Shira Haas, statement of the case

Unorthodox d’Anna Winger, Les Shtisel, une famille à Jérusalem….Shira Haas est une comédienne israélienne exceptionnelle, 1ère à être nommée dans la catégorie meilleure actrice dans une série, mini-série ou téléfilm aux Golden Globes, cette année, pour son interprétation sensationnelle d’Esther Shapiro dans Unorthodox

Statement of the case, parce qu’il m’apparait évident de réparer une forme d’injustice, Shira Haas méritait, ô combien, ce prix, voici quelques éléments de preuves…

« C’est aussi un moment historique pour moi, d’être nommée, c’est la première fois qu’une actrice israélienne est nommée » – Shira Haas

◓Cette jeune femme serait l’incarnation d’un défi. Comment ne pas se laisser emporter par elle ? L’envie de la suivre dans ses méandres subtils est irrésistible, de la porter aux nues pour sa sensibilité d’interprétation, l’est tout autant.

◌Elle est un physique aux abords vulnérables, une figure solaire, une fébrilité à l’éclat lunaire, un air-ailleurs, un visage-voyage, un portrait de jeune femme hors du temps à la maturité saisissante.


Rushami, ses frères et sa mère Giti Weiss (Neta Riskin).

▷Je l’avais découverte pour la série Les Shtisel, alors qu’elle interprétait Rushami Weiss /Tonik…Série qui lui offre la possibilité de signer ses performances, elle est fille, soeur, femme puis, enfin, mère. Elle personnifie le visage symbolique de la famille Weiss.

▴Alors qu’elle défend et soutient sa mère, elle souhaite lui rendre justice, l’expulser de son silence en faisant éclater la vérité quant à l’abandon familial de son père…

▴Elle exprime la volonté d’équité, d’équilibre. Avec une infinie justesse, elle matérialise la résignation de sa mère voire sa soumission, symboliquement celle de nombreuses femmes, et devient, ensuite, l’alter égo du père qui tente, non sans mal, d’installer une autorité et instaure un respect, non négociable, envers sa fille.

Rushami est instituée Femme, détentrice de mémoires, figure centrale, pivot familial, source de vie.

  • NB/ La 1ère saison de la série remporte toutes les distinctions possibles à savoir dix prix de l’Académie de la télévision israélienne en 2014 : meilleure série dramatique, meilleur réalisateur, meilleur scénario, meilleur chef opérateur, meilleur montage, meilleure musique, meilleurs effets sonores, meilleurs décors, meilleurs costumes, meilleurs maquillages

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Rushami découvre Hanina alors qu’elle n’a que quinze ans, elle le protège, le nourrit, le prend sous son aile et devient permissive, ils se marieront, à l’insu de ses parents.

⊿Le jugement et le regard très sévère que portera, sur elle, sa mère nous convie à réfléchir à la portée emblématique de cet acte.

▿Il est à recevoir comme l’unique réponse à l’absolu besoin de famille. Nous sommes témoins des mutations de cette adolescente dans sa volonté indéniable de s’offrir, avec dignité, une trajectoire d’adulte.

▿Ces gestes apporteront une autre dimension à son personnage, l’urgence d’agir s’est décidée avec lucidité et non sur un coup de tête. Les choix de Rushami et toutes les conséquences, en termes de responsabilité qui vont de pair, étoffent le portrait, déjà incandescent.

▿Elle prend en relief, en ampleur, l’intensité d’une fatalité médicale sera poussée à son extrême, elle prendra le risque de perdre la vie pour parvenir à donner naissance.

▿Ce combat intense entre la vie et la possible disparition donnera lieu à des enregistrements, à la constitution d’un matrimoine mémorielle. C’est là, que ce personnage, gravé de tourments, nous bouleverse le plus, son désir d’être mère outrepasse toutes les lois naturelles.

▿Véritable tragédie dans le récit, nous pensons à la fille sacrifiée, au repentir, à la victoire monstrueuse et impossible, à ce destin auquel elle fait une confiance aveugle, acceptant, toutes les éventualités possibles sur son passage.

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◖Tous les chemins présentés lors de cette série sont pertinents, émouvants, il n’en demeure pas moins que le rôle brodé sur mesure pour la toute jeune Shira Haas laisse présager une carrière monstrueuse à la comédienne.

