Avec l’été, vient l’heure soudaine des résolutions, des mises au point. Se promettre, à la découverte, de répondre à son tour, se tenir pour dit que nous ne cesserons pas ou qu’au contraire, nous poursuivrons sans. Les nuances, quoi que parfois, trop présentes, apportent leur étrange contribution aux paradoxes.
« You could be from Venus, I could be from Mars » // Venus- Air Talkie Walkie
Il y a quelques jours, à la réécoute soudaine d’un concerto, je me suis arrêtée. Les mouvements, la soliste, Brahms et son Concerto pour piano N° 1 avec Hélène Grimaud m’ont posée, pour interrogation majeure, la question de mon corps.
Avec cette œuvre, mes émotions, mes gestes, mes volontés prirent pour traduction une danse. Une succession, une vague, une écriture dansée vinrent se planter là dans ce décor de chez moi.
Et puis, plus tard, ou en même temps, tes mots, en guise de correspondance, s’ouvrirent à moi. En effet, ton vécu de ce jour mien, découvert sans trop savoir comment, mêla, à la scène, surprise et plaisir.
Je tombai, par ce hasard qui, peut-être, ne se cachait nullement. Ce 16 février, date anniversaire, avait engendré un réveil de certains de mes états. En écho, je saisissais une écoute plurielle mais univoque chez toi. Des disques, des chansons d’amour en nombre se suivirent afin de donner à ce jour de samedi une coloration autre. Qui sait ? Etions-nous en communication ?
Chez moi, la musique avait repris ses droits et couleurs, la littérature, avec Rilke, pouvait flamboyer sur mes bureaux car après la rudesse de l’été 2018, le difficile retour universitaire et l’entrée dans l’hiver de cette même année, je puis confirmer que 2019 et son mois de février, vint m’ouvrir son champ d’espérances. Depuis, les mois et jours me nourrissent d’heures bienfaitrices.
Avec cette évocation musicale magistrale, vint donc se dresser cette découverte codée. Qui vint irriguer chacun de mes antres ? Entre mille, je te reconnaitrai, toujours, j’imagine à la fois ta crainte du ridicule et la générosité de ton cœur. Comme j’ai redouté ces instants incalculables où ma vulnérabilité était sous le coup de notre domination. Rien de trop naïf ni d’inadmissible pourtant, j’ai éprouvé ta sensibilité toi qui voyais, si bien, s’effondrer mon calme. Entre ces lignes, je fis la lecture par ces paroles, de tes pensées:
« Une histoire d’amour sans paroles, n’a plus besoin du protocole, et tous les longs discours futiles terniraient quelque peu le style de nos retrouvailles » /// « Parfois j’ai envie de me fondre dans la nuit, au matin, je reprends confiance, je me dis, je me dis tout pourrait changer aujourd’hui ».
Je répondrai: « Mille fois il chercha ses yeux, et mille fois elle trouva les siens. C’était comme une danse triste, secrète et impuissante » – Alessandro Baricco // Soie
C’est ainsi que d’une matérialité qui ne me concernait, hypothétiquement, pas, je suis partie chercher ce moi ancien. De ces missives réellement produites mais qui ne m’étaient peut-être pas du tout destinées, je me suis rendue à moi. Avec ce souvenir ému de mon amour pour ce sol commun de marbre, j’ai dansé.
Dansez, sinon nous sommes perdus – Pina Bausch
Gagnée par ces soudaines phrases, je me suis tournée en moi-même, esquissant des phrases de mains, de pieds, enrôlant mes images, enroulant mes bras autour de ces éléments. Le sol de bois semblait me sourire. Les pas glissaient et l’emportaient. L’espace, amusé, s’ouvrait pour ne pas créer de gène à mes déplacements. Danser m’aida à descendre, à me placer à un niveau de conscience que peu d’instants convoquent.
« Danser
Est-ce combler un vide ?
Est-ce taire l’essence d’ un cri ?
C’est la vie de nos astres rapides prise au ralenti » – R. M. Rilke.

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