Guet-apens

Au mauvais moment, au mauvais endroit. C’est souvent comme cela que l’on résume une situation dramatique. Vulgariser par cette simple expression. Sans parvenir à expliquer, sans faire de lien apparent entre l’agresseur et la victime.

Indicible

Il s’agira d’un témoignage non fictif, relaté en images dans mes récents travaux photographiques, vous laissant deviner de quoi il retourne, sans apporter de menus détails aux évènements. Il s’agira d’agression sexuelle, de victime, de traumatisme corporel.

-Nettoyer mes yeux, avais-je dis, suite à ces scènes de mort. Les émotions lointaines avaient pour habitude de s’éclipser sous les couches asphaltées de mon masque.

Mon visage est une route, sous celle-ci des voies souterraines, des abris.

Les images nous permettent d’explorer notre inconscient.

Les cendres retrouvées de ces moi-témoins me sont parvenues, tel un lointain courrier, oublié, il y a peu.

Sans que je parvienne à faire le lien entre l’obligation de l’aveu et l’apparition de mes sanglots, cauchemars, flou, je ne pointais pas du doigt la responsabilité de mes silences.

Beaucoup de victimes se taisent. La honte, la peur que cela se voit, soit déceler par pire. La crainte redoutable de ne plus coller au miroir dit normal.

J’ai appris, très jeune, à cacher les traces, marques, a camouflé mes handicaps comme s’ils étaient clandestins.

Déni, déni, encore, encore, lui.

Aqua simplex, IPL, 2022

Grâce à lui, j’ai porté cette matière explosive en moi. Au moindre faux contact, au moindre faux pas, celle-ci pouvait me sauter à la figure, faire éclater le corps statuaire.

La société nous demande de penser à nous alors que nous traversons un deuil, on ne cesse de nous dire « la vie continue » mais il arrive que le deuil ne se fasse pas correctement, on ne fait, alors, qu’endormir, qu’anesthésier notre souffrance, même si chacune de nos nuits sont criblées de ces images horrifiques. Le deuil de quoi ? Le deuil de qui ?

Il est nécessaire de comprendre la logique systémique, il arrive une déflagration, la mort d’un proche, vis à vis de laquelle on nous demande de passer à autre chose, plutôt rapidement, elle prend appui sur des manques, ils deviennent béants, nous affaiblissent, nous devons redoubler d’efforts pour surmonter et pour que cela ne se « voit » pas car rares sont les guérisons, la perte d’un proche est une maladie dont on ne revient pas mais qui reste tabou.

Ce proche peut parfois être vous-même, une partie de vous, il s’agira de votre corps, une agression sur lui, un morceau de lui parti en lambeaux. Ramasser, sauver ce qui reste, Taire, procéder par évitement.

Visible

Choisissant des situations où à aucun moment je ne me retrouvais seule, loin de chez moi, trop loin pour pouvoir rentrer seule, avec toujours un bus, un train, une station de taxi…Une obsession de la sortie nocturne toujours administrée et contrôlée. Surveiller les gestes et regards, faire attention à ce qui se passe, derrière soi. Vous devez vous surpasser pour sortir le soir, faire preuve d’une confiance monstrueuse vis à vis des autres, ceux qui vous accompagnent sont triés sur le volet, ils ne seront pas dans la confidence. Au risque de vous blesser, vous vous montrez car sinon vous êtes d’emblée exclue, discriminée et jugée. La société a le regard dur sur les dé-normé.es.

Le déni pèse longtemps dans des relations d’emprise, nos failles, nos manques, pendant ce temps, ont été endormis, allégés par des temps très occupés, toutefois, il arrive qu’un accident surgisse et qu’il engendre une explosion de vos compteurs.

Vous êtes en grande difficulté.

Voilà, un état de détresse, alors que vous n’avez pas confiance en vous, la vie exige trop de votre peau, vous n’êtes pas habituée à ce contexte, à cet environnement, beaucoup de nouveautés viennent vous vulnérabiliser. Vous aviez, pourtant, perçu, un certain dédain social, un duo dominant vous faisait face et cela, a, sur l’instant, alerté vos process psychique mais pas le choix, vous avez pris ce job.

Vous êtes au mauvais endroit à un mauvais moment de votre vie.

Autoportrait au gel, IPL, 2022

Le temps s’est installé en prenant soin de vous montrer une vue d’ensemble, histoire que vous ne perdiez pas vos énergies. On sent, chez vous, que vous avez envie de bien faire, que vous vous donnez du mal, il n’empêche que l’insidieux se produit, celui qui va vous remarquer n’est pas le « bon » personnage.

Vous faites, proposez, pensez, vous possédez vos qualités humaines, mais celles -ci ne seront pas retenues, ou alors plutôt contre vous, l’autre, les deux autres, dans leur système en perte de vitesse, recherchent un point commun, ils vont concentrés leur folles énergies à vous jalouser, de manière alternative, vicieuse, en vous détruisant, morceau par morceau.

