2019, déjà…Le temps pour moi de revenir ou de parvenir à revenir pour tenter d’apporter une définition voire une délimitation de mon approche photographique. Lasse aussi d’avoir à entendre des remarques sur le caractère trop pictural voire graphique de ce que je présente. L’outil utilisé est un appareil photographique, c’est tout. Ma fascination pour les montages, le flou, les fondus-enchainés ont laissé dubitatifs. 2018, avec ses trois expositions, ont produit, à nouveau, cet effet. Les personnes choisissent un type de photographie, un portrait, une couleur ou du noir et blanc. Le visiteur délimite ainsi son clan en exprimant ses goûts.Ces morceaux sont pourtant non divisibles mais l’histoire, dans son ensemble, ne l’intéresse pas. Ce qui compte, ce qu’il retient, ce sont les élements de détails…L’importance du montage, du surréalisme c’est aussi la nécessité de souligner la place majeure de l’avant-garde et d’une forme de rejet du réalisme. Photographier c’est travailler avec le temps comme espace et comme territoire. Un cheminement s’enclenche, et mon regard, déporté, s’engage.
Quand mes yeux sont pris pour cible, je les nettoie avec cet instrument qui permet la capture d’images instantanées.
1/ La preuve du réel doit disparaitre
Intervient la fictivité, tout « ici » est faux. Les traces que laissent ces images sont des éléments sans fondement. Notre capacité à « créer du faux » pour nous-mêmes et pour les autres est une réflexion que je poursuis depuis de nombreuses années. Pourquoi nous ne voulons pas montrer notre envers du décor, pourquoi notre réel ne se suffit pas à lui-même….Parce qu’il m’est arrivé de l’estimer plus viable, plus respirable, propice à une plus grande exploration du champ des possibles.
Je me sers de ces objets réels pour exhorter mes faits anciens, pour conjurer mes faux.
2/ Le postulat tient, à lui seul, la route
Je suis militante, en photographie comme en « écriture ». Je m’appuie sur ma conscience mémorielle et défend les chemins qu’elle emprunte. Le flou est un détracteur, un perturbateur rétinien qui poétise, dérange mais qui sait se faire obstacle et défendeur, quand il le faut, de qui nous sommes.
3/ Le principe de l’entièreté
Tout « fonctionne » ensemble et repose sur le refus du classement et du choix….Ces éléments narratifs répondent à la mécanique narrative du langage codé. Laissons cette place à ces images, ne les bâillonnons pas. Elles s’expriment les unes avec les autres, relèvent d’une même période de création/ réflexion instinctive. Elles sont le résultat de la même matière première, les 1ers mots d’une histoire, les actes et les scènes d’une même pièce.
Ma photographie retire à l’instant son caractère déterminant, il est seulement un élément de transport qui colporte des informations cachées.
Une belle année, de belles idées et une nouvelle période de création poétique à tous!
IPL, janvier 2019.
Si une oeuvre artistique ne plaît pas, ce n’est pas dans l’oeuvre qu’il faut en chercher la cause, mais dans le sens, vision, écoute, toucher, odorat … qui la perçoit. Ceci est vrai même quand l’artiste a délibérément fait une oeuvre pour ne pas plaire. L’oeuvre est l’oeuvre, point. Si je n’aime pas, ce qui est forcément fréquent et complètement acceptable, je peux aller chercher en moi où je ne m’y retrouve pas.
Expliquer l’oeuvre ne me convient pas plus. Ce qui m’intéresse est : « qu’est-ce qu’elle produit en moi ? » De la même manière que ce qui m’intéresse en rencontrant une énorme mygale sur mon chemin est ce que je fais de cette rencontre. L’araignée n’a rien à expliquer. L’oeuvre non plus. Sauf à être arachnologue ou historien de l’art, ce que je ne suis pas.
Merci, Corinne IPL.
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