Ratte de bibliothèque ?

Lutte contre les clichés et les stéréotypes avec le billet d’une lectrice:

Peut-on définir, encercler quelqu’un depuis les lieux qu’il/elle a fréquenté ?

Il ne fait pas toujours bon dire que vous ouvrez, de temps à autre, des livres, en avoir plein sa bibliothèque prend de la place et la poussière qui en découle ne sied pas à votre décoration, actuelle.

Ne sachant pas quoi en faire, vous les déposez dans des boites à lire, vous vous en servez de cale pour votre lit, vous les donnez au passant, les laissez sur un banc. Entassé dans un coin, pour qu’un recoin plus tard, les loyers sont chères, le livre soit trop cher…Ils sont vous, vos vous passés mais restent vos empreintes et vos cheveux. Alors, vous choisissez, un peu vos acheteurs.

Vous les mettez en vente, sur internet, vous ne pouvez vous empêcher de glisser un mot à l’attention de son/sa futur.e lecteur/lectrice, une vente c’est un abandon, un morceau de votre vie expédié en format lettre.

Celui qui reste, dans sa couverture, parfois, passée, striée, avec ses coups de stylo jour de sevrage, il est votre déserteur culturel, celui qui vous ouvre ses plaies béantes en vous illuminant de sa présence. Un sacrifice qui émancipe son blues.

A livre, lieu, maison, cave, garage, grenier, lieu d’achat, emprunt, commande, seconde main, directe, enseigne totémique, libraire indépendant, accès en mètres par dizaines, centaines, voire des kilomètres!

On peut, sans problème, causer accès à la culture ensemble, poser le décorum proverbial « culture pour toutes et tous »!

La seule fois, à ce jour, où j’ai résidé à plus de 20 km d’un libraire indépendant c’était de 88 à 93. Le libraire, Larcelet, on en reparle un peu plus tard. C’est celle qui va avec le Cyrano pour le cinéma, le Palace pour la salle de concert…Je n’ai connu que des rois et reines, et, sans l’imaginer un jour, des sanctuaires.

Economat – Cité Foch- BERLIN

Pour vous parler de cette partie de ma vie, il conviendrait de mettre aux oreilles Falco, les Beastie Boys découvert à la radio américaine, bande-son oblige, et d’avoir, sous nos yeux, une affiche tout près du centre Talma, arrêt de bus direction ?, d’un concert de Nina Hagen le 30 mai 87, Tempodrom (Kreutzberg).

A la découverte des images de ce lieu temple abandonné, là où se trouvait le cinéma chéri, le Flambeau, je ne me sens pas en grande forme. Emue, je ne peux chercher celles de la piscine de mon quartier située juste en bas de chez moi, là où la nage s’est ouvert à moi avec toutes ses sensations de liberté propre au bassin, j’ai mis des races à plus d’un camarade sexiste de mes classes (école Victor Hugo), là-bas est né mon féminisme, à Berlin et c’est par le sport et non la culture que tout a commencé!

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Centre commercial, économat, Berlin

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Ici, les livres c’était au magasin Presse/librairie/accessoires de peinture/vente d’appareil photo à Berlin dans le centre commercial « Les économats », vous ne pouviez rentrer sans montrer votre carte, plus d’une fois, par oubli, haute de mon tout jeune âge, j’étais dehors, à la porte, comme une renégat, une paria qui n’est pas du coin, pas du quartier. J’ai fait l’expérimentation du lasser -passez culturel et c’est assez traumatique.

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Souvenirs en restes du centre commercial les économats, Berlin

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Paris – Est (2001/2013)

Vous ne pouvez détacher vos jours, matins de trajet ligne 3 des mots marqués entre vos doigts, ceux de Barthes, surtout, lire Mythologies, L’empire des signes, Fragments c’est avant et puis plus tard, il n’en demeure pas moins que vos allers blafards avec vos airs sophistiqués, par logique du déguisement et coup de théâtre, avaient une meilleure haleine. En ces temps prescrits; vos heures de sueur professionnelle n’avaient pas de peau culturelle ni sportive…

Pourtant, cet acte révolutionnaire, comment dirait certaine, peut vous valoir quelques sobriquets. Lire un livre, plus que le posséder, le montrer ou l’avoir près de soi, l’ouvrir!

