Ici, va tenter de se dérouler un fil interprétatif des notions suivantes:
◤ Subjectivité quand tu nous tiens, règlement et clôture de comptes, mise à l’arrêt des réjouissances, au ban des défauts de courage, à mal des éclairages publics, focus sur l’intime lucide, pas de trêve pour ces story telling convulsifs, bref, tout ce que vous pouvez y mettre dans votre envie furieuse de mettre à sac votre tendance au déni.
L’histoire telle que vous la racontez
Sortie de route en slow mouvement majeur, IPL, 2019
◕ Je vous entends et vous vois, vos espaces d’expression sont publics ou presque, vos voix portent, du moins, à ce que vous imaginez. Vous étiez pollueurs, partie prenante, avec responsabilité, un haut gradé d’un secteur pétro-chimique, vous vous arrogez le droit d’être vert désormais et vous vous imaginez que votre greenwashing passe comme une lettre à la poste ?
Je comprends. Vous vous montrez volontiers poète, presque esthète, les autres, en face, vous crois, subjugués par votre retour de veste insoupçonné.
◌ Je vois ce bio, cette appellation que vous souhaitez à la mode, qui vient verdir et servir votre cause qui n’est pas noble, comme si, pour vous également, l’environnement, était un sport de luxe. Raté, les questions environnementales vous dépassent, fort heureusement.
◑ Sauf que certains points se doivent d’être clarifiés; trêve de maquillage, nous savons, vous et moi, que ce ne sont pas de livres dont il est question, bien que la poésie soit cette couleur qui vient anoblir un peu le tableau, nous sommes au clair, désolée, sur votre propension naturelle voire instinctive à user et abuser du mensonge pour faire tenir les paravents de votre vie. Que vous ayez choisi, par dépit, que vous vous soyez assis sur vous-même afin de faire honneur à votre mauvaise foi, je ne peux que le constater, à nouveau. Je sais, être honnête, est un sport de combat.
◓ Donc, non, nous ne sommes pas dupes, il s’agit bien d’alcool et de déni de souffrance. Vous pouvez œuvrez, grâce à l’esthétique, à votre définition de la beauté, stop, nous vous arrêtons tout de suite, en quoi votre commerce est-il essentiel ?
- Pourquoi avez-vous eu le droit d’ouvrir, en cette période de folie sanitaire, plus qu’un cinéma, une salle de concert, un libraire, vous, vendeurs de vins, d’alcools ?
- Pourquoi cette culture française serait-elle plus essentielle à la vie que la culture dite sportive et artistique ?
- Votre patrimoine possède plus de richesses ?
- En quoi votre économie, votre marketing désobligeants sont-ils plus pertinents ?
- Sur quoi repose vos discours et la nécessité vitale d’y porter attention ?
◔ Savez-vous que sous ces airs de prêcheurs de bonnes paroles, de soutien moral aux troupes, vous êtes les responsables indirects de violences plurielles ? Vos produits créent les conditions de climats comme la peur et la mort.
◐ La situation sanitaire dramatique a fait de vous des « importants ». J’ai honte d’en voir certains pérorer avec suffisance, ignorance, de les entendre faire fi, dans leurs incapacités monstrueuses à être solidaires.
◔ J’ai peine à y croire, encore aujourd’hui, depuis le saint siège de votre arrogance, que vous soyez, sans que cela ne vienne déranger votre conscience, parvenus à vanter les mérites de tel ou tel alcool, à parler de fête, de barbecue… Vous m’avez, tout simplement, écœurée. Dans cette nausée, je me suis demandée, si la faillite d’un cinéma vous faisait quelque chose, si le sacrifice total de la culture depuis ses lieux, ses auteurs, ses artistes…Non, vous ne sortez pas, c’est vrai, cela ne vous concerne pas, chacun son business.
◒ L’envie de vomir a été telle que je me suis placée en retrait de tout ce que vous pouviez déposer comme abjection, comme affront à ces combats fratricides qui ont, en ce moment même, lieu dans des tribunaux de commerce. Je vous ai vu vous faire passer pour ce que vous ne serez jamais, des héros.
