Retours sur parcours déterminé
◖La recherche de l’expérience du terrain fait partie de mes méthodes de travail.
▾J’ai expérimenté, par défaut de choix ou volontés, des postes d’observation, des modes de vie, des métiers, des secteurs professionnels, le privé comme le public, le grand groupe comme l’indépendant, pour tenter d’appréhender, par exemple, les mondes sociaux des entreprises, le sens du travail, les modes de vie inhérentes.
▾Ce type de pratiques n’étant pas sans risque, j’ai pu éprouver des risques psychosociaux en lien avec des méthodes managériales, des organisations, une gestion des ressources humaines, des relations interpersonnelles…
▾Des secteurs professionnels m’ont placé dans des états de stress, m’ont fait connaitre la déshumanisation, j’ai connu la crainte et l’humiliation.
▷En parallèle à ces périodes professionnelles, pour respirer, j’ai rédigé de nombreux textes en écriture contemporaine, ai accompagné, soutenu des artistes sur des projets pluridisciplinaires.
- Ce film est un documentaire pédagogique, conçu, autour des recherches en cours sur le thème des Risques PsychoSociaux (RPS) au LEST (UMR 7317.CNRS/Aix-Marseille Université), par Paul Bouffartigue avec l’appui de l’équipe santé et travail du LEST, et réalisé par Jean-Christophe Besset.
- Destiné autant aux professionnels et acteurs de la santé au travail qu’à un public de non spécialistes, ce documentaire de 60 minutes se veut une introduction à la fois pédagogique et vivante à la thématique des « RPS » ».
◐La souffrance au travail n’est ni relative ni légère, complexe, elle s’exerce à de nombreux endroits, le travail lui-même en tant que mission, les valeurs de l’entreprise, les rapports aux collègues, partenaires, prestataires et à la hiérarchie.
⊿Dans l’impossibilité de faire valoir mes ressources complémentaires faute d’emploi permissif et ne pouvant mettre à profit ma culture, mes diversités culturelles, j’ai connu, par coeur, la douleur de la frustration.
◔Alors, après quelques années, au service d’emplois peu valorisés, j’ai posé mes valises psychiques au coeur d’un secteur qui me posait problème, celui de la beauté.
◓Je ne parvenais pas à comprendre comment pouvait-on apporter de définition précise à ce qu’est la beauté, questionnant, par là, ma propre féminité et mes propres rapports à cette dernière. Je me suis inscrite dans ces endroits, à Paris, durant cinq années (1999-2005).
- Les leçons humaines que j’ai pu retenir, de ces espaces de travail, apportent à la compréhension un terrible constat. Du point de vue du personnel, tant des marques que des enseignes, j’ai vu une souffrance se démultiplier au fil du temps au sein de cette surreprésentation féminine (vendeuse, démonstratrice, animatrice, cheffe de stand) pour se traduire en dépression plurielle.
- J’ai, moi-même, subi des abus de pouvoirs relationnels, ai été la cible de postulats racistes. Les affirmations étaient les suivantes: la beauté est, surtout, blanche. J’ai vu à l’oeuvre un sexisme des plus préjudiciables, une grossophobie réelle, sans compter les préceptes discriminatoires à l’égard des clients peu fortunés.
- La femme était réduite à un objet, sexualisée sans respect de son émancipation. Symbole peu respecté, dévalorisé, humilié, corps pornographié. Par cette porte du marketing, le porno-chic venait de faire une entrée fracassante.
- Être ambassadrice d’une marque aux campagnes publicitaires misogynes, scandaleuses, inappropriées fut une expérience humaine difficile, à cela s’ajoutait la confusion chez des clients, nous réduisant ainsi à des objets à la valeur relative, l’agressivité chez d’autres nous reprochant notre place et toutes les validations conscientes qui allaient avec.
