Wild Lady Survivor

Tina Turner, la magnifique ! Face au public, la reine du rock est impressionnante de démesure, les spectateurs, en chair de poule, la gorge serrée, littéralement cloués par la puissance de la dame, embarquent, billets gravés dans les doigts, aveuglés de confiance, vers un style unique, une voix inimitable…

Tina Tuner c’est donc d’abord une expérience sensorielle, physique de sueur et de larme, de muscle et de mouvement, que l’on ne vit, qu’une fois, en concert!

« C’est avec une infinie tristesse que j’ai appris la disparition de celle qui m’avait si souvent accompagnée », combien sommes-nous à prononcer cette exacte même phrase, ouvrière, employée, diplômée, sans emploi…

Pas de fracture sociale pour les publics de Tina Turner!

Tina Turner, Jack Robinson Hulton, archive, Getty Images, 1969

Figure intense du combat à l’énergie communicative, une générosité à vous extraire du bourdon, sans chiqué, une exception qui transcende les genres, les styles, à l’allure dingue qui séduit le novice, irradie, surprend et rassure les plus chiants…

Ses tubes font partie intégrante de la culture populaire, ont traversé des générations, ouvert la voie, avec une exigence et une force exemplaire.

Remballez le match haute culture Versus culture populaire, ça serait plus distingué, ça ne marche pas ici. C’est bien là qu’elle est un cas d’étude d’exception.

—–La culture en pratiques

Petit détour;

« Lire un livre ou passer la porte d’un musée reste très largement une question de classe, montre le dernier rapport de l’Observatoire des inégalités.

Voici ce que nous pouvions lire ici, le titre de l’article- « Musées, théâtre, lecture… : “En matière de pratiques culturelles aussi, la fracture sociale reste béante”.

Vous l’aurez saisi c’est la sortie, très attendue, (le 8 juin) du Rapport sur les inégalités en France, publié par l’Observatoire des inégalités (organisme indépendant fondé en 2003)!

//// Mise en évidence des disparités très marquées dans les pratiques culturelles des Français. L’opéra, le théâtre, le cinéma et le musée restent des lieux réservés aux classes « supérieures » 

Chiffre du Ministère de la culture (2018)

71 % des cadres supérieurs vont au théâtre ou à un concert au moins une fois dans l’année, De même, 85 % des mêmes ont lu au moins un livre (hors bande dessinée), 

Ah, le livre et la lecture publique: Plus significatif encore : 38 % de la population âgée de 15 ans ou plus n’a lu aucun livre au cours de l’année, mais cette moyenne présente des disparités. Ce chiffre s’élève à 47 % chez les ouvriers et employés.

L’une des causes: les revenus, les budgets contraints mais surtout la transmission!

Le rapport montre :  » si le niveau d’éducation s’est élevé en France au fil des décennies, l’ensemble du système éducatif n’a rien cédé de son élitisme social. Les inégalités d’accès aux études supérieures ont même augmenté. Passé la licence, les universités sont en réalité aussi sélectives socialement que les grandes écoles. Et le montant des bourses allouées aux enfants des classes populaires s’avère par ailleurs insuffisant pour leur permettre de poursuivre leurs études dans les métropoles.

La typologie de publics qui viennent en nombre sont: Les touristes! puis des enfants de cadres ou de professions intermédiaires…

Pour finir avec ce rapport essentiel:  La fracture sociale se maintient donc, et pourrait presque passer inaperçue, si les inégalités n’étaient à la mode – non sans hypocrisie – dans les médias, remplis de ces diplômés issus des classes privilégiées.

Il serait bon que, de même qu’ils s’efforcent d’observer une parité hommes-femmes parmi leurs interlocuteurs, presse et télés donnent davantage la parole aux ouvriers et employés. Car à force de les ignorer, les médias finissent par donner une image déformée des réalités sociales. Une invisibilisation teintée de mépris que ressentent les concernés, qui représentent pourtant près de la moitié de notre société.Source

——Tous les deux ans, ce document a vocation à mettre sur la table du débat les données les plus récentes sur les inégalités, des revenus à l’école, en passant par le travail ou encore les modes de vie.

Un lien doit être fait avec les fortes inégalités éducatives qui perdurent en France 

Quand Anna devient Tina

Cette leçon de combat vivante sidère, embarque, embrasse et met le feu.

La preuve par l’exemple, alors que le disco est roi, 1976, il faut repartir de zéro, il faut tout recommencer, Tina Turner pour nom d’artiste et c’est le début de son intense carrière solo…

La césure, si j’ose dire entre les deux titres, invite à un des voyages musicales en live des plus délirants. Il faut voir pour comprendre la revanche folle que prend cette femme en body dentelle noir, à la classe démente, plus vraie que nature!

-Je pense que lors de toutes mes prochaines rencontres culturelles, je vais souligner l’importance majeure de ce fondu enchainé dans l’histoire de la musique.

Tina Turner est née en 1938 dans une famille de petits fermiers. Son vrai nom est Annie-Mae Bullock quitte Nutbush (Tennessee), le fameux, avec sa mère pour s’installer à Saint-Louis (Missouri) à l’âge de neuf ans.

Huit ans plus tard, à la faveur d’une répétition, tandis que les musiciens de The Kings of Rhyth, groupe local, font une pause, elle prend le micro et entreprend un blues de B. B. King. Engagée, la petite provinciale épousera l’homme qui lui a donné sa chance, et, en 1960, A Fool in Love sera le premier tube de Ike et Tina Turner. D’autres suivront.

Nous sommes en 1985- Les gens me demandent souvent si je compte bientôt me calmer « , dit Tina Turner sur scène. Un temps d’arrêt, puis :  » La seule réponse que j’aie à leur donner c’est que je viens à peine de commencer.  » Source, archives Le Monde, 10 mai 1985

Rio is Hot

-La typologie de concert va de la « petite salle » au délire total de Rio en 1988 où devant (stade Maracana de Rio de Janeiro) 180 000 spectateurs, Tina Turner exulte et prend les rênes de l’histoire de la musique! 

Les concerts les plus fous de sa carrière solo sans duo masculin, on pense à Amsterdam en 1996 et son Goldeneye majestueux, 1979 avec le déjà cité Wil Lady Of Rock, Wembley, sublime en 2000, sa tournée Private dancer en 85, (j’étais trop jeune pour m’y rendre), Rio, de la folie pure!

On pourrait quitter le sol avec Nutbush City Limits, Proud Mary (le live de 82) pourquoi pas We don’t Need another Hero même si ce Mad Max 3 on aimerait le ranger au placard, The Best, peut-être trop facile, passionnée, je dirai Addicted to Love serait parfait, Rock Me Baby, A Fool in Love, River Deep/Mountain High, Private Dancer, mais ça sera encore I Can’t Stand The Rain, version 85. ..

Vous pouvez lire le portrait de RFI: Disparition, Tina Turner, la combattante, du bruit pour les héroïnes du Rock, avec le podcast vla-les-filles-tina-turner