◓ Votre superficialité n’a d’égale que votre orgueil. L’alcool depuis sa vente, ses modes de distribution et ses promotions est un scandale. La culture a eu la tête coupée, les mains tranchées, les mots lui ont été arrachés, elle s’est tue, terrassée.
◖Dans ce pays, dans cette société lamentable et cruelle, c’est ainsi que s’effectue la maltraitance de ce qui vise à nous éclairer, élever, aider, soutenir, de ce dont nous avons besoin. Ici même, le sacrifice s’est fait et c’est ce qui rend esclaves, malades, ce qui nous asservis, avec ses tabous, ses ironies monstrueuses qui est anobli par le label « commerce essentiel », comprenez vital.
Nul et non avenu
▵ Les auteurs, les personnes qui créent, qui s’essaient, qui en ont envie, qui ont la foi dans cet acte de faire, sont, précarisés. Vous le savez. Ce n’est, d’ailleurs, pas la situation qui nous pend au nez pour cette 2021 qui va arranger nos cas.
▿Nous avons subi, sommes restés pour certains dans le silence, pour d’autres, ces périodes ont servi, permis, ce que vous souhaitez comme verbe, de traverser les douloureuses, mais pas toujours nécessaires, vagues angoissantes du néant. Produire, créer, pour quoi et pour qui, et quel sera, encore le prix à payer ?
▿Hors de portée était déjà la possibilité parfois de pouvoir exposer, faire des tirages, créer, éditer en micro-édition alors, la prise de risques est telle, aujourd’hui, qu’il nous reste, à nous les majoritaires précaires qu’à mourir.
Notre travail, notre plaisir a été bradé, comme on vend à perte un morceau, un bout de territoire sur un marché aux devises oublieuses. Nous n’étions que des objets vernaculaires bientôt des déchets. Nous serons, sous peu, nuls et non avenus.
▿Pendant ce temps sacrificiel et ascétique, nos espoirs se sont effondrés, nos jours et nuits, nos demains ont pris quelques rides au front, quelques grimaces supplémentaires se sont ajoutées, nous avons mauvaise mine. Durant cette même période noire de fin d’année, plus sombre que jamais, alors même que vous étiez en train de faire le deuil de telle source de vie, de sourire, de partage, nos « essentiels » désignés plus haut se prenaient pour tout et n’importe quoi.
▿Nos territoires d’expression, de vie sont en grand danger. Nous avons été sacrifiés, nous sommes, plus que jamais, menacés de disparaitre mais peut-être suis-je, déjà trop, rabat-joie.
Une histoire de balance ?
❐ Soyons cohérents, la France a un certain problème avec l’alcool, d’un côté cela rapporte, cela possède des « vertus », fait figure de patrimoine, c’est un symbole traditionnel, lié aux évènements de la vie sociale, proche parfois du monde du luxe…Nous sommes sur quelle échelle de valeur, quel ordre de grandeur ? Comparons, un peu. (chiffres Santé Publique France et Alcool info service
▾Consommation
▾Revers de la médaille
22 milliards d’euros en 2013 – un coût estimé, en 2010, à 118 milliards=
❑ Pouvez-vous nous expliquer le caractère « essentiel » ?
Et, en quoi, pour nous, cela nous est-il vital de constater que vous préférez laisser tranquille voire épargner un secteur largement déficitaire ?
Restons chiffres et tentons la comparaison
▷La culture, c’est estimé à quel poids ?
Et c’est déjà là que commence le comble.
▁ « En juillet dernier, ses pertes s’élevaient à 22,3 milliards, et le couvre-feu puis le reconfinement les ont considérablement augmentées », fait valoir France Créative.
