Micro conservatoire pour Macro résistance

▲Depuis nos rapports aux vivants, à la Terre et aux cycles, nous nous devons de penser à partir de l’existant. La prise en compte de nos responsabilités individuelles et collectives influencent nos manières de voir, de percevoir, de concevoir, d’envisager, tout simplement, de penser.

╍Repenser notre rapport à la biodiversité est vital.

•Nos libertés nous responsabilisent dans ce qu’elles charrient comme possibles, à partir de nous, et de tout ce qui se trouve à portée de main.

•J’ai appris sur le terrain, ai mesuré, testé pour saisir l’impact de mes gestes, de mes actes en matière de plantation, de taille. Mon balcon, en Seine-Maritime, fut le premier « micro conservatoire », puis, un jardin, dans l’Eure, et encore d’autres espaces urbains, ruraux à venir…

░Infléchir des systèmes, reprendre en considération, avec le souci d’une vie sans production de matière supplémentaire, sans additif béton, sans ajout de pertes, arbitrer en faveur, proposer des alternances concrètes…Les leviers ne manquent pas pour parvenir au changement.

Il n’est ni hors de nous, ni hors d’atteinte.

Hiver en jardin, Eure, 2020.

▢Mes expériences professionnelles et personnelles m’ont fait saisir, sur le vif, la nécessité du sens pour toutes les actions. J’ai entrepris de tester des territoires hostiles, de frotter mes rapports à des espaces non inclusifs et bien peu soucieux du vivant, j’ai travaillé chez des pollueurs, des producteurs d’une matière non éthique.

▏Les observations et autres constats se sont traduits de plusieurs manières, en un, j’ai observé, annoté, enquêté, puis ai quitté, en deux, j’ai écrit, des mémoires universitaires, notamment, sur ces conditions malveillantes de produire, sur ces enclaves discriminantes qui ne favorisent pas la démocratie culturelle, puis, avec #sitespecific, j’ai abordé le péri-urbain. Ses ressemblances et différences voire contrastes avec d’autres types d’espaces de référence ont engendré des actions, des retours, sur l’importance non de la valeur mais bien du rôle de chacun.

▚Au sein de votre commune, au même titre que de votre vie, souhaitez-vous toujours être assistés ? Empêchés de créer ? Vos connaissances peuvent se densifier sur le terrain, vos erreurs se corriger mais qu’en est-il de celles commises par les politiques locales ? Je les vois encore tondre, sans respect des cycles, utiliser cette horreur de souffleur à feuilles, ils plantent et ont planté des espèces qui ne servent « à rien » du type Magnolia, des haies identiques, ils ne prennent pas soin des jeunes arbres, certaines communes s’obstinent avec leurs parterres gaspilleurs d’eau et sans durabilité…Ah, label ville fleurie quand tu nous tiens… Planter des vivaces semble, encore, exotique, c’est dire.

◐Il est facile, aujourd’hui, même sans formation, de trouver, de se renseigner sur ce qui permet de nourrir, d’accueillir, donc de participer à la préservation des espaces et des espèces…

I☶l Il me suffit de me rendre sur cette avenue (Jean Jaurès cf photo) dont les arbres ont été abattus pour installer une piste cyclable pour en être malade. L’écœurement est le même dès que je voyage en voiture et que je me trouve face à ces ronds points sans utilité ni sens!

// Péri-urbain, combien de temps encore vas-tu plier sous le poids du béton! Le scandale, ici, tient en cette vacance immobilière conséquente et cette artificialisation des sols qui ne s’arrête jamais!

◁[ Petit-Quevilly, Es-tu Sourd et Aveugle ? ]

Avenue Jean Jaurès (travaux d’aménagement lunaire et sans fin…) Petit-Quevilly (76), 2019.

▛Je travaille, depuis quelques temps, à ces mises en place, depuis la plus petite des échelles, mon balcon, des pots, un jardin familial, à la création de conditions favorables, pour participer, de plein droit, à la préservation et conservation de la faune et flore, dite biodiversité ordinaire, ce, de manière autonome et individuelle.

Enherber, fleurir, réinterroger sa conception de l’esthétique, les notions de valeurs et de bénéfices…

◖J’ai pris le temps pour observer, proposer des pistes, constater. La non prise en compte du vivant va de pair avec la non considération des habitants: quelle vue ? Quel confort nous est offert ?

▔Cette vie au rabais nous impose une vigilance plus féroce, ne pas avoir de voiture en banlieue, par exemple, est difficile tant l’offre se trouve éloignée. Le déplacement est soumis à des contraintes d’horaires irrespectueux des usagers. Refuser la facilité revient à se placer sous les aléas urbains, les conditions climatiques, les ICU et toutes les formes de pollution…Voilà ce qui nous est donné à vivre.

▵Après m’être investie, ici, j’ai poursuivi mon travail en le déplaçant dans l’Eure, dans une toute petite commune rattachée à une communauté où il y aurait tant à faire:

▗Combien d’espaces inutiles et tondus ?