L’une vous leste, l’autre vous dépose des fruits sur un plateau, l’une vous évite, l’autre vous colle, vous observe, il prétend même lire en vous comme dans un livre ouvert. Cependant, il ne sait rien, rien de précis, rien de particulier, il va vous suivre, de près, pour mieux vous atteindre, il vous indique qu’il est dans votre tête et que vous ne pouvez plus rien lui cacher. Vous vous mettez à le redouter, vous optez alors pour la stratégie: il vaut mieux se rapprocher de son ennemi. Il va se montrer important, indissociable de votre carrière dans le but de vous dévisser.

Odorifère

Il vous a flairé, depuis ces grimaces, ces difficultés qui sont les vôtres à subir, à parvenir à vous extraire des jugements pour pouvoir, enfin, faire votre travail. Vous ne comprenez pas le chemin emprunté, vous ne vous reconnaissez pas mais l’autre qui vous a aidé, accueilli, va vous faire tomber. Il avait déjà pris cette route du dénigrement.

Souvenez-vous les remarques, plus ou moins lisibles sur votre place dans l’entreprise, vos origines sociales supposées, votre niveau d’étude, sanctionné, selon, par manque d’ambition ou par bêtise, vous n’avez pas le niveau. Il serait bon de vous le rappeler. Il convient de ne pas hésiter à vous souligner votre senteur. Vous portez sur votre peau le parfum du drame, avez le goût du caractère épuisé par des heures de route passées à vous contrôler.

D’un côté, il vous gâte, pour vous acheter, pensant qu’en termes de valeur marchande, vous n’êtes pas trop chère et de l’autre il gratte, appuie là où complexe il peut y avoir, il porte atteinte à votre vie, à votre intégrité personnelle. Le pire c’est que vous êtes une belle personne qui ne veut pas d’histoire, vous peinez à vous extraire de relation toxique mais vous attirez beaucoup les possessifs et jaloux de tout bord.

Il vous manque quelque chose, quelqu’un, vous êtes cette orpheline qui avance en boitant, qui souffre de ce handicap du manque, celui-là même qui est perceptible dès votre rencontre. Cela se voit, au lieu de déclencher un sentiment de protection, cela engendre, souvent, une enfermement, vous appartenez à l’autre. L’autre se veut replaçant, personnel parental de substitution, situation amicale et affective que vous rejetez, votre père est mort mais il continue d’exister. Pas de place libre.

Salves

Pour autant, on vous considère et on vous juge comme quelqu’un qui ne sait pas, qui a besoin de guide, de personnage autoritaire. Figure du patriarcat pénible et qui ne tiendra ni compte de vos envies, de vos émotions, de qui vous êtes, vous serez, une figure, une image sur laquelle on peut exercer son pouvoir, le tester, l’amplifier.

Vous êtes faible aux yeux de l’autre, les jugements vont plus loin, vous n’êtes pas capable, on projette sur vous de l’incompétence dans vos relations humaines, vous êtes l’enfant, vous ne savez pas ce que vous voulez. Vous poursuivez votre bonhomme de chemin, en vous éloignant, de ces attitudes, en ne rentrant pas dans ces jeux dangereux.

Paix à votre père et paix à votre vie, vous allez, néanmoins, devoir supporter, ces regards, ces emprisonnements successifs, être là devient irrespirable.

Vous êtes cette chose-enfant que l’on déchire.

Les situations bougent mais pas les lignes de conduite, malgré tous les affronts et tous les irrespects additionnés contre votre personne, les deux autres, bon an, mal an, vous rabaissent en exigeant de vous un comportement que vous n’aurez pas. On vous damne parce que vous n’avez pas fait entrer l’autre dans votre chambre à secret, on vous déstabilise en vous signifiant que vos gestes, actes et paroles, c’est-à-dire vos efforts vont se retourner contre vous. Vous voilà, piégée, sans allié, au milieu d’une cour de justice, humiliée d’un bord et déconsidérée de l’autre.

Victime, vous êtes récusée.

Intimidation

Non, vous ne voulez pas passer un coup d’éponge sur les agissements de quelqu’un qui vous a, sciemment, méprisé. Disproportion. Non, vous n’avez pas envie d’arrondir les angles vis à vis de ce qui ressemble à de la braderie. Votre vie a autant de valeur que la sienne. Et c’est bien de Votre vie dont il est question, vous en êtes la seule propriétaire, c’est alors que vous devenez déloyale, infidèle, impropre au salut, à la moindre politesse.

Vous avez manifesté votre refus de vous rabaisser, vos blessures sont réelles mais non reconnues, aucun des coupables ne semble se remettre en question, reconnaitre ses torts.

