Souviens-toi de Wormwood

◢Voici le dernier article consacré au film documentaire d’Errol Morris, Wormwood.

▻Wormwood, c’est un voyage temporel, très riche, qui couvre plus de 60 ans d’histoires familiales et politiques aux États-Unis. Il explore une disparition, dans de mystérieuses circonstances, celle de Frank Olson, agent de la CIA survenue à New-York, le 28 novembre 1953.

TITRES DES CHAPITRES

  1. Suicide élucidé
  2. Une terrible erreur
  3. Seuil critique
  4. L’ouverture du cercueil
  5. Des hommes honorables
  6. Souviens-toi de moi

▾Déjà deux articles donc afin de tenter d’analyser et d’apporter des clés de lecture à ce monstre narratif qu’est Wormwood.

  1. Wormwood, un documentaire du 21 ème siècle
  2. Wormwood, autopsies d’un meurtre

▵Je ne peux que, vivement, vous inviter à prendre connaissance des articles précédents, notamment, dans la tentative de cartographie que j’ai crée afin de vous situer dans la structure narrative elle-même qui comporte deux temps: un réel et un fictif pour faire simple.

▵Vous aurez une vue d’ensemble des indications de lieux, la liste des personnages et leurs rôles, les périodes concernées, les rapports et autres actions/Activités de la CIA sur la période.

  • Le 1er article concernait les périodes temporelles allant de 1953 à 1984
  • Le 2ème  – 1953 à 1997

▔Nous allons donc procéder à la suite de cette enquête exploratoire très détaillée avec l’approche des deux derniers chapitres.

Nouveaux personnages

  • John Mulholland – Magicien rencontré à N.Y en 1953 par Olson, Vin Ruwet et Lashbrook. Il a rédigé un manuel de 50 pages enseignant des tours d’adresse et l’art de la magie pour agir en toute discrétion pour la CIA.
  • Norman Kenoyer – Ami de longue date des Olson mais perdu de vue. Alors qu’il lit l’article du N.Y Times, il envoie une note à Eric Olson pour lui apporter des informations/Précisions notamment au regard de ce qui faisaient enrager son père F.Olson et sur le contexte de la guerre froide comme élément déterminant de cette sombre affaire.
  • Allen Dulles – Avocat, diplomate et personnalité du monde des renseignements américaine, premier directeur civil de la Central Intelligence Agency. En fonction du au  
  • Bella Abzug – Femme politique américaine.
  • Lawrence Houston – Avocat-conseil de la CIA à l’époque où décède Frank Olson (1953)

Nouvelles Informations

Vincent Ruwet devient de 1964 à 1966 gouverneur militaire de Detrick. Après avoir été interrogé par le procureur adjoint Saracco et avoir compris qu’on soupçonnait, dans l’affaire Olson, un meurtre, meurt d’une crise cardiaque dans une église.

Nouvelles dates

  • 2001 – Réapparition de Norman Kenoyer
  • 8 août 2002: Allocution presse d’Eric Olson. Ré-inhumation du corps de Frank Olson.
  • 27 septembre 2002: mort de Lashbrook a 84 ans.
  • 2014: Seymour Hersh (journaliste d’investigation) est contacté par Eric Olson. Ce dernier lui révèle la version qu’il pense réelle de la mort de son père. Hersh contacte une source très fiable en qui il a une totale confiance qui, elle, connait la « vérité ».
  • 2017 : aujourd’hui.

Nouvelles indications légales

Federal Tort Claims Act – Il régit les actions contre le gouvernement américain.

Nouvelles indications CIA

Projet Artichoke – Frank Olson y a participé. C’est un programme secret d’interrogatoires qui a commencé dès le début de la guerre froide. Méthodes pour obtenir des renseignements avec des personnes qui ne parlent pas, en utilisant des drogues et en les torturant physiquement ou mentalement. Des gens sont morts à la suite de ces interrogatoires.

Nouvelles références culturelles

  • Agatha Christie pour sa typologie d’écriture policière et la constitution d’un nombre très important de mobiles.
  • La griffe du passé (Film noir américain de Jacques Tourneur, 1947) avec Robert Mitchum.
  • Les Hommes du président (personnage de Gorge profonde/ source) – Alan J. Pakula, 1976.

 

-Chapitre V/ Des hommes honorables

⇀La scène s’ouvre dans la chambre 1018A en 1953, Olson se lève, s’approche du judas de la porte. Une voix off, la sienne récite un passage de la bible. Des images de guerre viennent créer la césure.

