l’urgence :

  • La moitié estime que l’orphelinage a eu de fortes conséquences sur leur scolarité,
  • Leur santé
  • Leurs relations amicales et amoureuses.
  • Puis, sur leur orientation puisque 28% des adultes ayant perdu un parent pendant l’enfance ne sont titulaires d’aucun diplôme, contre 17% de l’ensemble des adultes. »Source

« En confrontant plusieurs méthodes et sources de données, nous estimons le nombre d’orphelins de moins de 25 ans en France en 2015 entre 600 000 et 650 000, dont 250 000 à 270 000 mineurs.

Presque trois orphelins sur quatre sont des orphelins de père dont la mère est vivante.

Un peu plus de 9 orphelins sur 10 vivent avec leur parent vivant, bien souvent dans une famille monoparentale.

Sur le plan social, les familles des orphelins sont plus à risque que les autres familles d’avoir un niveau de vie faible, car elles sont plus souvent monoparentales ou recomposées, mais aussi en raison de caractéristiques sociales du ou des adultes de la famille moins favorables : diplôme plus faible, parent plus souvent inactif, ouvrier ou employé. »Source

Les normes françaises

○ »La famille a beau évoluer en même temps que la société, le modèle traditionnel reste majoritaire. Selon le rapport Couples et familles publié par l’Insee (2015), qui exploite principalement des données de 2011:

//Sur les quelque 7,8 millions de familles qui hébergent au moins un mineur:

  • 70% sont composées de deux parents, mariés ou non, avec leur progéniture. 
  • La moitié d’entre elles est formée d’un couple marié avec ses enfants.

Selon ce rapport, le mariage reste par ailleurs la norme.

En France métropolitaine, 73% des couples sont mariés, 4% pacsés, 23% vivent en union libre et 4% ne vivent pas ensemble.

MONOPARENTALITÉ

« La monoparentalité reste essentiellement maternelle (85%) et s’est surtout répandue parmi les femmes les moins diplômées. 

Leurs conditions de vie restent plus difficiles que celles des autres familles et les enfants plus exposés au risque de pauvreté :

  • 35% des enfants pauvres résident dans une famille monoparentale.
  • Les parcours des hommes et leur situation familiale restent très différents de ceux des femmes, avec une plus faible monoparentalité (15%) et une remise en couple plus rapide après une rupture.
  • Le niveau de vie des femmes avec enfant(s) recule de 20% après une séparation
  • Celui des hommes de 3%. 

○ Le terme « sans-papiers » désigne toute personne étrangère vivant en France sans titre de séjour. Il s’apparente à celui de « clandestin », apparu dans le vocabulaire politique et administratif à la fin du XIXe siècle, avec les premières mesures définissant strictement les conditions du « droit au séjour » des étrangers. Source

LES DROITS des étrangers

☷Les droits des étrangers en France sont en partie les mêmes et en partie différents de ceux détenus par les citoyens français. On désigne ici par « étranger » toute personne ne possédant pas la nationalité française.

Droits différents

Les droits politiques (droit de vote et d’éligibilité) ne sont pas reconnus aux étrangers. Seuls les ressortissants des pays de l’Union européenne résidant en France ont le droit de vote et d’éligibilité aux élections municipales et européennes.

À l’exception des emplois dits de souveraineté (diplomatie, défense…), l’accès aux corps et emplois de la fonction publique est possible pour :

  • les citoyens nationaux d’un pays membre de l’Union européenne ;
  • les ressortissants de la Norvège, de l’Islande et du Liechtenstein, des principautés d’Andorre et de Monaco et de la Suisse.

Les étrangers non européens ne peuvent pas devenir fonctionnaires titulaires. Seuls les emplois de chercheurs des établissements de recherche, de professeurs de l’enseignement supérieur et de médecins des établissements hospitaliers leur sont ouverts […]

Droits identiques

Dans certains domaines, les étrangers jouissent des mêmes droits que les citoyens français.