Série- Shtisel, une famille à Jérusalem

// Akiva et Shulem Shtisel, père et fils, sont assis sur un petit balcon donnant sur les rues du quartier de Geula, à Jérusalem. Cela va faire un an que la mère est morte. Tous les autres enfants ont quitté le nid, Akiva et Shulem sont seuls. Ils se disputent, se réconcilient, se moquent d’eux-mêmes et du reste du monde. Mais tout va changer lorsque Akiva  va rencontrer  Elisheva…

❏En mettant l’accent sur les relations amoureuses de ses personnages principaux et leur poursuite du bonheur, la série réussit, selon Yaron Paleg, à rendre cette communauté ( Juifs haredim/ Ultra-Orthodoxe)« culturellement visible, voire pertinente »

◔ »Au tout début de la série meurt la mère, la matriarche. Restent donc désormais seuls dans un même appartement le rabbin patriarche et son fils, rêveur à papillotes, dessinateur et toujours pas marié… »France Inter – The Shtisel- 28-aout-2020

►3 saisons ont vu le jour, la 1ère date de 2013;

UNORTHODOX

Une jeune femme de confession juive ultra-orthodoxe quitte New York pour vivre sa vie de femme libre à Berlin. Bientôt, son passé la rattrape.

◣Véritable ode à la liberté, à la libération de la parole, vecteur d’autorisation, de sortie du carcan, qu’il soit religieux, culturel, Unorthodox parle de trauma et se fait histoires de réconciliation, d’émancipation entre amours et cultures.

▾Adaptée des mémoires de Deborah Feldman, Unorthodox est une production originale allemande pour Netflix. Cette mini-série créée par Anna Winger, la showrunneuse de Deutschland 83, et Alexa Karolinski est une puissante ode à l’indépendance et à la paix.

▾Elle narre l’histoire d’Esther Shapiro nommée Esty, une jeune femme juive de 19 ans qui s’enfuit de sa communauté ultra-orthodoxe new-yorkaise pour vivre une vie, plus libre, à Berlin.

▾Son mari, Yakov (Amit Rahav), nommé Yanky, tente désespérément de la retrouver avec son cousin Moische (Jeff Wilbuscch), même s’il est conscient qu’elle était malheureuse. Elle se présente, à lui, dès le début, du haut de toute sa différence.

Etsy- Copyright Anika Molnar/Netflix

▻Tiraillée entre sa communauté hassidique de Satmar et son envie de liberté, Esty finit par trouver un équilibre en retrouvant ses racines et en comprenant le parcours de sa mère qui a traversé les mêmes épreuves qu’elle et qui a fui à Berlin où elle vit désormais avec sa compagne Nina…

◖Les comédiens sont impeccables de justesse, je me suis surprise, cependant, à m’attacher autant à Etsy qu’à Yanky et sa magnifique innocence. Elle qui veut quitter l’enfermement et lui qui l’a si bien intégré, subit, de plein fouet, la déflagration que représente la perte de sa femme. Il est prêt à tout pour elle.

⊿Attaché à elle, plus que de raison, il part, la suit à la trace jusqu’à cette scène magnifique où l’amour de la musique parfait la boucle entre origine, source et contemporanéité, entre trauma et mémoire.

 » Mi bon siach Shoshan chochim, Ahavas kallah Misos dodim… »

Si vous n’avez pas encore fait l’expérience du visionnage d’une série israélienne, je vous recommande, de toute urgence, Hatufim sur Arte, Fauda, The Spy, Les Shtisel, et bien sûr, Unorthodox (toutes sur Netflix actuellement).

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L’immersion Unorthodox nous envoie vers une autre proposition de série, Unbelievable pour de multiples raisons, tout d’abord les femmes sont à la réalisation. Unbelievable c’est Susannah Grant (réalisatrice américaine mais aussi scénariste notamment d’Erin Brockovich, seule contre tous / Soderbergh – 2000). De plus, l’histoire vraie soit deux adaptations de faits réels, et enfin, les personnages féminins, depuis leur qualité interprétative, Kaitlyn Denver est, en effet, stupéfiante dans le rôle de Marie (Unbelievable).

L’histoire vraie de Marie, une adolescente accusée d’avoir menti sur le fait d’avoir été violée, et de l’enquête menée par deux détectives.

Dans la génération des deux comédiennes que sont Shira Haas et Kaitlyn Denver, toutes deux âgées de 25 ans, j’aimerais citer trois autres jeunes femmes prodigieuses, l’irlando-canadienne, Amybeth McNulty ( Anne With An E), tout juste 19 ans, la britannique, Millie Bobby Brown (Stranger Things/ Enora Holmes), 17 ans et l’actrice anglaise, lauréate du Golden Globes de la meilleur actrice dans une série dramatique cette année pour The Crown, Emma Corrin.

Isabelle Pompe L, en justice sériephile, 2 avril 2021