Ratte de bibliothèque, que je me suis permise d’accorder au féminin histoire de sonner plus juste avec l’auteure, en est un.

Intello, toujours là, ayant vécu à Paris, de surcroît dans l’est parisien, vous avez pris en pleine face BOBO, l’horrible désaveu qui n’a aucun sens , dépassé comme tout modèle roulant et non motorisé. Je vous passe le gauchiasse que je prendrai en plein poire aujourd’hui. Je vous laisse la paume collante de vos gifles politiques tartes, vous n’aurez pas la sensation de me tenir par le colback. Je ne suis pas conservatrice, ni de musée, ni ailleurs, libérale, c’est le mot qui convient.

Vous avez, comme moi, écumé les rayons de la FNAC St Lazare où tout pouvait jouer comptoir, auparavant, l’orfèvrerie littéraire de votre commune n’étant pas, vous avez préféré sentir, toucher, feuilleter les interdits illisibles de votre biblio de vos collèges/lycées.

Les livres de ce réseau de biblio pas encore en temps réel, celle de Parmentier et son sous-sol, celle, en bas, de chez vous, pas tout à fait à côté pour faire partie intégrante de votre quartier de quoi justifier, à peine vos dépenses frénétiques chez le libraire au Comptoir des mots, Paris 20 chaque dimanche. Là, « tous » les auteurs sont passés par vos mains, votre compte en banque ne pouvait plus subvenir à vos besoins culturels, vos retraits vous ont donné cette nausée répétitive du « vos possibilités de retrait sont épuisées ». Titre, par ailleurs, d’un ouvrage que je n’ai pas encore terminé d’écrire.

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Beau Comptoir des mots, jours sans fin de dimanche, nichée en BD

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Puis, il y eut cet épisode d’une longue série d’improvisations en appropriation culturelle et tentative de socialisation, où vous tentiez d’apprivoiser la bête humaine équipement, la Marguerite Duras, située au 115 rue de Bagnolet.

« Le 20e est équipé de 7 lieux de lecture publique (six bibliothèques et une médiathèque.)

Médiathèque Marguerite Duras

Inaugurée en juin 2010, la médiathèque Marguerite Duras est la plus grande bibliothèque de prêt de la ville de Paris : elle rassemble plus de 147 000 documents répartis sur 3 niveaux. On y trouve de riches collections de CD, DVD et livres en tous genres (romans, BD, presse…), un important fonds de livres d’art ; un auditorium de 145 places, une salle d’exposition, une cafétéria ; une salle audiovisuelle ; 50 ordinateurs accessibles aux usagers pour la consultation Internet et la bureautique ; un espace Infos-Emploi. Il est possible d’y emprunter des liseuses sur présentation de la carte adulte et des tablettes sont également mises à disposition sur place pour les plus jeunes. Avec le pôle « Lire autrement », la médiathèque propose un espace et des outils spécifiques pour les personnes malvoyantes. Les espaces sont entièrement conçus pour permettre aux personnes handicapées de circuler en toute sécurité. À cette offre moderne et pluridisciplinaire s’ajoute un fonds spécialisé sur l’histoire du 20arrondissement… » Source mairie de Paris

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Reine Marguerite, Paris 20

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Librairie de l’hôtel de ville, Bernay

2013, normande non-adoptée, là, paumée comme jamais ou presque, vous tombez sur la librairie de l’hôtel de ville, chez Régis et Elisabeth Barillière, qui vend des BD à prix cassés! Nous sommes à Bernay, la BD s’est substituée aux livres littéraires et autres policiers…Cela fait 7 ans que ça dure. Vous n’êtes pas restée sourde à cet appel du grand air: « Plusieurs fois par an, la librairie de l’hôtel de ville de Bernay organise une vente de BD à des prix défiant toute concurrence. « 

Régis et Élisabeth Barillère, de la librairie de l’hôtel de ville. Le couple proposait plus de 7 000 ouvrages à des prix défiant toute concurrence. «  J’ai notamment reçu des bandes dessinées parues il y a seulement deux ou trois mois. La plus récente est sortie en septembre 2022 », indique Régis.

