Le sport, entre européocentrisme, diversité, culture et type de publics

Depuis ce cahier de brouillon, ce bloc notes, j’annote des remarques personnelles, effectue de petits examens de conscience, rédige des articles sur ce qui me traverse. Des états de faits jouxtent mes images, des bribes textuelles à vocation poétique, entremêlées par des œuvres musicales et cinématographiques, sont posées comme des cailloux cérébraux au bas milieu de mes lunettes.

Mais, aujourd’hui, un peu de sport!

Née en 1977, j’ai été contemporaine, vous aussi, de périodes sportives uniques et ce n’est pas terminé! J’ai aimé naviguer entre des sports dits populaires, d’autres exclusivement masculins qu’on aimerait revoir changer, comme la F1…

Alors qu’on se moque de qui sont les femmes des pilotes, en décembre 2019, Lewis Hamilton mettait la lumière sur un des « défauts » de la Formule 1 : l’absence de pilotes femmes et ce depuis 45 ans.

1976, c’est la dernière année où une femme a pris le départ d’un Grand Prix en Formule 1. Un pays, l’Italie fait figure de précurseur avec Maria Teresa De Filippis, Maria Grazia Lombardi, dite Lella Lombardi et Giovanna Amati. Il existe, aujourd’hui, quelques espoirs de menus changements.

Mon appétence pour la diversité culturelle m’a fait pencher, très souvent, vers des nations autres que la mienne, à quelques exceptions près.

J’aime beaucoup le sport, j’ai pratiqué l’athlétisme et la natation durant jeunesse et adolescence. J’ai entrepris le vélo en 90. Après l’adolescence, plus de course à pied. Dernière nage honorable, 2007.

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A partir du petit écran, j’ai suivi des J.O, Atlanta, en direct, 1996 pour celles et ceux qui ne se souviennent plus, le sacre de MJ Pérec reste un de mes souvenirs télé les plus importants, regarder, ahurie les performances de Carolina Klüft, en or, à Athènes en 2004, Yelena Isinbayeva, Athènes et Pékin (2008) avec ses 5,05 mètres…Pékin, c’est aussi Usain.

Londres, Rio, Tokyo, je n’ai pas bien suivi. J’ai donc lâcher l’histoire complète en 2008. Paris ne me donne pas envie de me ruer sur des billets. Les autres villes concernées par 2024 me laissent de marbre, malgré la qualité de leur équipement, la faute au flou, trop difficile de se projeter, même à un an…

Récemment, j’ai adoré revoir la cérémonie d’ouverture des J.O d’Albertville pour cette douce folie question mise en scène de Philippe Découflé… 1992, regardez bien les drapeaux, et comprenez les enjeux politiques de ces jeux!

Un moment à vivre, la cérémonie d’ouverture des J.O d’Albertville!

Et pour ce soft power qu’est le sport, européen et géopolitique à bloc, l’année, 1992 est immense: Du 8 février au 23 du même mois ce sont les Jeux Olympiques.

  • Le 7 février 1992, c’est la signature du traité de Maastricht
  • le mur est tombé le 9 novembre 89
  • le processus de réunification de l’Allemagne prend fin en 90
  • la chute de l’URSS: décembre 1991 marque la fin d’un processus de dix-huit mois qui aboutit à la disparition de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS). Cet effondrement institutionnel signe l’arrêt de près de cinquante ans de guerre froide entre l’Est et l’Ouest…A lire, la dislocation de l’empire soviétique, Le Monde, les décodeurs

Aujourd’hui, avec le contexte de la Guerre en Ukraine, de nombreuses questions demeurent et c’est en cela un visionnage de cérémonie d’ouverture particulièrement étrange. Participation russe aux JO de Paris, un article à lire.

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—La Formule Un tonitruait nos dimanches familiaux, la faute à mon père, étonnamment épris de conduite, de vitesse pour un marathonien…La F1 donc, masculine dix fois trop, m’a laissée quelques blessures visuelles et émotionnelles, toutefois, j’ai effectué, il y a quelques petites années, un travail sonore à partir de Senna et ses moteurs HONDA pour le saluer, à ma toute faible hauteur, question sensation. J’étais trop jeune pour que je le découvre avec l’écurie Lotus, c’est avec McLaren que j’ai fait une mise au point pour le nouveau Samouraï, puis c’est Williams-Renault… Je l’ai vu en direct, piloter. Je me rappelle très bien de Mansell, Nigel de son prénom, je n’aimais pas Prost, trop tactique, Senna était fou, de Dieu, qui ne revit pas, avec des frissons, cette victoire au Brésil, alors qu’il a cassé sa boite de vitesse et qu’il doit tout contrôler durant sept tours, bloqué à la 6ème vitesse: Interlagos en 91!