Beaucoup de gens meurent à cause des eaux amères

░ Retour annonciateur, avec l’eau, la porte, à Deep Creek Lake, le lieu où tout aurait commencé, avec cette expérience LSD dont aurait été victime Frank Olson.

▵Cette matière narrative sert de prologue, d’avant propos à ce chapitre. Il sera question de cette version des faits, de cette drogue comme vrai ou faux point de départ. S’ensuit le couloir et le flou du personnage qui, au loin, disparait.

▵Insertion du générique Vortex noir et blanc qui fait figure d’introduction au récit depuis le chapitre 2.

▵Nous sommes le 19 novembre 1953, une lumière comme un éclairage d’interrogatoire fait son entrée. C’est la même séquence que celle qui venait clôturer le chapitre 1.

ça fait partie de l’expérience

◌Des informations nous sont communiquées: Frank Olson est celui qui a lancé le laboratoire de Detrick. Il est en proie à une tentative de déstabilisation menée par Gottlieb.

▾Des méthodes violentes, pour le moins troublantes, transforment l’interrogatoire en accusation et en manipulation mentale.

▾De réelles archives viennent souligner la posture de la CIA à l’égard de l’utilisation des drogues. Richard Helms s’exprime sur le devoir, qui était le leur, d’approfondir les recherches.

▵Il ajoute, sur fond de faux témoignage des indications quant à Frank Olson et son accord pour la prise de LSD ainsi que sur les tendances suicidaires de ce dernier.

Aujourd’hui, Eric Olson s’exprime:

Imaginer un faux scénario n’était pas si facile

▾La clé du mode opératoire de la CIA tient en le fait de détourner l’attention. Le vrai sujet n’étant pas le LSD, qui s’avère être un leurre idéal mais sur la guerre bactériologique menée par les États-Unis, en Corée.

◁Stephen Sarraco (adjoint au procureur), pour la réouverture du dossier, avance trois hypothèses.

  1. La thèse du suicide
  2. Le Grand Jury
  3. La fait d’avoir manipuler mentalement Frank Olson

▵Il apporte une nouvelle information qui concerne N.Y et la 2ème visite à un personnage. En plus du Docteur Abramson (allergologue), ils sont allés voir le magicien John Mulholland, l’idée étant de distraire Frank Olson.

▵Nous apprenons que John Mulholland a rédigé un manuel de tours d’adresse et de diversion destiné à la CIA, par exemple, comment verser un liquide dans une boisson sans être vu.

Toute cette histoire est un tissu de mensonge

►Le LSD n’a joué aucun rôle, une manière, pour le gouvernement, de fuir ses responsabilités et d’en assurer une autre.

◔Nous sommes le 10 septembre 1975, avec le témoignage devant le Congrès d’Alice Olson, la femme de Frank. Le colonel Ruwet essaie de lui répondre en précisant qu’il regrette d’avoir omis des éléments.

▵Rien de probant, ni de sérieux à cela, une stratégie habile pour préciser que Ruwet est un homme d’honneur.

◓Une semaine après la mort de Frank Olson, Ruwet se comporte comme un « ami » avec Alice, ce qui lui donne à jouer un double jeu des plus complexes. Alice Oslon ne croit pas au suicide de son mari.

◕Ruwet évolue, dans les années suivantes, pour accéder en 1964, au poste de gouverneur militaire de Detrick.

  • Est-ce une récompense ?

⊿Nous découvrons que Ruwet, après avoir été interrogé par Sarraco et avoir compris que l’on soupçonnait un meurtre, a été victime d’une crise cardiaque, il est mort dans une église.

▻Un nouveau personnage apparait, il s’agit de Norman Kenoyer. Ami de longue date de la famille, perdu de vue depuis des années, qui, après avoir lu l’article du N.Y Times adresse une note à Eric Olson.

Eric, tu as tout compris, à l’exception d’une chose

Le contexte historique.

Il lui apprend que son père était convaincu de l’utilisation d’armes bactériologiques en Corée et ça le rendait furieux.

  • Pour quelle utilisation ? – Massive, à titre expérimental
  • Que veut dire « utiliser » – faire un test ? A quelle échelle ?

▵Comment discréditer Frank Olson ?

▾Les armes bactériologiques, en Corée, était un choix prudent. On avait lancé deux bombes atomiques au Japon.

  • Les armes bactériologique permettent d’agir incognito.
  • Les insectes sont des vecteurs qui transmettent les maladies.
  • On ne peut accuser personne et on peut nier les faits.
  • Ce qui correspond aux stratégies en termes d’opération secrète de la CIA.

