Photo-scopies

Depuis quelques semaines déjà, je réalise des sorties photo au coeur de la Haute-Vienne, les lieux que je découvre sont exigeants et l’outil dont je dispose comporte de multiples contraintes.

L’idée n’étant pas de ressentir une certaine frustration, quoi que, mais de composer avec l’empêchement. Nous pourrions parler de gaspillage si les techniques photographiques étaient mes partenaires de prouesses.

Simple, travailler sur la captivité avec un petit filet comme si la retenue pouvait s’apparenter à de la sagesse.

Les colosses resteront brimés, les prélèvements sur sites, en temps réel, se présenteront, avec réserve.

De ce fait, mes sujets de prédilection se sont portés comme des charmes. Trouvailles forestières, plaisanterie locale, j’ai reçu ces images, que je vous restitue en copie, comme des présents. Généreuses, sauvages, hétéroclites, bref, il faut avoir l’œil vif, par ici.

De plus, si une grande sensibilité vous anime, vous ne cesserez de vouloir arrêter ces laps, créer des instantanées infatigables.

Puis, l’oreille au vent, aguerrie par une balade, ragaillardie par la voûte bleue, vous serez en émoi face à des cartes à perte de vues….

Certain.e.s diront que je photographie n’importe quoi, on sait, les présentations de ce jour ont pour consignes d’être des scopies de mes deux dernières semaines.

Pas de matière de prédilection, juste une honnête façon d’essayer de récolter depuis mes impératifs techniques. Ces images sont des poursuites d’instants, un « saisir entre les doigts » qui finira toujours par filer.

Ces copies-collants n’ont pas de figure de style imposée; l’on peut percevoir, la tranquillité d’une jungle qui se laisse approcher, une table de ping pong urbaine & vintage qui se montre coopérative, et un ciel traversé par un bruit si sourd qu’un suspens bleu vous tient par l’objectif pendant plus d’une demi-heure. A cet instant, les êtres qui vous regardent, tête en l’air, à courir après le buisson, sont souvent chaussés d’un prompt véhicule.

Beaucoup de photogravures agissent telle une déferlante de sens encodés, j’ai souhaité vous présenter ces quatre clichés, moments de non-bravoure, reçus cinq sur cing.

La table de ping pong s’est placée, sous mes yeux, alors même que je cherchais une sortie de secours à la rencontre, pas de bol, elle est située dans un endroit sans issue, toutefois je suis à la recherche, depuis des semaines, d’un club de pongiste et, là, voilà.

La jungle dans son exubérance, avec tenue, s’est trouvée là, à l’instant, où je me demandais si l’allure d’une friche était plus probante que le rangé/tondu et si les coupes de branches sauvages avaient plus de charme que les tailles au cordeau. Bien sûr, la jungle m’a sommée de me reprendre.

L’avion, souvenir paternel puissant, immortalisé par les bases aériennes de Dijon, Berlin, Saint-Dizier, puis, Évreux et leurs envois réguliers de Rafales de lors de mes passages « enjardinés » dans l’Eure, offrent leur ritournelle.

Pour finir, j’ai hésité entre une litho de mare, une décalcomanie de branchette morte sur fond bleu et vert ambiance bocage, une vache qui s’est arrêtée pile dans le soleil au point de ressembler à un lampion, mais, non. Le terrain de foot, espace non négligeable et complexe à photographier lorsqu’il est évidé de tout jeu direct ou indirect, m’a chuchoté: viens voir.

Récupérer le ballon, défendre la cible, couvrir l’axe du but, perd toute théâtralité et dramaturgie, sans Homme, et bien, le terrain nu, comme un ver, fardé d’un brouillard blanc, m’a dit: regarde mon sol et mes marques, ces dessins, tels des palimpsestes, sont autant de scopies de matchs, scores et d’émotions que tu ne saurais être en mesure de saisir….(Le foot à Vayres, c’est une histoire qui dure depuis 70 ans)

Toutes ces photographies participent à l’iconographie de Vayres Les Roses, espiègle commune rurale du Limousin.

Isabelle Pompe L, Porte Océane, le 30 novembre 2021.