Ce regroupement des acteurs de toutes les filières des secteurs culturels et créatifs, qui souligne que le poids de la culture est « comparable à celui de l’industrie agroalimentaire et 1,9 fois plus important que celui de l’industrie automobile », appelle l’État à organiser une « reprise progressive et responsable, mais complète, des activités culturelles avant l’été 2021 ».Source
▝ Sans parler de ce à quoi contribue ce secteur stratégique, difficilement chiffrable, estimable, en termes d’apports, de gains…Ce qui est certain c’est sa nécessité vitale en ces périodes sombres et obscurantistes où règnent les fake news, les appels à la haine, les amalgames et le rôle destructeur pour nos démocraties que sont les réseaux sociaux.
Alcool et violence
▤ De plus pour parachever le terrible récit, l’alcool et la violence en France est une grande histoire hypocrite. En effet, ce grand oublié des violences conjugales, est présent dans près des trois quarts des cas de violences conjugales hétérosexuelles. ( Chiffre 2018).
« Dans son article « L’alcool favorise-t-il les conduites d’agression physique et verbale entre partenaires intimes ? » paru en 2017 [1], le professeur de psychologie sociale Laurent Bègue va plus loin. « Deux tiers des victimes de violence perpétrée par un partenaire intime indiquent que ce dernier était sous l’influence de l’alcool lors de la commission des faits.
La fréquence des ébriétés est liée à une élévation des violences envers un partenaire intime« , indique-t-il.
▢ En outre, les chiffres sont minimisés pour ne pas porter atteinte au sacro saint secteur.
▵ N’étant pas nommé, ce fait peine à exister: » Pourquoi un tel silence au Grenelle ? « Notre société ne veut pas voir les dommages liés à l’alcool » estime le Pr Michel Reynaud. « Les autorités sont obligées de considérer les dommages sanitaires, car ils sont repérés dans les hôpitaux et par les statistiques.
En revanche, les violences sociales liées à l’alcool comme les violences conjugales ou sexuelles ne sont absolument pas prises en compte » abonde l’addictologue.
Les dommages collatéraux sont effarants au regard des traumatismes profonds chez l’ enfant qui vit dans des familles rongées par la violence, dans la peur de la mort. Source
☰ « L’alcool est un facteur déclenchant, on le voit aussi bien dans les études statistiques que dans les reprises d’analyses policières et judiciaires » précise l’addictologue.
Plusieurs méta-analyses ont en effet conclu « à un effet causal et linéaire de l’alcool sur les conduites agressives des hommes et des femmes » note Laurent Bègue.Source
NB/ Les violences conjugales en chiffre en 2020 pour les confinements:
Hausse de 40 % pour le 1er
Hausse de 60% pour le second.
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Alcool et confinements
▒ Toujours un peu clanique, les postures ont, parfois, été très tranchées, soit zéro consommation soit plus voire beaucoup plus d’alcool à l’instar d’une compensation sociale.
« Des personnes font l’expérience d’un confinement zéro alcool. « J’avais l’impression d’être la seule dans mon entourage à ne pas boire en cette période de confinement, là on se sent moins seuls, on se serre les coudes. »Source
▜ Les habitudes ont la vie dure: « avant le confinement, 40 % des Français prenaient l’apéro au moins une fois par semaine, pour une consommation moyenne de 2,7 verres par jour et par personne (source : Statista).
S’il n’existe pas encore de chiffres sur la consommation d’alcool en période de confinement, nul besoin d’être Einstein pour le remarquer : on boit, beaucoup.Source
….La hausse des violences conjugales a été redoutée, les confinements ont été d’une violence extrême pour certaines familles, vécus comme un « enfer », une « prison », les traumatismes s’annoncent alarmants.
▷ En ces périodes d’ennui, d’isolement, beaucoup de facteurs aggravants ont été sciemment omis, je ne pourrais pas faire semblant d’avoir souffert, j’ai souffert, je ne peux pas fermer mes yeux et oreilles, je sais, que beaucoup d’entre nous ont perdu, sans gueule de bois, beaucoup, beaucoup trop.
Je ne sais quelle année vous souhaiter.
Isabelle Pompe Lehrfeld, 3 janvier 2021
Terrible et réaliste constat. Pour l’instant encore un sentiment d’impuissance peut nous laisser dans le désarroi, mais le désir d’être et d’agir en soutien les uns des autres s’élabore en profondeur.
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