Lorsque je reçois des listes à étudier, des profils à consulter, je n’ai, souvent, pas besoin de réaliser une veille afin de constater que le vocabulaire choisi est modulaire.
Ce sont des unités, des éléments combinables, une trame structurelle, un standard fonctionnel, en somme, j’ai sous les yeux le travail d’un imagier.
Le document présente un vocabulaire qui se décompose en mots images, souvent désignés par « mots clés », tels qu’attractivité, santé, transition énergétique… Aussi denses qu’un pays mais totalement évidés de ses habitants par le fait stricte de les assembler en virgule collier.
L’attractivité c’est qui ? La santé, la transition…Etc..
Dès que je lis ces énumérations, je vois des images minérales, des paysages de pierre, du patrimoine dans sa définition la plus élaguée. L’animal social essaie de me narrer une de ses fables dites modernes. Les orientations, attablées, portent leurs menus étiquettes en guise de frontispice architectural, devant elles. Attention yeux et oreilles.
L’heure ne semble pas être à l’échange mais davantage à l’écoute sage du grand déroulé.
C’est, d’ailleurs, souvent, ici, que le subjectif se travestit et tente de passer pour de l’intérêt commun.
Voici donc une liste de missions, des grandes lignes TGV avec plus ou moins de latitudes, des mots ordinaires ou presque parce que généralistes, des courants plutôt froids d’où peinent à émerger quelques franches tendances. Un vocabulaire tiède qui pourrait, même, mettre les timides d’accord. Un grand écart serait vite corrigé par le primat du groupe.
La subtilité tient dans l’ordre d’apparence, dans la manière de les amener sur le terrain des discussions. Et puis, d’autres diamètres forment le cercle. La sécurité prend deux lignes là où la question environnementale est en demi-teinte avec, seule, le sifflement de l’image pour faire propre.
—-Les images qui acclimatent mes réflexions du jour ont été prises à Vayres Les Roses, en Haute-Vienne, lieu de résidence de mon exode urbain.
D’où je me trouve, en rase campagne, à l’œuvre au niveau local, je ne compte pas mes heures biodiversifiées pour l’entretien du jardin, des rues de mon village, pour (re)créer les conditions optimales des faunes et flores indigènes, depuis leur accueil, leur nourriture, la considération de leur état de santé, le recensement de certaines espèces, la restauration (ou création) de lieux d’habitation adaptés- je construits des abris, des mini cabanes, des coins de repos, offre à boire et à manger y compris aux acteurs de l’histoire de la laideur animale.
Assistant depuis de très nombreuses années aux raréfactions des ressources, aux disparitions des espèces, à des évènements climatiques très intenses, ce, à compter de l’instant où j’ai eu conscience d’être accueillie dans des villages, des petites villes, de taille moyenne, des banlieue et deux capitales, soit depuis plus de quatre décennies, je ne saisis toujours pas que la Nature, où qu’elle se trouve, soit effacée, distancée voire méprisée pour des besoins économiques d’attractivité. Qu’elle puisse être reléguée, astreinte à un mot dièse, à l’instar d’une rivière, me fait sortir de mon lit.
Perçue comme une contrainte pour certains élus politiques, les questions environnementales sont, visiblement, embarrassantes et, parfois, très mal traitées.
L’ego, le rapport au pouvoir, à l’autorité empêche même un dialogue banal. D’emblée les jugements, la ligne droite, l’impossibilité du focus viennent salir cette affaire, pourtant, bien plus grande et noble que nous.
L’incommunicabilité, si chère au cinéaste italien Antonioni, s’abat sur n’importe quel pupitre, parler de gestion différenciée des espaces verts, oser demander la fin des tontes trop courtes et trop récurrentes, idem pour la taille des haies en période de nidification ou encore requérir le bon sens de son interlocuteur lorsqu’il s’agit d’aborder la question toute simple de la nécessité de stopper un fléau, le souffleur de feuilles!
- » Dès les années 1970, des villes de Californie avaient interdit l’utilisation des souffleurs à feuilles. Leur utilisation est généralement réglementée dans certaines villes, comme à Genève : elle est interdite entre février et octobre et à certains horaires, comme c’est le cas pour les tondeuses à gazon « Source
Etre draguée n’a pas de charme si en face je n’ai que du greenwashing, des désirs autocratiques qui ne se réinterrogeront pas au vu des soutiens apportés et répétés à d’impudiques amoureux des lobbys.
La tentation ne se montre pas furieuse, navrée.
Femme de paroles, je le suis autant que de gestes et de faits, l’éco féminisme n’est pas un militantisme sucré et ne se résume pas à concepts ou des visages bien connus ou mal identifiés.
Je ne me trahirai pas pour bonne conduite, sous entendu, pour vous plaire ni vous séduire. Je n’ai aucune envie de céder à vos offres ou chantages, la place des femmes me navre mais je n’envisage pas le féminisme sous l’angle du pouvoir puisque cela revient à niveler et exclure les femmes anonymes de la bataille.
Que les femmes soient moins nombreuses à accéder à des postes de dirigeants est un fait, mais ce n’est pas parce que les femmes y accèdent qu’elles ne reproduisent, ou n’ont reproduit, les schémas de la domination masculine: l’exacerbation de la compétition, l’individualisme, la hiérarchie verticale, la discrimination, le sexisme ordinaire voire la misogynie.
Le féminisme ne doit pas être constamment corrélé aux incarnations du commandement, il est quotidien, commun et, surtout, normal. C’est plutôt sain de refuser d’être assujettie, dépendante, et, du moins, équilibré de boycotter les êtres qui nous essentialisent par de charmants sourires…Réifier un être devrait, naturellement, nous révolter.
Je n’envie pas les femmes de pouvoir et ne les vois pas comme des exemples car cela participe à l’invisibilisation des inconnues et à la recréation d’une image atrophiée voire dysmorphique du corpus féminin.
La seule exemplarité, selon moi, tient en ce refus catégorique des jeux de la domination qu’elle soit sexuelle, sociale, familiale, explicitement, cela se traduit par la réinterrogation des normes et des rôles traditionnels.
Par le passé, j’avais déjà eu à observer les portraits des candidats aux élections Municipales à partir des mots choisis pour se présenter, notamment, leurs toutes premières phrases.
Sensées être les plus importantes, les plus parlantes, j’avais relevé l’importance, visiblement, majeure de se désigner, de se définir à l’aune de son statut matrimonial et du nombre de ses enfants.
Avaient-ils conscience du caractère fonctionnel de leurs discriminations ?
Enfin, la redite, ou le phénomène de la récurrence contre productive, finit d’embrasser l’arène. Lorsque le « Je » suivi d’un état émotionnel abonde, par exemple, ou que des mots plus grands que d’autres font leur entrée dans notre panthéon linguistique, il peut être utile de se rappeler que de répéter, reprendre et rabâcher revient à commettre de multiples erreurs, par chance, C.R.I.S.C.O et son DES fait figure de héros littéraire. CRISCO- Dictionnaire Electronique des Synonymes
Et oui, « je suis heureux » peut se traduire, par:
- je me réjouie
- fier de/enchanté par
- ravi
- comblé
- touché
- émue
- sensible
- enthousiaste à l’idée de…
- Et pourquoi pas: de bonne humeur, sereine, bienheureuse, épanouie, d’humeur jovial, enjouée, le coeur léger, éveillée et festive…
////A noter, « Bienveillance », mot politique modeux, doit se rapprocher de : Altruisme, empathie, humanité, tolérance, sympathie, ouverture d’esprit mais ne peut servir de déguisement à: démagogie, condescendance, pouvoir discrétionnaire.
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