Avant d’aborder la suite de la série « exploration des portraits/Autoportraits », j’aimerais vous présenter un projet qui m’occupe actuellement. Il s’agit d’une exploration sociologique à partir d’archives, de témoignages sur la notion de « territoire subi » au sens où un territoire social est, parfois, davantage un territoire « subi » que « vécu ». De surcroît, l’espace de référence en question est confronté à des risques notamment technologiques depuis plus de deux siècles.

Pour apporter un peu de précisions à celui-ci et comprendre sa place aujourd’hui dans mon travail, sachez que je réside, depuis 2014, en Seine maritime. Un territoire d’éxil, d’exode social vers lequel je me suis réfugiée après de nombreuses années passées à Paris et son Ile de France.
Paris & IDF
« Paris » est à appréhender comme une période phare pour créer, produire mais aussi très difficile au regard de mes choix, sans cesse, revus, ajustés, reconditionnés. Une époque plus qu’une ville, un temps plus qu’un territoire. Paris est une mise à l’épreuve des plus éprouvantes pour quiconque souhaite s’y installer sans réseau, sans appui et avec peu de ressources financières. Un test de résistance où j’ai vu tous mes seuils de tolérance se modifier au fil de ces quinze années. Les rêves de tranquillité se sont effacés au profit d’ objectifs à court terme tel qu’avoir un logement à soi, sans autre sous-location, colocation et hébergements. Occuper, travailler de manière quasi mécaniste, « sous urgence », enchaîner des missions plus que des métiers. Les fonctions et autres fiches de poste ne revêtaient aucun caractère fictionnel, du travail alimentaire jusqu’à l’épuisement de mon sol, c’est tout.

Après mon arrivée en 2014 à Rouen, j’ai rassemblé le reste d’énergie en ma possession pour reprendre un projet de « conversion« . La conversion de mes postes d’observation en ressources, la conversion de tous mes métiers, acquis, écrits, actions en expériences transversales. Donc, 2015, 16, 17, et 2018 m’ont été nécessaires pour parvenir à un « seuil d’achèvement »: Un Master 2 en sociologie obtenu en septembre 2018.
Depuis, je réfléchis, poursuis mes investigations en créations photographiques, en « phono/graphie », en photographie sociale, pourtant, je reste consciente que ma situation professionnelle, relativement précaire, serait davantage « aidée » dans son évolution si je déménageais et me tournais vers des métropoles plus « conséquentes » en matière d’opportunités d’emploi. Ici, le chômage persiste et signe ma vie comme un sigle.
Depuis février de cette année, je suis, sur le qui-vive et me demande si le sens de ma présence, ici, ne repose peut-être pas uniquement sur ce chômage subi ou ces études mais sur un territoire singulier sur lequel je porte des interrogations et qu’il m’est arrivé de défendre.

Le Petit-Quevilly m’a toujours semblé maltraité, peu considéré au sein de la métropole rouennaise, cela m’a, très tôt, sensibilisée. Un territoire, même d’adoption, comme l’extension de soi-même… Une commune dont le passé communiste semble embarrasser, dont l’histoire industrielle est peu connue… Un territoire, dont certaines zones, pourtant constitutives de son histoire, sont à l’abandon. Qu’en est-il de la perception de ces habitants?
De rencontres en entretiens, je réalise que ce territoire social a une histoire très marqué par la notion de risques. Les 1eres usines dangereuses s’y installent en 1808… Alors, je cherche, questionne et « construis » des pages et articles.
L’idée?
Pour l’instant, produire du contenu historique, de source sûre, à caractère informatif.
La suite?
Délimiter un périmètre de recherche pour constituer un corpus (données quantitatives, qualitatives// Enquête).
Le site enquêté?
Le quartier de la piscine (cité st Julien) du Petit-Quevilly, construit sur un site pollué d’environ 6 Ha. Ce site servait de décharge pour entreposer des résidus de fabrication. Elle fut comblée (carrière de l’usine Malétra) pour permettre la construction de la cité, nommée, à l’origine, « Cité Maurice Thorez« .
Le nom de cette recherche?
Site specific, territoire social et risques technologiques.
Un espace en ligne est à votre disposition pour suivre le fil de mes recherches : https://sitespecific.home.blog/
Et demain?
Explorer et voir si le projet pourrait faire l’objet d’une thèse de doctorat.
Bien à vous,
IPL aka Isabelle Pompe.
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