« Je n’ai jamais autant souffert qu’à cet instant mais quand on est derrière un volant, il n’y a aucune place pour le compromis. Il faut se donner en totalité et parfois encore plus. Ce fut le cas lors de cette course. À sept tours de l’arrivée, il ne me restait plus que la sixième vitesse, c’était la seule qui passait. La douleur était terrible mais ma soif de victoire n’en était que plus grande. C’était mon devoir de gagner au Brésil. » A. Senna

On n’oublie pas Monaco, 6 succès, morceaux d’anthologie sonores sur lesquels j’ai travaillé. Ce Sound hystérisant tout sur son passage est écoutable en ligne, 90, et ce passage sous tunnel diabolique, une furieuse merveille hurlante.

On en veut plus entendre ni voir Imola, 94, 1er mai. J’aurais aimé ne jamais regarder cette course.

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Le cyclisme masculin, époque Indurain, et cette année, 2023, où j’ai poursuivi toutes les étapes, je ne peux que reconnaitre que trois semaines de vélo, chaque jour ou presque c’est beaucoup, un dosage qui vient faire mal à la compétition féminine qui se tient juste après, d’ailleurs trois semaines contre 3 jours…La raison de mon décrochage, too much émotions: Pinot, moment fabuleux! L’overdose des commentaires, Jalabert et ses obsessions de chute, le choix de l’être aimé trop ciblé Pogačar, Marion Rousse & Alaphilippe & ses échappées pour rien, et puis l’inénarrable Frank Ferrand à vous écorcher les tympans: A lire de suite: Qui-est-vraiment-franck-ferrand-l’historien-controverse-du-tour-qui-embarrasse-france-televisions

Le cyclisme féminin doit mon abandon à deux raisons, une intrigante c’est lorsque j’apprends que les publics du cyclisme féminin sont majoritairement masculin et l’autre, je n’ai jamais pu encadrer Nelson Monfort, surtout époque patinage.

Focus/ Un trauma. Surya Bonali. Le monde du patinage c’est celui de ma mère, comme téléspectatrice, je vivais avec de grande difficulté ce sport, la faute au racisme, à la subjectivité de la beauté, à la domination de certaines nations mais pas aux costumes d’ailleurs quel mépris on avait pour ce sport souvent qualifié de ringard car très populaire! Je vous recommande le visionnage de « Losers » sur Netflix, une superbe plongée auprès des perdants magnifiques. L’épisode sur Surya, c’est le numéro 3 intitulé « Jugement ».

Bonali, une athlète visionnaire aux propositions novatrices, interdites comme son Backflip de 98 à Nagano au Japon, c’est aussi une femme noire dans un univers sportif excluant, vieux jeu, et bien trop politique. La couleur de peau dans un sport dominé par les blancs, c’est politique!

En parlant patinage, j’ai toujours cette pensée pour Katarina Witt, d’abord patineuse est-allemande puis allemande. Pourquoi ? Parce je réside à Berlin jusqu’en aout 88, c’est donc une championne nationale pour moi et aussi, on oublie pas comme ça, 88, J.O hiver Calgary (13 au 28/02) au Canada et sa tenue mousse/dentelle tube dans des dégradés de rouge pour l’insolente Carmen!

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Le tennis, sport plongé en pleine guerre triangulaire entre Nadal, Federer et Djokovic depuis plus de 20 ans…Une domination unique incarnée par trois pays: l’Espagne, la Suisse et la Serbie, tiens donc… » trois joueurs évoluant à un niveau exceptionnel, un joueur suisse totalement vénéré et un Espagnol dont la furieuse détermination enchante le public ». Soutenir publiquement l’un a pu en dire long sur vous-même et aujourd’hui, sachant que la géopolitique est omniprésente dans le sport et que la Serbie était, en mars 2022, le seul pays d’Europe à soutenir la Russie de Poutine…le Source : Le monde

J’ai préféré, d’entrée de jeu, Djoko, plus diabolique, redoutable joueur d’échecs pourtant assez peu apprécié question choix du public, la raison ? Son jeu serait moins puissant, moins passionnel donc moins spectaculaire!