Cela ne sera pas à moi de vous subir.

Mais le ton change et l’étau se resserre, on se sert de vous, de votre isolement, de votre différence, on vous fait payer qui vous êtes. Vous allez être chargée, lestée, on va vous faire culpabiliser grâce à des silences, des manifestations de domination, du chantage, de la condescendance, de la colère, de la violence.

Vous êtes honnis parce que l’on vous refuse une liberté d’action et d’être. Voilà l’emprise. Vulnérabilisée par votre environnement, vous tombez dans le piège. Vous essayez de vous montrer plus douce, plus généreuse, afin de gagner la paix. Il possède du pouvoir, celui de vous faire perdre votre fonction professionnelle, de vous griller sur toute la ligne.

Malgré cela, vous n’allez pas faire le rapprochement entre la perte de votre emploi et la longue errance qui s’en suivra. Vous avez perdu votre travail à temps plein, êtes tombée de votre piédestal, ils sont parvenus à vous accuser du pire, de vol, chose que vous n’avez pas commis.

Avant cela, il s’était servi d’un évènement crée de toutes pièces pour vous démontrer que vous ne serez pas gagnante.

Le motif ? Même la marque pour laquelle vous travaillez est une marque de perdant. Petite, faible, elle sera écrasée par les mastodontes du secteur, humiliation vicieuse mais efficace, d’autant plus lorsque ceci a lieu en direct, sous vos yeux. Vous ne saisissez pas que les dés sont pipés, le principe, toujours le même duo, toujours la même tactique: vous êtes inférieure.

Vous êtes en état de choc alors même que vous videz votre vestiaire, rabaissée par cet autre, mais vous persistez dans le déni. Vous ne pensez pas que le règlement de compte personnel repose sur deux têtes et non une seule. Il est, fervent partisan du tandem, responsable, également, de cela.

Mais, rien ne vous apparaitra, vous aimez ce maudit personnage parce que vous avez cru en sa clairvoyance et en sa possibilité de tout voir donc de tout dévoiler. Vous aimez, par peur.

Alors, commence un transit, long et difficile, vous allez, cependant, avec courage, reprendre du poil de la bête, vous refaire cette santé professionnelle au sein du même milieu, vous pensant, seulement, frappée à l’endroit d’une bataille.

Erreur, l’autre ne cessera pas de vous ignorer, comme un signal de rappel très stressant, il fait pression. Il se vexera par un geste masculin ultime offert par un autre. C’est, précisément, à ce moment là que vos affaires tournent au vinaigre. Cette même période va durer jusqu’à, du moins en présentiel, ce que vous quittiez ces lieux, soit 3 ans plus tard.

Une lente agonie, une pression constante, un manque d’air, de jovialité, de compréhension et de générosité vont s’abattre sur vous. Vous allez payer, très chère, une dette, celle de votre refus de vous aliéner davantage et celle qui concerne votre remontée professionnelle. C’est au fond du trou que l’on souhaitait vous voir, ternie, affublée d’une cocarde voleuse, dans l’impossibilité de reprendre votre route, sans emploi, dénigrée en tant que salariée et en tant que jeune femme.

Ce témoignage va prendre des années avant d’être corrélé, trop d’évidences, cependant, difficiles à associer, sans recul. C’est par le prisme d’un retour, vingt an plus tard, que vous avez saisi tout cela.

L’autre est manipulateur voleur et menteur, en grande souffrance psychique, il n’interagit qu’en utilisant de mauvais comportement. Vous reconnaissez les traits d’un pervers narcissique.

Partie, par le passé, la tête haute, depuis votre poste et vos missions accomplies, mais tachée, à de multiples reprises, par cet homme mal intentionné.

Voilà 4 ans, alors que vous effectuez un grand virage et que vous souhaitiez remettre de l’ordre dans votre vie. Vous vouliez vous offrir la justice. C’est alors que la maudite période s’agita.

Circuit fermé

L’autre est un circuit fermé, un vortex, un aspirateur à particules élémentaires et vitales. Sans en avoir totalement conscience, vous tentez une approche, en pensant, qu’avec le temps, vous pourriez, peut-être, communiquer, avec lui, sereinement. Il s’est passé 13 ans, vous éprouvez le besoin réparateur de vous réconcilier avec vous-même.

Ce qui vous frappe d’emblée, c’est qu’il semble apprécier des choses proches des vôtres, voire même il arbore ce qui relève du panthéon familial. Vous ne pouvez que réagir.

Cela vous fait même plaisir de le savoir loin de là où vous étiez, dans ces endroits moches et discriminants, vous lui souhaitiez guérison, vous pensez qu’il a changé.

Erreur de votre système, il tend une perche que vous ne comprenez pas, vous le saluez comme vous le feriez dans la rue. Vous osez et tentez un échange, il joue avec son profil et vous renvoie, par ce même biais, une information déconcertante.