◣Plus tard, après avoir tenté d’apprivoiser des rôles managériaux comme celui de cheffe d’entreprise, et après être passée par une VAE, j’ai repris mes études et ai corédigé un mémoire en management sur « Le management éthique des organisations- RSE- Normes ISO 26000″ (CNAM- 2015).

Crédits : IPL, Petit-Quevilly, 2019.
SOCIOLOGIE DE LA CULTURE
▻Alors même que je finalisais la 1ère année du titre RNCP 2 – Responsable en gestion avec le CNAM, j’ai validé différentes unités d’enseignements parfois identifiées, reconnues ou non et ai rédigé un mémoire en marketing sur un espace de prédilection « Le patrimoine mémoriel et invisibilisé de la rue. »
▴S’en est suivie une inscription universitaire pour le master Lettres, langues, arts à l’université de Rouen Normandie. Ce diplôme est venu répondre à mes interrogations quant à la mise en place de process conscients et inconscients d’exclusion des formes, cultures et imaginaires.
△En parallèle à mes études, j’ai repris, depuis 2013 des activités d’autrice et me suis lancée dans la pratique photographique sous l’acronyme IPL. Mes projets ont fait l’objet d’invitations via exposition collective, personnelle et carte blanche. De par mes expériences professionnelles et artistiques, j’ai été conviée à la rédaction de deux articles pour le livre « Avoir un apprenti, Duchamp dans sa ville », éditions PUHR, 2021.
❒Pour ce master, j’ai rédigé un mémoire en sciences politiques sur « Les créations de condition d’une programmation culturelle à l’aune des nouveaux espaces de référence, Rouen, ville et métropole ».
◍Il m’a permis de développer mes axes de recherche actuels, m’a donné l’accès à des techniques, notamment d’enquête, et à des connaissances scientifiques que j’ai souhaité enrichir avec l’envie de poursuivre pour un doctorat ayant trait à l‘industrialisation hyper focalisée de la rive gauche rouennaise et les risques technologiques encourus pour ses territoires d’habitation.
◗C’est là que le projet citoyen #sitespecific verra le jour, faute d’être soutenue dans ma démarche universitaire mais déterminée dans mes envies d’interroger ces espaces de référence.
- Ai porté des initiatives politiques premières du genre sur la commune de Petit-Quevilly comme la mise en place d’une AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne), d’un composteur collectif, jardin partagé, ai rédigé un manifeste citoyen adressé aux candidats aux municipales 2020. Ai constitué un petit groupe exploratoire pour tenter de questionner les perceptions des espaces, des transports et les représentations culturelles en territoire péri-urbain.
⊙Aujourd’hui, l’invisibilité des populations, des formes et des espaces restent des priorités. La banlieue, la ruralité, le matrimoine viennent compléter mes réflexions, constats. Les questions de représentations du patrimoine et de ce qui a trait, d’une manière spécifique, à la question du genre s’ajoutent à mes champs d’exploration. J’ai souhaité fondé le projet, en cours de constitution, Les parages du pôle, en ce sens.
▅La covid-19, et ses multiples crises, est venue profondément réinterroger mes méthodes et me permet de redévelopper un concept de nomadisme culturel qui m’est cher. Les cultures méritent toute notre attention, depuis nos archives, l’activation de nos fonds, la diffusion de nos captations, la mise en accès de nos images, prescrire à défaut de programmer, s’adapter, le plus possible, à ces grands défis organisationnels en tranquillisant nos rapports à la culture. Je rédige donc des articles en lien et phase avec les cultures, le matrimoine culturel sous l’appellation: Noire vivante
☰Depuis ce même espace, j’ai pour volonté de reprendre mes conseils et préconisations stratégiques pour les porteurs de projet culturel/entrepreneurs culturels que j’ai accompagné, en mettant à la disposition des articles qui abordent la question des publics de la culture, de la programmation, de la physicalité des lieux, de la prise en compte des habitants… Aborder les problématiques de métier que rencontrent « les métiers de la culture » depuis les postes/offres et missions, la place prépondérante du bénévolat sous le titre: Tout peut être patrimoine?