▾La guerre froide nous conduit vers des méthodes d’interrogatoires de la CIA menées en Europe de l’Ouest (dès le début de la guerre froide) avec le projet Artichoke. L’ issue de celles-ci étaient souvent fatales.

Frank nous pose problème parce qu’il désapprouve nos méthodes

 

❏Le 8 aout 2002, Eric Olson s’exprime face à la presse et indique que le corps de son père va être ré-inhumer. Pour rappel ce dernier, en 1994 avait été exhumé pour réaliser une 2ème autopsie.

▵L’avocat, Harry Huge, vient préciser que dans cette affaire, il n’y avait aucun accusé. Vin Ruwet était mort, Gottlieb également, et Lashbrook décède, à son tour, en 2002. De plus, beaucoup de personnes refusent de parler. Il existe des tentatives d’intimidation.

▵La seule certitude que nous avons c’est qu’il a été assassiné, mais les questions demeurent:

  1. Par qui ?
  2. Qui a commandité le meurtre ?
  3. Sous quels auspices ?
  4. Pourquoi ?

◐Les enquêteurs ont arrêté l’affaire, après 4 années de travail, la cause de la mort n’est plus suicide mais CUPPI (investigation policière pour attester la mort avec précisions). Ceci engendre déception, frustration et colère chez Eric Olson.

⊙L’avocat David Rudovsky ajoute que la maison familiale est une métaphore pour illustrer la situation d’Eric Olson qui a tout sacrifié pour cette quête:

  • Eric Olson a été piégé par cet évènement
  • Par cette histoire
  • Et physiquement, il est incapable de quitter cette maison.

▚Un 2ème procès sera demandé, mais cette requête sera rejetée.

On ne peut attaquer la CIA et le gouvernement que pour négligence

Eric Olson exprime une succession de regrets:

  1. Il aurait fallu intenter un procès 40 ans plus tôt
  2. Sa famille n’aurait pas dû signer l’accord de 1975

Alice Olson reçoit chez elle, dans la maison de famille, Lashbrook et Gottlieb.

▁Elle semble dérangée par leur présence comme si elle présentait leur mensonge. Elle est froide et donne l’impression d’être suspicieuse.

▾Leur rôle à tous les deux les révèle, à ce moment, dans une grande complicité opaque et calculatrice.

▷Le personnage de Seymour Hersh, le journaliste d’investigation qui avait révélé, à la presse, cette affaire est réintroduit dans le récit.

⊙Eric Olson lui révèle la vérité comme « contraire » à la version officielle qui servait de leurre.A la grande surprise d’Hersh qui va de ce fait enquêter auprès, notamment, d’une de ses sources les plus fiables.

J’ai trouvé quelque chose mais je ne peux pas vous en parler

◢Retour narratif, grâce à un insert calendaire, vers 1953, le 27 novembre au soir.

▵Nous voyons Frank Olson au bar de l’hôtel, un verre et une cigarette à la main.Lashbrook est présent, il conduit Olson vers une cabine téléphonique, Vin Ruwet est en ligne.

◃Retour sur Lashbrook, à qui, on transmet, par un subterfuge, une information sur une serviette en papier:

2-30 AM

FIN

 

-Chapitre VI/Souviens-toi de moi

⊿Le dernier chapitre s’ouvre avec la scène du bar, identique à celle sur laquelle nous sommes restés. L’agent de sécurité, apparu lors du chapitre 4, est présent, fait nouveau et troublant d’autant que ce dernier avait été évoqué après la mort de Frank Olson.

▾Nous comprenons qu’il est mêlé à cette serviette en papier comportant les indications d’horaires : 2-30 AM.

▾La séquence de la chute d’Olson vient apporter sa rupture temporelle et narrative. Sa durée préfigure la clôture à venir de Wormwood.

▾Le générique, quasiment identique à l’entrée en la matière du 1er chapitre vient pénétrer l’image de son nom. Quelques modifications sont apportées aux lettrines M et W, la typo de l’ensemble n’est pas la même.

▻La scène suivante a lieu en 1953, la nuit, trottoir devant l’hôtel, nous voyons des pieds, nous sommes les yeux de Frank Olson, comme une invitation à voir ses dernières images de vivant.

▴L’agent est présent sur les lieux. Pion ou homme de main ?

Aujourd’hui

Eric Olson, s’exprime sur les 4 dates:

  • 1953: thèse de l’accident
  • 1975: Suicide après ingestion de drogue
  • 1994: exhumation du corps de Frank Olson
  • 2014: l’homicide se transforme en exécution.