Il y a, visiblement, encore, un problème.

Vous le laissez, là, avez d’autres choses à faire. Il lance, alors, un jeu que l’on peut appeler aujourd’hui, un jeu de dupes. La musique va lui servir d’appât, de mode de langage. Il fera et vous fera faire des trajets émotionnels d’où personne ne sort victorieux. Pourquoi ? Parce qu’il ne peut s’empêcher de tout gâcher, de détruire, de laminer, de critiquer, de rabaisser, de vous renvoyer dans les cordes.

Vous vous dites qu’il doit beaucoup, beaucoup souffrir. Vous essayez d’être dans une communication plus généreuse, vous lui adressez un cadeau à l’endroit où il travaille. La musique, chez vous, est sacrée, vous ne tolérez guère que l’on s’en serve à mauvais escient et le panthéon, pas touche à condition d’en être digne.

Il ne cède pas de terrain, ne s’explique pas, reste dans un mutisme de celui qui préfère faire souffrir et pénaliser qu’assumer et faire du bien. Vous recevez ces coups comme des provocations, vous laissez tomber son univers lorsque vous comprenez qu’il cède le pas au révisionniste, période covid. Il évolue dans ce qui vous parait être une contradiction permanente. Confinement premier oblige, il semble entrer, dès lors, dans une colère, une tristesse.

Vous êtes, en parallèle, dans l’affirmation de votre histoire personnelle, de votre vraie nom de famille. Vous êtes d’origine immigrée et la seconde guerre mondiale a joué, chez vous, un grand rôle rôle dans la distribution des rôles familiaux et la culture du secret.

Il vous offusque, littéralement, avec des comparaisons douteuses et sa manière d’être dans le déni.

Cela tourne au règlement de compte par écran interposé. Vous voyez, dans ce manège, pièges sur pièges, provocations sur provocations, vous vous sentez abimée.

Vous quittez cette chose-relation et coupez cette maudite connexion. A votre surprise, il vient vous chercher, ailleurs. Il se sert, à ce moment là, d’éléments distinctifs et intimes et ira jusqu’à se piéger lui-même.

Vous ne répondez pas ou presque et puis, il vous arrive un évènement qui vient tout changer. Encore en état de choc, vous êtes seule et à la peine, victime d’un récent accident de la route. Il vous adresse un signe personnel, au départ, vous êtes perdue et touchée par cela, vous recevez cette attention comme un petit geste de réconfort.

Vous vous « parlez » presque, la communication, en ce dernier mois de l’année, pourrait, même, finir par être saine et normale.

Se passent les fêtes de fin d’année, lui, sans sourciller, fait son « Retour à la case départ » début janvier, reprend ses vieilles habitudes et se sert de son environnement premier, comme à chaque fois, aucune carte ne sera redistribuée.

Toutefois, les dégâts, avec le recul, sont là, vous faites le puzzle à l’envers.

Par envie d’être aimée, vous avez oublié que les matières dont vous disposiez, qu’il vous envoyait au visage, depuis tout ce temps, n’avaient pas de teneur en amour. Pas d’amour propre le concernant, pas de capacité à se remettre en question, ni à s’excuser, à assumer ces torts cumulés.

Il vous désole et vous lui souhaitez de quitter cet état, de se faire aider pour sortir de ses addictions et de sa culture du déni. Vous ne lui ferez pas porter le chapeau de ces agressions multiples survenues lors de cette mauvaise rencontre, consécutive à cette période de destruction entreprise, par lui, un peu plus tôt.

Même si l’amour nous fait oublier notre fierté, nous ne devrions plus confondre mépris, domination, calcul, stratégie, coup de sang et colère avec de l’amour. Celui qui nous crache au visage n’a rien à nous offrir, celui qui nous porte préjudice n’a rien à recevoir hormis la sanction de notre exigence. Nous ne devons pas accepter, une seconde, d’être vulnérabilisée, discréditée pour des raisons et motifs personnels. Nous n’avons pas de leçon de vie à recevoir d’êtres qui ne sont pas des exemples.

Faisons, très attention, à ces formes de malveillance, de destruction, qui, même si elles nous semblent impossibles, inenvisageables, existent pour des êtres, pour qui, tous les coups sont permis.

On pense aux états de sidération, aux mauvaises nuits, aux larmes, à la suffocation, aux nausées, à l’usage condamnable de la force mentale, à ce lent processus de destruction de nos barrières de protection, et, on se dit, quel travail de sape phénoménal!

Published by: Isabelle Pompe L

Isabelle Pompe L a.k.a IPL est une autrice et photographe française. Porteuse de projets "culture et écologie sociale". Militante et membre fondateur de l'association "Vayres à Soi" pour une écologie sociale en milieu rural!

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