Sous réserve de travailler de manière déclarée, les étrangers bénéficient des prestations de la sécurité sociale (assurance maladie, indemnisation des accidents du travail, congés de maternité pour les femmes…).

Les étrangers sont électeurs dans les instances représentatives du personnel. Ils peuvent être élus délégués syndicaux. Ils peuvent être membres des comités d’entreprises et délégués du personnel. Ils sont électeurs et éligibles dans les conseils d’administration des caisses de sécurité sociale, les conseils d’administration des établissements publics gérant des logements sociaux (OPAC, OPHLM).

Ils peuvent être élus parents délégués et, à ce titre, participer aux conseils des écoles maternelles et élémentaires, ainsi qu’aux conseils d’administration des collèges et des lycées. Ils peuvent aussi participer aux instances de gestion des universités (la présidence de l’Université restant monopole national).

Les étrangers ont accès à la justice, le droit à l’aide juridictionnelle, le droit de faire des recours contre les actes de l’administration, de porter plainte, d’être partie dans un procès pénal ou civil. 

Les ressortissants de l’Union européenne ont le droit de voter pour désigner les assesseurs des tribunaux paritaires des baux ruraux et dans d’autres organismes agricoles. Mais seuls des Français peuvent être membres des chambres de commerce et d’industrie (CCI), des chambres d’agriculture et des chambres de métier.Source

Étrangers sans papiers ?

Sans papiers: étrangers en situation irrégulière.

Un sans papier est un étranger en situation irrégulière sur le sol français. On emploie parfois, de manière souvent péjorative, le terme de clandestin. Un sans papier peut demander, sous certaines conditions, sa régularisation (par le travail ou pour d’autres motifs). Les sans papiers peuvent se marier.

Régularisation

Les demandes de régularisation sont prises en charge et traitées par les préfectures ou les sous-préfectures.

Dans la démarche de régularisation des sans papiers, la solidité du dossier est l’élément le plus important.

Plus de 31 000 étrangers en situation irrégulière ont dû quitter la France en 2019, dont plus de 8 800 retours forcés vers des pays tiers.

Que ce soit pour une mission temporaire ou pour un séjour prolongé, la régularisation est une étape primordiale pour les étrangers qui souhaitent s’établir sur le territoire. Les règles en matière de régularisation des sans-papiers sont précisées dans la circulaire Valls.

Les sans papiers, ces invisibles ?

les employeurs les utilisent comme des variables d’ajustement, Maryline Poulain

« Les migrants sans titre de séjour sont nombreux dans les secteurs qui font tourner l’économie, en cette période de coronavirus.

Sous payés, sous protégés

Tous les jours, accroché derrière un camion poubelle, il collecte les ordures ménagères des habitants de l’Essonne. Depuis le début de l’épidémie de coronavirus, ce jeune intérimaire malien, arrivé en France en 2018, est particulièrement demandé.

« Les salariés embauchés ont pris des jours des congés depuis la maladie, alors nous, les intérimaires, on a beaucoup de travail, explique-t-il. Et dans mon équipe, on est une majorité à ne pas avoir de papiers. »

Dans la restauration, le bâtiment, les coursiers à vélo….

« « Chez les coursiers à vélo, il existe un tas de gens qui sous-louent leur compte à des sans-papiers. Il est fréquent qu’ils ne paient pas ce qu’ils doivent ou disparaissent au moment de payer », ajoute Arthur Hay (secrétaire du Syndicat des coursiers à vélo de Gironde, auditionné par la commission des affaires sociales du Sénat, lundi 25 mai 2020, alors qu’une proposition de loi sur le statut des travailleurs des plateformes numériques devait être débattue)Source

Reconnaissance

« Il faut reconnaître la place essentielle de ces travailleurs dans les activités indispensables, et leur donner des droits qui leur permettent de sortir de la marginalité », estime de son côté Frédéric Sève, secrétaire national CFDT. »

Une discrimination systématique

Suite à un accident du travail, 25 ouvriers maliens sans-papiers, employés sur un chantier de démolition parisien, ont saisi la justice, qui a reconnu une « discrimination systémique » en raison de l’origine et de leur situation irrégulière.