▴Nous pouvons découvrir des archives audiovisuelles de 1975 faisant apparaitre Allen Dulls (directeur de la CIA) et de Seymour Hersh.

▻Un focus sera fait sur le rôle et la place de Seymour Hersh

◐Le journaliste d’investigation pose problème. D’une part toute sa carrière journalistique est liée à cette histoire, de plus son 1er livre parlait de guerre biologique et chimique. Étonnement, il aurait toujours cru la version officielle de la CIA quant à la mort de Frank Olson.

⊿Comme nous l’avons compris à la fin du chapitre précédent, Hersh a pu obtenir des informations clés sur les conditions de la disparition d’Olson mais ne peut les communiquer. Il protège sa source.

Eric Olson s’insurge du fait qu’ Hersh ne publie rien à ce propos, et qu’il doive attendre « une autre confirmation ».

▁Le journaliste raconte son parcours, sa grande naïveté:

Je faisais du journalisme depuis 15 ans, ce pourquoi j’ai cru à la thèse du suicide à cause du LSD

▵Le fait qu’il ne publie rien malgré les dernières confirmations dont il dispose s’explique:

  • Ma source deviendrait un Snowden (référence au lanceur d’alerte Edouard Snowden)
  • J’ai besoin d’une seconde source

▵Pour donner du relief aux derniers propos, des archives sur la propagande américaine durant leur guerre contre les russes sont présentées. L’idée étant de faire peur le plus possible, les russes serait le mal incarné qui souhaiterait « établir le communisme comme la seule forme de société sur Terre ».

Eric Olson réagit à cette idée selon laquelle la source d’Hersh a trouvé un document relatant des faits. Où se trouve cette preuve ? L’accès à cette information lui fait penser à la métaphore d’une chambre forte, comme un abîme dont l’accès est très restreint.

Seymour Hersh vient préciser que le cas d’Olson n’est pas un cas isolé mais relève d’un mécanisme.

  • Beaucoup de chutes mortelles, de suicides en série…

▷Il y avait une procédure pour faire disparaitre les dissidents.

Eric Olson s’interroge sur les 10 jours précédents la mort de son père, est-ce un récit fictif ? Il subsiste un réel problème de confiance au regard des témoins et les documents sont incohérents et disparates. Ce qui nous permet de saisir pourquoi le recours à la fiction narrative s’est imposé et pourquoi ce ne sont que des reconstitutions aux allures de pistes.

On ne sait rien

  • C’est quoi cette histoire ?
  • Qu’est-ce qu’elle raconte ?
  • Quelle démocratie ?

◒En 1975, le lendemain de la visite de la famille Olson à la Maison Blanche, une commission s’est réunie sous la direction de Bella Abzug. Elle interroge un témoin, Lawrence Houston (avocat conseil de la CIA).

Le but de cette commission:

  • Ne pas enquêter sur l’accord entre la CIA et le Ministère de la Justice.
  • La CIA ne serait pas poursuivie pour des crimes exécutés pour des raisons de sécurité nationale.

Aujourd’hui – Seymour Hersh

Le journaliste semble sur la défensive, son ton est légèrement agressif, sa situation est inconfortable.

Frank était vu comme un dissident

Dans la chambre, le soir du 27 novembre 1953, Olson dort, Lashbrook déverrouille la porte (nous connaissons cette scène). Puis, dans le hall de l’hôtel, nous identifions l’agent de la sécurité (celui du début de ce chapitre et déjà présenté lors du chapitre 4), il communique le n° de la chambre à deux hommes.

Ils prennent l’ascenseur. Lashbrook est enfermé dans la salle de bains. Vu sur le couloir avec les deux hommes, ils ouvrent la porte de la chambre.

Eric Olson, en colère, « je m’attendais à ce qu’ Hersh publie ça.

Il ne publiera rien, ne fera rien

Il sait que tout ce qu’il a entendu est vrai, mon père a été exécuté par la CIA, la seule façon de rendre ça supportable c’est de le dévoiler. C’est une histoire publique depuis 40 ans, il faut rétablir la vérité.

Comme lors d’un face à face interposé, Seymour Hersh lui répond:

La source c’est toujours plus important que l’info

Eric Olson reconnait que quelque chose est gâché, qua sa vie a été gâchée car il aurait fallut la vérité il y a très longtemps.

La CIA est douée pour inventer des histoires. Leurs méthodes ont fonctionné si on ne parvient pas à résoudre cette affaire.Hersh précise qu’Eric Olson connait l’histoire et qu’il n’a pas de doutes sur sa conclusion.