⊿Pour projet, j’ambitionne de réaliser un film documentaire, pour cela mettre en oeuvre un vaste chantier expérientiel et personnel afin de m’approcher au plus près des invisibilisés politiques.
Le déterminisme et la question de l’émancipation
⌑Le déterminisme serait ce qui « est écrit », il peut s’opposer, schématiquement, au « libre arbitre ».
///L’indéterminisme serait plus approprié en tant que condition nécessaire d’un libre choix mais ne serait pas une condition suffisante car il n’est pas le fruit même de la conscience.
Peut-on faire des choix ?
░Le déterminisme social – Le d’où je viens me posa quelques problèmes de définition, origines complexes car confuses, origine sociale, quoi dire dans le détail ? Le déterminisme serait ces frontières, ces rapports de causalité qui viendraient déterminer mes données de sorties, si je puis dire, à partir de mes données d’entrées.
○Les logiques implacables des classes sociales pour faire simple, ce qui est prit dans une hiérarchie sociale et non de droit, une pyramide. Les questions d’intérêts communs, de privilèges, de reproduction sociale…L’aristocratie, les bourgeoisies, paysannerie, et les deux formes de prolétariats selon Marx.
┓Toutefois, selon Schumpeter, la classe sociale naîtrait de la fonction occupée – idéal social (Platon).
▪Pour Weber (l’Éthique protestante et l’esprit du capitalisme) les classes sont d’ordre économique, c’est-à-dire fonction du mode de distribution des revenus et du patrimoine, mais également d’ordre social (fonction du prestige), et d’ordre politique (fonction du mode de contrôle de l’État).
◎Bourdieu a tenté de combiner ces approches en délimitant les fractions de classes en fonction de leur possession de capital économique et culturel.
▲Les voyages au coeur des classes sociales firent donc ma trajectoire, décidée, déterminée, plafond de verre…De par l’exercice de professions, j’ai pu me trouver dans les « classes moyennes salariées », en provenance des « classes populaires salariées stables », chutant, au passage, vers les « classes populaires situées hors de l’emploi stable et salarié », selon le sociologue Louis Chauvel.
◂Je ne connais ni la « classe de confort » – 15% de la population, ni la « classe titulée » de moins de 1 % de la population, qui peut être assimilée à une « classe possédante », « à condition de comprendre que cette possession n’est pas seulement économique », correspondant à la « haute bourgeoisie ».
Un peu de déterminismes ?
Capital culturel – Capital économique – capital social
▷Bourdieu par sa simplification sociologique ne fait pas rentrer dans ces catégories, les cultures populaires, de plus, le transfert héréditaire conçu par Bourdieu fait abstraction des cas atypiques de personnes issues d’un milieu culturellement défavorisé et qui réussissent à l’école (et des cas inverses), les transclasses. Des compétences sont, en outre, inégalement, distribuées, ce qui interroge la question de légitimité culturelle, culture savante – culture éclectique.
▴Le capital culturel défini par Bourdieu se présente sous trois formes distinctes :
- Une forme incorporée : c’est l’habitus (manière d’être – disposition de l’esprit) culturel. Il se construit par socialisation successive et comprend par exemple l’aisance sociale et la capacité à s’exprimer en public. ce sont les biens culturels reproductibles – livres, disques- Expérientiel en tant que consommation culturelle (visites expos, concerts)
- Une forme objectivée : supports matériels, acquisition d’œuvres (tableaux), patrimoine transmissible -soumis aux lois de la transmission. Les biens culturels peuvent faire l’objet d’une appropriation matérielle qui suppose le capital économique et d’une appropriation symbolique qui suppose le capital culturel.
- Pour s’approprier un bien culturel il faut être porteur de l’habitus culturel.
- Une forme institutionnalisée : ce sont les titres scolaires, les diplômes, compétences culturelles.
Les trois États du capital culturel
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Isabelle Pompe L, 03 avril 2021.
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