Anti-beauté

☠ Il serait bon de dire à voix haute, de hurler, qu’un être, n’a pas à être débouté en raison de son exigence, de son intégrité intellectuelle ni de son humanisme. Il arrive que s’associer puisse signifier « se brader ». Interner l’autre à jouer à celui/celle qui doit plaire ou séduire, par le jeu vicieux du sourire, est un moyen de corruption.

▢Il s’agit de savoir ce que l’on se souhaite et de s’y tenir: refuser l’accès à nos vies, leur opposer des murs de marbre.

▼——–Je me suis remise à réécouter Lila Downs (son style de base reste l’interprétation des rancheras, ces chansons paysannes nées de la révolution zapatiste de 1910, très critiques à l’égard des pouvoirs et des nantis, hantées aussi par les amours perdues et la souffrance.)

➳S’engager, avec intensité, vers la mélancolie ? Restons dansante.

❑ /// Accepter ces personnages soumis, à la muselière, revient à nier la résistance de notre humanité. Notre oubli de la dignité commence, dès lors, où nous plions; lorsque l’autre s’impose et que nous intégrons cette règle, nous cédons à la braderie.

•Qui sont ces médiocres qui réfutent les voies de l’émancipation ? Des laideurs, qui ne changent pas leurs lignes, pourtant, préjudiciables, pour l’ensemble d’un système.

☤La beauté, au même titre que la générosité, leur est parfaitement étrangère, il ne s’agit pas de sa définition racisée, occidentalisée, mais bien de sa complexité avec refus de toute binarité. La beauté c’est l’anti-paillettes, celle qui refuse la casse et le mépris de l’érudition.

∞L’abrutissement n’a d’égal que l’envie d’en mettre plein la face, briller, ensemble, unis par le toc. Nous, superficiels sourires, nous, donneurs de leçon, ajoutons à nos cordes, une vanité supplémentaire: un manque cruel de décence. Un pas plus loin, avec ces multiples process de cooptation, nous tombons dans la mafia de « toujours les mêmes, nous entendons toujours les mêmes voix, références, les mêmes noms sont, sans cesse, cités, pire qu’une propagande. »

¢Par exemple, qu’en est-il du don d’ubiquité de la comédienne Isabelle Huppert ?

  • Pourquoi Laure Adler se pense comme celle sans qui France Culture ne serait pas une exception culturelle ?

™Les porteurs de paroles répétées détiennent l’ultime fidélité éducative, celle de manquer d’humilité. Ils accèdent à des professions surtaillées où leur abyssal conformisme cause moult dégâts et fautes professionnelles. Ils se font prescripteurs bavards d’une culture précaire, gueularde et uniformisée où l’émergence est partie crever plus loin, sans ménagement, ni enterrement.

Les postulats supérieurs d’un point de vue financier, politique, genré et social incarnent le clap de fin.

▵Il m’a suffit de me replonger dans la lecture passionnante du livre militant de Patrick Broguière, France Culture, la destruction programmée d’une université populaire, pour reprendre en conviction. (2007, Editions Delga )

◖ »Inauguré sous le gouvernement Jospin, le management plutôt brutal de la chaîne publique entre 1999 et 2005 (époque personnelle misérable en termes de management par la frayeur, la culpabilité, l’air irrespirable de la déloyauté et de la délation…) a éclairé d’un jour particulier le fonctionnement des élites socialistes…

◗ Question recrutement, il est intéressant de constater qu’en pratique, le service public France Culture a renvoyé des producteurs de la classe moyenne pour embaucher prioritairement dans la haute bourgeoisie des « filles » ou « fils de ». Il serait certainement instructif de faire une étude sociologique du recrutement à Radio France. » Fin de citation- p; 86/87.

☏A cela s’ajoute un climat propice à l’inculture, pire un saccage: privilégier des ignorants pour bannir toute exigence intellectuelle.

•La réduction récurrente d’un sujet d’une histoire, d’une vie, possède des effets catastrophiques de manière directe, indirecte et collatérale en raison de notre interdépendance. Les qualités de jeu, ainsi absorbées, recèlent l’avant-goût d’une geôle collective. Sourire à l’autre revient à servir, à se faire esclave d’un modèle de domination.

♫Fin de la modernité ?

•De cet irrespect ancien, j’eus pour choses à recevoir de la part d’un être qui me fut cher: provocation, là où toute porte est permise, depuis les lieux de résidence de mon enfance, mes origines, mon niveau d’étude, mon statut social, le choix de mes entreprises, ma personne…. Tout est passé sous le rouleau compresseur du jugement, inepte, de valeur.

No mercy.

★Il est temps d’un peu de diversité culturelle, depuis mes frangines, grandes sœurs, prêtresses, modèles..Je ne peux que, en fonction de la traversée de vos états, vous conseiller l’écoute de Françoise Atlan, Beth Gibbons, Marianne Faithfull, Nico, Lhasa de Sella, Nathalie Merchant, la dernière Billy Nomates, un peu de Detroit Cobras, un peu plus de Lisa Gerrard, toujours Karen Dalton, Taron Benson, Les Barry Sisters, Björk und Nina, les oldies de Najwa Karam (album Ma Hada La Hada), de revoir les œuvres de Jane Campion…

Allez là les portes vous semblaient closes, là où vous n’imaginiez pas vous trouver, au coeur de ces endroits pensés sans vous, de ces lieux conçus contre l’accès et envers la démocratie culturelle.

✄Pour clore en beauté, si j’ose, pour ainsi dire, un concert généreux dans une salle magnifique AB (Ancienne Belgique) d’un duo: Kruder & Dorfmeister (2019, tournée 25 ème anniversaire). Qu’il vous accompagne dans vos trajets, qu’il couvre les murs de vos maisonnées psychiques, nourrissent vos oreilles attentives en quête de repère temporel, qu’il vous réveille ou vous endorme…Bon passage temporel !

Bien à vous,

Isabelle Pompe L, éditrice en été, 09 juillet 2021 (déjà).