Les bilans, meilleurs moments, je n’ai pas envie de soutirer à mes étapes 2021 des morceaux de temps. Nous avons joué les prolongations de crises multiples, ne parvenant plus à entendre, à saisir, avec lucidité. Un brouhaha pour musique d’ascenseur, qui aurait supporté ? Comment sortir ?
Sortir de quoi ? D’où ? De nous-même ?
Des années aux visages non similaires mais fendues forment nos lits, et de cette nouvelle, dont les premières heures, sont ces signaux de détresse, quoi en attendre ?
Avons-nous vraiment changé d’année ? Si nous quittions nos alcôves, par colère, par épuisement, nous parviendrons, peut-être, à mesurer nos interdépendances ?

Le départ survenu en septembre, des instants brusques ont suivi, l’ennui du non lendemain a claqué ses jours nouveaux mais non neufs, c’est tout. Le vivant, la survie se trouve dehors, franchir la porte de chez soi, dans tous les sens du terme, suffit. C’est là, notre minimum.
Je me censure à taille humaine mais dès que je fais l’expérience de la douleur des arbres, je ressens la brutalité de la main de celui qui le hache plus qu’il ne le taille, l’écho est brutal. Ces coups portés le sont autant contre moi.
La montée de mes eaux est en cours, je sais que je me suis tue, tapissant, ainsi, mes propres murs de mensonges, petit à petit, je distingue,avec davantage de netteté, le courant de mes aveux.
Je reçois les cris des oiseaux qui ne peuvent trouver refuge faute d’habitat préservé, de nourriture. Ils sont moi.
Je suis attristée par ces murs verts qui entourent les maisons, j’appréhende ces écharpes opaques et répétitives comme une quête sécuritaire, des dénis humains et me dit et redit voyez-vous ces carnages ?
Cette époque de gestes mal faits, d’attitude sacrificielle me donne la nausée, il me suffit de repenser à ces comportements de gaspilleurs, de capricieux, pour m’effondrer. A moins que.
Il y a peu, je les entendais tondre leur maigre pelouse en plein mois de décembre, aujourd’hui, je les vois, abîmer, saccager et empêcher toute forme de résilience. Garde ton calme aurait-été mes ordres, mais sortir de cette éducation silencieuse devient obligatoire. Je parle, en apparence, par le prisme d’images, de matières en souffrance, en difficulté, le miroir sera toujours là, depuis ce qui nous émeut, jusqu’à ce qui nous rend infirme.
C’est de cette impuissance dont il est encore question cependant il devient impossible de choisir ce camp et d’y moisir.

Nous aimerions de la douceur. Cette nourriture si chère. Quelle complicité espérions-nous avoir ? De cette année remplie de 2 que l’on me souhaite belle, joyeuse, enflée de réalisations, je ne sais, déjà, plus quoi penser.
Les projections ont vu leur poésie se durcir, leur programmation et amplitude ont garé leur langue. Silence. Reprendre son souffle pour rester à la surface, le gaz dessert tous les étages.
Les signes ont disparu, les promesses d’éveil n’ont fait que passer. Alors, je reprends acte, me concentre sur ce que je scrute. Me rapproche d’une énergie féconde et retire, lentement, mes vagues.
J’ai photographié, des points de lumière centraux à mon équilibre, ai dégagé les nœuds morts pour ne plus être déçue. J’ai donné plus que ce que j’ai reçu, d’humain à humain, offrir les derniers mots d’un monde commun en train de s’éteindre.
Je me suis demandée quel besoin, quelle nécessité de répondre à l’appel si sous cet espace je dois me courber ? Tel qu’il se présente, il est trop petit pour moi mais ne minorons pas les principes d’étages.
Le manque de générosité ankylose, le filet, la retenue m’ennuie. La sécurité me fait bâiller. Les quotidiens sans émotions vives ? Tout autant.

Les nuages ont mortellement endommagé mes demains m’étais-je dit voilà neuf ans. De ces contextes, il m’a fallut encore rester alors, dès que je ressens une oppression, une forme de négligence, je crie au scandale. Je ne supporte plus le sarcasme et ai longtemps œuvré pour les ruptures douces sur fond d’absentéisme.
J’ai, cette nécessité, d’être animée. La parole, les sons et images sont captés, attentive à ces expériences, j’en relate quelques brèves, chaque jour, pour me maintenir la tête hors de l’eau. Raconter pour éviter le trop plein et, ainsi, altérer les états de nos matières.
Depuis ces grands espaces que sont les réseaux sociaux, autrefois, eldorado, je pose des toutes petites pierres locales, pour que l’histoire des hommes à hauteur de châteaux ne soient pas dominantes… A l’instar de mon ancienne rive gauche rouennaise pour laquelle je n’avais cessé de citer le mot-dièse: rivegauche, merci sitespecific, aujourd’hui, c’est vayreslesroses.
En résonance avec ce que nous vivons, la préciosité n’a pas changé de camp, seule notre volonté d’ignorer commence à s’estomper. Excentrons nos attentions.
Isabelle Pompe L; trois font 2, 4 janvier 2022.
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