Depuis l’an passé, je suis, enfin, ravie de voir la diversité faire une entrée triomphale chez les femmes, avec Ons Jabeur!

Numéro 2 mondiale. Pour celles et ceux qui seraient hors circuit: Ons Jabeur est une joueuse de tennis tunisienne, professionnelle depuis 2010. En devenant n 2 mondiale dans le classement WTA en 2022, elle est devenue la joueuse tunisienne, arabe et africaine la mieux classée des classements WTA et ATP.

Si vous voulez partir à sa rencontre, vous pouvez vous ruer sur cette série documentaire, parfois un chouilla trop musicale: Break Point sur Netflix.

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Je n’en pouvais plus…le foot, j’ai suivi la Coupe du monde, en décembre 2022, de manière aléatoire. Le lieu d’accueil, les joueurs eux-mêmes, j’ai préféré écouter à partir de toutes les stations France Bleu, les matchs, parfois catastrophiques, d’Auxerre, ceux de l’OM rien que pour l’ambiance et surtout Nantes, partagé entre très grand danger et petit moment de grâce. Des commentaires mémorables, des accents à n’en plus finir, du tragique, des hurlements et des larmes, des feuilletons humains géniaux à enregistrer et à offrir à tout moment pour oreille malheureuse.

Et, bien sûr, cette année, la Coupe du monde féminine de Foot a gagné mon attention et, une équipe plus que les autres, celle du Japon, bien avant sa victoire contre l’Espagne…

Le match du jour contre l’Espagne, retransmis sur M6, était inaudible tant les commentaires du chroniqueur masculin respiraient un manque de neutralité, idem pour les choix des images, la caméra aimait les visages espagnols, peut-être plus « beaux », plus « féminins », plus de queue de cheval, allez savoir, la télégénie fonctionne bien avec le sexisme ordinaire, et c’ est bien présent dans le sport! C’est ce qui le rend pénible, la problématique du corps performant, la stature, l’âge, la chevelure, on oublie pas les jambes d’ailleurs cela fait beaucoup penser au milieu culturel et ses délires insupportables au cinéma, dangereux quant aux rôles féminins, aux actrices elles-mêmes. Le corps donc, la minceur, la blancheur, l’européocentrisme aussi, beaucoup! La réponse, ce matin, en foot, Japon Vs Espagne: 4 buts à zéro.

–« Jamais l’Espagne n’avait encaissé trois buts dans une première période d’une rencontre d’un tournoi majeur. Que ce soit à l’occasion d’un championnat d’Europe ou bien même d’une Coupe du monde. Le Japon a réussi cette très grosse performance grâce notamment à deux de ses joueuses. En particulier Hinata Miyazawa, impliquée sur trois réalisations. D’abord en tant que buteuse. La milieu de terrain a ouvert la marque d’un plat du pied gauche (12e, 1-0). Avant d’inscrire un deuxième doublé dans ce Mondial, d’une frappe imparable du droit (40e, 3-0). De quoi désormais lui permettre de s’installer seule en tête du classement des meilleures buteuses de cette édition, avec quatre réalisations. » Source: eurosport

Ici, contre la Zambie, le 21 juillet, pour sa 1ère rencontre dans le groupe C: 5/0.

Le foot féminin c’est aussi l’équipe de France, exit Diacre, les audiences qui décollent, 29 juillet 2023: 4,3 millions de téléspectateurs ont regardé le match France-Brésil! Et aussi, après les Etats-Unis, l’Angleterre, l’Espagne ou l’Italie, la France, qui dispute actuellement la Coupe du monde 2023 en Australie, a enfin lancé le processus de professionnalisation de ses meilleures footballeuses. Source Le Monde

Le foot féminin, c’est la FIFA et la Marocaine Nouhaila Benzina première joueuse voilée à disputer une Coupe du monde.

« Cette position tenue par la FIFA n’est pas celle de la France. Juridiquement et politiquement, le sujet a suscité de vifs débats et prises de positions. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, s’était montré critique à l’idée de voir évoluer des joueuses voilées sur les terrains. La ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, avait reconnu ne pas exclure une « évolution du droit ». Enfin, la Première ministre, Élisabeth Borne, avait soutenu devant l’Assemblée Nationale que le gouvernement était « pleinement mobilisé » pour le respect de la laïcité dans le sport. L’équipe

Voilà, pour aujourd’hui…