C’est peu dire que Me Aline Chanu, avocate mandatée par la CGT pour défendre 25 ouvriers maliens sans-papiers employés sur un chantier du bâtiment, est satisfaite.

Par une décision du 17 décembre 2019, le conseil des prud’hommes de Paris a donné raison à ses clients en retenant non seulement le travail dissimulé mais aussi, de façon beaucoup plus novatrice, le caractère de « discrimination systémique » en raison de l’origine et de la situation administrative. Source

Ce qui a permis à chacun des 25 manœuvres d’obtenir 34 000 € dommages et intérêts, dont 17 000 € au titre de cette discrimination.

« C’est un jugement inédit et une sacrée victoire pour des personnes à qui on ne reconnaissait jusqu’ici aucune dignité »

Les sans papiers, ces inaudibles ?

A l’occasion de la journée internationale des migrants, vendredi 18 décembre 2020, des milliers de sans-papiers ont manifesté en France pour réclamer leur régularisation, mettant en avant la situation des clandestins fragilisés par la crise sanitaire.

Après celles de mai, juin et octobre, qui avaient réuni des milliers de personnes, cette quatrième journée de mobilisation a eu lieu dans une cinquantaine de villes, dont Bordeaux, Marseille ou Strasbourg. Source

Appels à la régularisation

« la crise sanitaire met en lumière les profondes inégalités qui, traversant la société française, frappent ses membres sans distinction de nationalité », la Cimade, association historique de défense des droits des migrants, a demandé le 27 avril dernier « une régularisation immédiate et durable des personnes sans-papiers ».

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Alors, voilà, un aperçu de ce que peuvent endurer, recevoir, vivre, ces personnes dites éloignées. Elles sont surtout prises en otage du fait du non respect de leur droit, victimes, la plupart du temps, invisibilisées, peu enquêtées, incomprises ou reconnues….

Demandez-vous, à l’ère de cette responsabilité sociétale qui est la nôtre, quelle est notre part de responsabilité dans tout cela?

Inquiétez-vous, acteurs culturels, du dysfonctionnement de vos compréhensions, acteurs de la valorisation, de l’inefficacité de vos approches et dispositifs.

Il n’est jamais trop tard pour apporter, dans le cadre d’une prospective sociétale digne, des correctifs et des transformations.

Non, ces personnes ne sont pas sans intelligence, ni noblesse de coeur, non, elles ne sont pas inférieures à vous, elles en ont, par contre, assez d’être inféodées, discriminées et bâillonnées.

La culture devrait être un exemple, à l’échelle humaine, en matière de respect et de responsabilité.

Les droits culturels, nous y reviendrons, ne sont pas du vocabulaire formule. Les ressources d’un territoire sont à valoriser, avec une plus grande pluralité, sans exclure le monde de l’entreprise, sans opposer, de manière binaire, les secteurs publics- privés, c’est parfaitement absurde.

Sachez, par ailleurs, que la culture, telle qu’elle s’essaime, se reçoit, se maintient dans cette particularité hors sol qui est la sienne, pensée pour d’autres, sans entendre ni voir le chemin déjà parcouru par ces publics, qu’elle connote éloignés.

Les obstacles additionnés, toutes les ressources que ces êtres ont du déployer, ce courage monstrueux, ils sont une leçon de vie.

Cette culture peut apparaitre comme l’incarnation de tout ce qu’ils ont subi, la tête pensante de ce qu’ils sont reçu comme gifle. Ce patrimoine (matériel souvent édifices religieux, monuments historiques) qui leur est présenté comme l’unique Richesse à contempler est une énième humiliation.

Il me parait, parfaitement, opportun, que leur refus catégorique d’être étiquetés tient ô combien la route, et n’est-ce pas vous, les idoles, les icônes culturelles qui vous tenez éloignées de ces vies!

Rapprochez-vous et soyez solidaires!

Isabelle Pompe L, 18 avril 2021.

Une réflexion sur “De Chair et de Sans”

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