▗Combien de conversion au bio ? Combien de salles inoccupées, de terrain vides ?

▗ Quel commun ?

▗ Combien de pollutions?

▗Combien d’images de désolation de cette campagne qui s’isole, recule et se perd ?

Eure, photo de train, 2020

Les OISEAUX

☉LE lierre/

/// Baptiste Morizot- Philosophie Magazine, juillet Aout 2021: « Le lierre est la corne d’abondance pour la faune et la flore en automne. Il fournit des nectars et pollens précieux, quand les autres fleurs sont épuisées. Lorsque la graine germe, le jeune lierre va chercher un arbre, et il est capable, pour cela, de s’orienter vers l’ombre, sans yeux ni cerveau. Il dispose de quelque chose comme une intelligence inconsciente et non intentionnelle, sélectionnée par l’évolution.  »

A lire et à écouter en podcast: Morizot Baptiste, reconnecter animalité biodiversité vivant

⌑En situation : J’ai pu constater, de manière objective: alors que le lierre, sur la maison, reprenait en vigueur sur cette façade, des nichées d’oiseaux, que je nomme, avec amusement, le HLM, se sont multipliées. Ils sont si nombreux à installer leurs nids, qu’il n’existe pas d’heures où je ne les entends pas. Toute l’année ils ont accès à des points d’eau propre, ils ont de quoi se restaurer. L’hiver, je veille à leur apporter nourriture et eau, le reste du temps, ils composent avec ce jardin et bénéficient des nombreux fruitiers, baies variées…

❏Un travail, en amont, qui préexistait et qu’il a fallut entretenir, tailler, ensuite, se sont ajoutées des plantations nombreuses et acharnées pour parfaire la trame. Depuis 15 ans, les oiseaux se multiplient, se diversifient, et dès l’instant, où le dernier chat a disparu, il y a trois ans, les choses de la vie se sont grandement accélérées…

▴Le poirier, cerisier, prunier, cognassier, tous au singulier annoncent les pluriels, pêchers, pommiers, cassissiers, groseilliers, framboisiers, fraisiers, viennent en nombre power, les rosiers, passion familiale, les splendeurs grimpantes (vigne vierge, jasmins, chèvrefeuilles…) et autres lianes…Les pieds de lavande, et tant d’autres, offrent ce qui est nécessaire aux espèces les plus diverses pour qu’elles puissent vivre et résister.

▷Un investissement affectif, il faut aimer pour prendre soin, mais quel spectacle et quel retour spectaculaire!

-Ici, pas de mauvais hôtes, mauvais élève ou mauvaise herbe, le bio est cette discipline porteuse d’incroyables ressources. Le réseau fonctionne à merveille, les mellifères se tutoient, les oiseaux se chambrent, la mare apporte sa rhétorique, soit 3000 m² au profit d’une vraie résistance, d’un combat qui a pour nom « sauvegarde et durabilité »: les espèces florales et arbustives y sont puissantes et généreuses, les arbres restent ces leçons de vie…

▢La sensation qui est la nôtre est celle d’être partie prenante. Adoptés, nous sommes intégrés dans ces vastes échanges, faisons en sorte que le réseau de communication soit le plus optimal possible, nous faisons confiance à ces pouvoirs autonomes qui, tous, nous survivront.

▥C’est cet écrin dont nous nous séparons, aujourd’hui. Ce bien a été vendu, avec la satisfaction d’un travail bien fait, nul regret, une autre bataille nous attend dans le département de la Haute-vienne, cette fois-ci. Seul espoir pour la Normandie, que les prochains propriétaires préservent ces conditions d’accueil pour parfaire les nidifications, les conditions de conservation avec respect et ténacité!

▀En septembre, prochain, c’est donc un tout autre jardin, plus petit (1100 m²) qui nous tend les bras, au sein duquel trônent quelques arbres dont un tilleul mais très peu de fleurs, pas de haie, bref, du boulot!

▼Viendra, ensuite le départ de Petit-Quevilly, pour Limoges, prévu pour début novembre de cette année, histoire de poursuivre et faire se reconnecter urbain et rural, tester d’autres échelles (étang).

⌑De beaux changements solidaires, inclusifs, en perceptive, sur fonds d’actions locales, d’activations de ressources, de résistances pour ne plus assister, impuissante, à l’érosion voulue, aux mauvais traitements effectués, au désamour choisit qui sévissent dans nos quartiers, rues et communes !

┐La mémoire du vivant n’est pas courte.

Petit-Quevilly, Parc, en solo, 2020.

■Plantons, partout où nous le pouvons, avec le souci, la considération du vivant et l’importance de notre rôle sans attendre qu’il nous soit confié voire, un jour, confisqué.

║Laissons aux plantes le soin de nous donner, vivons à leur côté, trouvons des astuces, soyons créatifs et solidaires!

Bien à vous,

Isabelle Pompe L, biodiversifiée et résistante, en ce 6 aout 2021.