◔ Auto-confinement, sans possibilité de s’offrir l’expérience physique d’un concert, repliée, empoisonnée, vous dites ? En réécoute, en plongeon culturelle, en phase de rétablissement.
⇀ Le frottement des yeux, un peu lasses, la tête la première dans The Cramps pour cette période lugubre du 1er confinement. Ces bouffées de souvenirs obligatoires ont débouché sur les airs de Death Grips en ce début 2021.
⊿ Allez savoir, l’avancée cérébrale prend sa route et je la laisse faire. Je suis ici et je proviens de là, en passant par ces mains artistiques, ces prouesses cliniques, ces essais sonores, de places fortifiées en honneurs très vite attribués, je recale mes nécessités, parfois douteuses, sur la réécoute de ces phénomènes musicaux aussi expérientiels que discursifs.
► C’est System Blower, Hacker, I’ve Seen Footage, soit The Money Store qui me réchauffent les tympans en ce jour. Une production monstrueuse. Un Merci ne serait pas une impasse. Sans poésie mensongère, le son de ces morceaux alimentent les murs de mes idées, les entrailles de mes dalles, avec une fièvre, sévère.
◑ C’est presque sans surprise que le terrible album No Love Deep Web, à la jaquette censurée, est une abstraction sombre et agressive. Une merveille d’expérimentations, une oeuvre torturée, paranoïaque « enliseuse » et ultra noire. No Love engendre la fascination. Quand Lil Boy attise, Hunger Games frappe, avec Artificial Death in the West…c’est l’addiction.
▴ 2012, année de sortie et de mise en ligne de ces deux albums avec « certains particularismes » à même de créer folie, redevient, donc, actuelle.
◓ Cette « éternité » temporelle rejaillit, aujourd’hui, avec une précision incroyable. La portée symbolique et sacrificielle de cet album offre une narration quasi parfaite de notre contexte larvé, périlleux et mortifié par cette pandémie.
◣ 2012, une éternité. Où étais-je et qu’étais-je en train de faire ? A Paris pour la dernière fois, employée par la noirceur d’un contrat fictif et à l’écriture d’un texte qui n’en finissait pas de bavarder, « Vos possibilités de retrait« .
▀ Qui était greffé sur mes oreilles, inséré dans mon crâne, sur quel navire avais-je posé mes pieds sensoriels ? Je ne m’en souviens pas. Est-ce la faute à 2013 ? Au lieu d’habitation qui occupa la 1ère place ensuite ? Sans doute, peut-être.
// Ces deux dernières années de troubles, de brouillards, pourtant si clairs, si concis dans la diffusion de leurs sinistres données, ont bien préparé le terrain.
↠ J’oublie, coupe, mets à l’arrêt des périodes, des moments et parfois, de façon tendancieuse, j’ouvre les vieux livres de mes obscurités.
⊿ La musique pourrait être cette voix dissonante qui me crache à la porte de chez moi, qui me secoue sans me prendre la main, celle qui ne peut me faire perdre conscience mais qui me percute jusque dans mes plus petites allées et venues.
➣ Sa clarté de messagère s’encode et m’indique les préjudices, me réinjecte ce sang, perdu. Ses signaux distincts me jettent au visage l’ombre de tous mes gaspillages.
░ L’année 2020 s’est caractérisée avec le refus, tout d’abord, d’y croire et l’envie volontaire, voire salutaire, d’en réchapper. C’est La reconnexion avec les Cramps. Passage. 2021. De ces deux entre-temps, je saisis l’instinct de survie, le refus de me noyer, l’acceptation et, telle une affirmation de vivante, c’est l’ultra noir qui récupère ses droits.
▲ Un temps de jadis ce début du XXI ème siècle, depuis ma cinémathèque, ma discothèque, mes mots, le noir était tout, l’ambiance, l’air, la tenue vestimentaire sans déguisement, être et néant à la fois.
▵ Et c’est dans l’exercice de fonctions sans intérêt que se sont pratiquées, sans fard, des mises sous tension sociétale, des manières, sans art, de broyer le naturel de mes tendances, de me livrer à la brutalité de mondes gavés de violences psychiques et physiques.
▚ Cette matière noire, dont j’ai, déjà, évoqué l’existence par ici, ne peut séjourner ailleurs.
▭ L’iconographie, qui y répond, planche à partir des mêmes profondeurs: Le noir obscurci son propre noir.
➧ La révolte, la guerre, l’autre monde se diffusent, dans nos jours, avec une telle « perfection » narrative que l’écho entre les expérimentations photographiques simples et radicales de Charlotte Perriand, exposées en 2012 au Musée Niépce, et le travail ultra référencé du sophistiqué créateur, Alexander McQueen, pour Horn Of Plenty notamment, me traverse, de toutes parts, avec les mêmes vérités visuelles.
Source Expo Musée Nicéphore Niépce
▔ De cette sauvagerie s’extraient des rites, des structures, des formes efficaces voire implacables. Ce noir serait en mesure de donner relief à la vie- rouge, sang, blancheur, pâleur – avec calme et furie.
⊙ Au milieu de tout cela, l’écoute, en 2020, des prêcheurs de la mauvaise parole que sont les Cramps ressemble à une promenade de santé ? Non, elle s’inscrit dans cet acte résistant qui s’appelle la recherche du vénéneux…
➳ Poison Ivy est une figure incontournable du rock, une « bad girl » du matrimoine, culturel et pas seulement, un contraste, un exemple, une victoire. Rares sont les musiciennes dans l’histoire du rock, très rares sont les guitaristes « femmes », les leaders, elle est « ce » modèle à suivre.
Un livre à dévorer: Les Cramps pour l’amour d’Ivy d’Alain Feydri aux éditions du Camion Blanc
Pour l’immense respect que je dois à la reine: Portrait Poison Ivy
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Isabelle Pompe L, noire vivante en ce 8 février 2021.
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