▬ Popularité, déclin, issue du mouvement moderne, aujourd’hui en péril, cette architecture connait une bien curieuse histoire. D’engouement en heures sombres, la narration, parfois dramatique, de ce mouvement, de ce concept, trouve un écho indiscutable à notre époque.
➤ Un travail d’enquête, qui fait tout autant figure de réhabilitation historique, artistique mais aussi qui se veut, également, lanceur d’alerte, nous ré-interpelle, encore une fois, sur le déclin, le danger, la disparition prochaine, future, certaine du Brutalisme: SOS Brutalism, a Global Survey.
#SOSBRUTALISM, une data base, soit Le répertoire, en forme de « liste rouge » de plus de 1 000 constructions dans le monde!
Capture d’écran de #SOSBRUTALISM
Le brutalisme, c’est que vous allez adorer si vous détestez les bardages, les habillages, les secondes peaux et Jean Nouvel, si vous voulez que le béton soit nu, et presque à l’état sauvage — tout plein des empreintes noueuses du bois de la forêt primaire qui lui a servi de coffrage
▨ « Cet ouvrage est une enquête sur 120 bâtiments brutalistes des années 1950, 1960 et 1970 menacés par la négligence ou la démolition. SOS Brutalism est un cri d’alerte face aux risques de perte d’un style aujourd’hui déconsidéré alors que d’éminents architectes du XXe siècle s’y sont intéressés. »Source
↳ Ce livre, malheureusement indisponible aujourd’hui à l’achat, propose une iconographie exceptionnelle qui permet de prendre, à nouveau, la mesure de cette architecture.
❐ « Le brutalisme, c’est la voie dans laquelle s’est engagée une partie de l’architecture moderne dans les années 60-70. Une échappatoire aux rigueurs du formalisme, un goût pour le monumental, pour les structures les plus folles rendues possibles par le béton — laissé souvent, d’où son son nom, brut de décoffrage. »
◐ Une exposition a eu lieu, “SOS Brutalism. Save the Concrete Monsters!” en Allemagne, au DAM– musée d’Architecture de Francfort- du 9 Novembre 2017 au 2 avril 2018. Elle relate la période de l’architecture brutaliste de 1953 à 1979.
« En 1955 l’architecte-théoricien Reyner Banham définit cette période importante de l’après-guerre en trois caractéristiques : lisibilité formelle du terrain, présentation claire de la construction et respect des matériaux « en leur état ». Oliver Elser, conservateur du DAM de Francfort (Musée d’Architecture Allemande), y ajoute un élément important : la dimension artistique. « source
GREY PRIDE
▷ « A l’occasion de cette semaine consacrée au Brutalisme, la revue de presse d’Architectures CREE s’intéresse à la réception de ce phénomène dans les médias. Une véritable « Grey Pride », ainsi que la qualifiait le quotidien anglais The Guardian »
▾ Et la Concrete Nostalgy (nostalgie du béton) peut s’interpréter comme « une protestation contre l’avidité du marché immobilier contemporain, qui a vu des villes comme Londres passer aux mains d’une élite internationale de super-riches.
▾ « La réévaluation du Brutalisme au 21e siècle est en partie une tentative de revenir aux valeurs de la social-démocratie en vogue avant 1979 » dit l’auteure en se référant à un ouvrage de Christopher Beanland » // Concrete Concept: Brutalist Building around the World, ed. Frances Lincoln
Paysages Urbains Sonores
◙ Ce qui participe, peut-être, au retour du Brutalisme, à son regain de popularité, c’est l’écho entre la notion de paysage urbain et les courants artistiques qui y sont liés de façon inextricable voire naturelle. Nous ne pouvons que nous laisser aller à la réécoute de la nostalgie grise de Joy Division, du Bowie de l’époque, Pulp…Pour facilement nous en convaincre.
◌ Urbain quand tu nous tiens, ville quand tu nous inspires, environnement indissociable à toute une partie de la création musicale contemporaine, caisse de résonance littéraire, champ d’exploration artistique, trésor, émotion, écrin: la ville industrielle et ses couleurs, ses tonalités, ses nuances de gris et de noir.
Paysages Urbains Littéraires
Lire voire relire les romans d’anticipation, de science fiction, les œuvres littéraires expérimentales, les nouvelles de BS Johnson et JG Ballard…
Marbre de l’architecte
« ►Peu de termes dans l’histoire de l’architecture sont aussi souvent mal interprétés que « brutalisme », qui n’a rien à voir avec ces monstres de ciment à l’air brutal et sombre mais se caractérise par des constructions utilisant des matériaux bruts, inaltérés et apparents.
◘ Le mouvement naît aux USA et au Royaume Uni mais c’est Le Corbusier, l’immense architecte visionnaire de l’ère nouvelle du 20e siècle, qui en devient la figure de proue. Ses dernières créations, tels le monastère de la Tourette et l’Unité d’Habitation (ou Cité Radieuse) sont des exemples célèbres et exceptionnels résumant le concept de brutalisme et la définition par leur auteur de béton brut en tant que marbre de l’architecte. »
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△ On se rappelle l’Atlas de l’architecture Brutaliste chez Phaidon, titre indisponible encore…
« 878 Buildings
798 Architects
102 Countries
9 World Regions
1 Style BRUTALISM « Source
//// Le terme « brutalisme » vient du français « brut ». Le « béton brut » est le terme employé par Le Corbusier, qui voit dans ce matériau de construction un aspect sauvage, naturel et primitif lorsqu’il est utilisé sans transformation.
◙ On se souvient de l’ouvrage Finding Brutalism du photographe Simon Phipps qui faisait figure de consécration photographique de cette forme.
« The photographer spent more than 20 years, documenting brutalist architecture in Britain, creating a hefty archive of about 125 buildings. The book features some 200 takes of those, making for an impressive collection to reference and savour. » Source
◔ Répétitivité, Géométrie, forme angulaire, Béton, Brutus, idéologie utopique et « sociale », au-delà de la matérialité brute, l’architecture d’aujourd’hui doit beaucoup au brutalisme, il est même une source d’influence, ici et là, est cité, le néo brutalisme voit le jour.
◅ Certains de ces édifices ont été classés monuments historiques pendant que d’autres sont menacés, jugés à l’aune de critère esthétique c’est le cas de L’Hôtel de ville de Boston qui fut ainsi classé comme « le bâtiment le plus laid au monde » dans un sondage en 2008.
Une architecture secrète, délicate et timide
▃ « Dans l’ouvrage SOS Brutalism, on suit, pages après pages, les aventures du béton autour du globe :
▕ Bibliothèque des chutes du Niagara, plus sauvage que les eaux tumultueuses, L’ Hôtel de Ville de Boston, glorieusement élu chaque année bâtiment le plus laid d’Amérique,
Le Scarborough College de Toronto, plus beau qu’un fort Vauban,
Le Mesa Laboratory de Pei, aux ombres impeccables, pilotis géniaux du Yamanashi Cultural Center, gradins du Golden Mile complex à Singapour,
Les passerelles du musée d’art de Sao Paolo,
La façade aveugle de l’AT&T building de New-York, avec si peu de fenêtre que Lynch y a fait apparaître un démon dans un cube de verre,
Le Barbican Center de Londres, enfin, dont le nom évoque la structure étonnamment défensive de cette architecture prétendument agressive, mais plus secrète, plus délicate, plus timide qu’on croirait. « Source FC
Vue Intérieure du Scarborough College de Toronto
Isabelle Pompe L, grise dans l’âme, 11 février 2021
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