Eric Olson nous souligne que ce n’est pas Lashbrook qui a fait le sale boulot. Ce job c’était celui du bureau de la sécurité. Il a été fait ensuite par des malfrats.

Les types comme Lashbrook ne voulait pas connaitre les détails, savoir ce qui avait été fait. Il a confié le problème parce qu’il était au pied du mur.

Deep Creek Lake a cristallisé la fait que Frank Olson était un problème. Cette réunion avait pour objet: Est-ce qu’Olson pose problème ?

Frank Olson a fait des déclarations sur les activités de son groupe, il aurait refusé de se rétracter. Puis il a commencé à comprendre qu’il était en danger. Il a voulu démissionner, leur responsabilité s’arrête là. D’autres types sont intervenus.

Nous sommes de retour dans la chambre 1018A, le soir du meurtre de Frank Olson.

Robert, tu es là ?

Attendez, il faut que je m’assoie dit Olson, (nous sommes là où nous étions lors de la scène finale du chapitre 4). Il allume la lumière, se sert du lampadaire comme d’une arme pour tenir les deux hommes à distance. Il brise la vitre de la fenêtre de la chambre avec le pied de la lampe. Se place de manière à se jeter seul en se laissant tomber, après avoir basculé.

? !Nous restons dubitatifs quant à ce scénario proposé surtout après avoir eu connaissance des derniers éléments citant : une exécution.

Les deux hommes ramassent la lampe, toquent à la porte de la salle de bain comme un signal puis quittent la chambre.

2-35/2-34/2-33/2-32/2-31/2-30

Petit flash back de 5 minutes. Frank Olson est assis, il allume la lumière, se saisit de la lampe mais reçoit un coup de matraque sur la nuque par l’un des deux hommes.

Avec la même matraque, la même main, la vitre est brisée afin de libérer le passage. Les deux hommes portent le corps de Frank Olson, ils le balancent par la fenêtre, ramassent la lampe, toquent à la porte.

Flou

NOIR

Hamlet- Souviens-toi de moi

Terrible erreur de se souvenir de l’autre et de s’oublier soi

Eric Olson souligne la valeur de l’être perdu, elle est infinie, le sacrifice doit l’être tout autant.

Cette quête de vérité, de rétablir la vérité comme le cours de votre existence qui devient impossible si vous vous êtes perdu.

  • Payer pour tout ça ?
  • Trouver la paix?

Vous avez compris que votre père a été assassiné par la CIA, vous vous sentez mieux ?

C’est mieux que le doute ?

Amère absinthe, ça laisse un gout amer.


ÉPILOGUE

Wormwood est bien plus qu’un exercice de style, le découpage de sa narration nous a laissé entrapercevoir une très grande quantité d’archives, de pistes qu’a très certainement dû explorer Eric Olson. L’ampleur des désillusions est perceptible, ce documentaire vient, en quelques sortes, panser les frustrations d’Eric Olson suite au silence du journaliste Hersh. Il nous inspire une profonde empathie et nous convie à écouter notre prochain avec la même compréhension voire persévérance.

◌Ce film est un enseignement narratif qui a pour sujet une leçon existentielle, une vision d’un possible sacrifié, comme une erreur à ne pas commettre, c’est, en ce sens, le terrible portrait d’un homme perdu. Son dévouement absolu invite à réfléchir sur des notions telles que la détermination, la propension à l’oubli et le respect. La maturité nécessaire pour saisir la complexité des niveaux de lecture produit une parole du sage, celle du documentariste. De surcroît, il faut avoir une certaine expérience en tant que réalisateur pour s’attaquer à un sujet aussi fastidieux en le faisant aussi bien.

▀La mise en accès à des connaissances complexes, la pédagogie du récit pour que nous puissions prendre la juste mesure, la façon de nous présenter les éléments psychanalytiques, offrent à ce film, un rôle majeur dans la carrière d’Errol Morris. Une œuvre charnière qui engendrera un avant et un après. Un film mature qui nous permet de faire la lumière sur l’importance capitale de la décision. Le temps qui passe, depuis le défaut de saisissement sans recul jusqu’à notre naïveté de citoyen, nous responsabilise comme spectateur, acteur de nos vies. A nous d’être vigilant.

⊙La découverte de ces éléments d’enquête traduit une crise américaine profonde et plurielle, une faillite démocratique, un malaise, que nous, contemporains du même monde, nous pouvons parfaitement ressentir.

Isabelle Pompe L, pour mémoire, 6 mars 2021.