« Le printemps revient ce dimanche 20 mars à Bernay (Eure) et avec lui cette année… le rassemblement des bédéphiles organisé par Régis Barillière, patron de la librairie de l’Hôtel de Ville et grand amateur et spécialiste de bandes dessinées. Le rassemblement en question est prévu de 8 h 30 à 17 h sur la place Gustave-Héon (place de la mairie). Plus de 10 000 bandes dessinées d’occasion, pour la plupart d’entre elles à l’état neuf, seront en vente.

Si le printemps n’a pas connu d’interruption pour cause de Covid, le rassemblement des bédéphiles a dû quant à lui s’interrompre en 2020 et 2021. C’est avec une grande joie donc qu’il repartira de l’avant. »

Tout à côté de votre domicile du moment, sort de terre une médiathèque, c’est celle de la Barre En Ouche, vous vous souvenez de la metteuse en scène Edith. Vous quittez le coin en février 2014.

ROUEN et son réseau

Vous voilà en territoire spécifique, la rive gauche rouennaise, vous allez saluer haut et fort la bibliothèque municipale Saint-Sever, claquée en plein centre commercial, elle est à moins d’1 km de votre porte d’entrée. Elle vous permettra de vous remettre d’un deuil, par la photographie, elle vous présentera une photographe essentielle à votre survie, Francesca Woodman!

Artiste dont vous allez faire l’expérience de ses œuvres, en live, à la Fondation H Cartier Bresson, pour l’expo On being an angel, en 2016!

Fondation HC Bresson expo FW

« Francesca Woodman (1958-1981). Par son travail profondément intime et sensible, fondé sur l’exploration perpétuelle du soi et du médium, elle fait de la photographie sa seconde peau. Francesca Woodman a quasi exclusivement utilisé son corps dans ses images, ainsi je suis toujours à portée de main, explique-t-elle, quand l’urgence de la représentation se manifeste. Malgré sa disparition prématurée à l’âge de vingt-deux ans, Francesca Woodman laisse une impressionnante production visuelle. Ses photographies dévoilent de multiples influences allant notamment du symbolisme au surréalisme mais sa précocité est prodigieuse. »

D’autres biblios du réseau rouennais feront leur grand travail, rive gauche comme rive droite, et c’est à Petit-Quevilly, à la François Truffaut, que je serai accueillie pour un cycle d’expo en 2018 avec ODC/l’ordre-des-choses

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ODC/IPL; 2018 tome 1

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Dans cette logique de mise à l’honneur de la bibliothèque comme lieu de résidence secondaire, lors de mon passage de deux années à l’Université de Rouen Normandie, j’ai tenu, à dire à la BU Lettres, OUI, elle a ouvert ses espaces à l’expo de Nidraged, artiste invité, et puis, je ne peux clore ce petit chapitre normand sans envoyer quelques coups d ‘œil à la BU sciences et techniques du même campus de Mont St Aignan, 2018 par deux fois!!

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Mise en scène BU pour Expo Satie- Duchamp, IPL,

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Librairie Larcelet, Saint-Dizier

On prend le train du passé, on va en 1992, date de naissance de la librairie chère à mon père!

Au cœur du centre-ville de Saint-Dizier (Haute-Marne), la librairie Larcelet, qui propose 28 000 références sur 250m2, a enregistré en 2015 un chiffre d’affaires total de 1190535…Source livreshebdo

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Reine Larcelet, St Diz en 52

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Nous voilà dans un ici et maintenant, en Haute quelque chose, non Marne mais Vienne, depuis 2021, alors même que par deux fois j’ai répondu à une offre d’emploi pour travailler dans une médiathèque et que j’ai essuyé les revers de mes médailles de lectrice, d’adoratrice du livre, des lieux diversifiés et de la connaissance des territoires oubliés, exilés, largués. Je n’ai, pas encore chausser les pieds du métier de libraire, j’écris, et je ne sais pas de quel côté il aurait fallu pencher pour aider ma barque culturelle à avancer aisément!